Histoire

[CEH] XVIIIe session : 1661, la prise de pouvoir par Louis XIV- Avant-Propos

Avant-Propos

Par Jean-Christian Pinot, président du CEH,
et Daniel de Montplaisir

Il n’est pas d’un usage courant, dans les commémorations historiques, de célébrer les cinquantenaires entre deux siècles. Le Centre d’Études Historiques a cependant voulu faire une exception en 2011 pour un anniversaire particulièrement important, celui de la prise personnelle du pouvoir par Louis XIV en 1661, il y a trois cent cinquante ans.

Le règne du Roi Soleil avait certes déjà fait l’objet de la session de 2005, Louis XIV et le grand siècle : une autre idée de l’Europe, mais sans aborder, en tant que tel, cet épisode fondamental de notre histoire par lequel le monarque a libéré la France des ultimes relents de féodalité après que la Fronde en avait exhalé les derniers barouds d’honneur.

Ce fut un moment si marquant qu’il inspira abondamment romanciers et cinéastes et que nos manuels, scolaires et universitaires, le présentèrent toujours comme déterminant et assurant l’avènement de l’absolutisme.

En réalité, le principal apport du changement voulu par Louis XIV dans l’organisation du pouvoir consista à rendre celui-ci plus clair et plus objectif, plus transparent dirait-on de nos jours. Désormais, le monarque assume la pleine responsabilité de sa fonction, assigne à ses Conseils un rôle précis et offre ainsi à ses peuples une vision de la couronne conciliant autorité, unité et adhésion. Un dialogue direct s’instaure entre le Roi et le pays, sans ingérence excessive et, surtout, opaque, des corps intermédiaires.

Bien sûr, l’acte fondateur de Louis XIV nécessita encore bien des perfectionnements, sous son règne comme sous le suivant, avec notamment, 1771, la réforme des parlements, voulue par Louis XV et mise en œuvre par le chancelier Maupeou, sujet capital qui pourrait faire l’objet d’une prochaine session. Mais, dès 1661, la direction avait été donnée.

Tout au long de notre histoire la question du lien direct entre le chef de l’État et les citoyens ferait l’objet d’inépuisable débats. Elle demeure encore vivace après les bouleversements institutionnels survenus au cours des siècles suivants. Si plus personne aujourd’hui ne peut raisonnablement plaider en faveur d’une monarchie d’ancien régime, il n’en demeure pas moins que les tendances, toujours renouvelées, à la dispersion et à la dilution des pouvoirs selon des mécanismes obscurs, montrent la nécessité de procéder régulièrement à une clarification. En ce sens, Louis XIV avait ouvert la voie à l’avenir.

Les différentes conférences prononcées au Mans du 7 au 10 juillet 2011 ont prouvé, si besoin était, la richesse du sujet et le dynamisme de notre recherche historique. Retenons tout particulièrement les propos centrés sur la notion de prise de pouvoir, qu’il faut distinguer de celle de prise du pouvoir, et qui rendent un écho très actuel.

La synthèse de leurs réflexions montre, une fois encore, que le pouvoir est une chose fragile, son exercice périlleux, sa détention aléatoire. Mais que, associés l’un à l’autre, le cœur et la fidélité aux principes forment un couple invincible.

Une session qui fut donc pleinement réussie et nous fait attendre avec impatience la suivante.

Jean-Christian Pinot
et Daniel de Montplaisir


Publication originale : Jean-Christian Pinot et Daniel de Montplaisir, « Avant-Propos », dans Collectif, Actes de la XVIIIe session du Centre d’Études Historiques (7 au 10 juillet 2011) : 1661, la prise de pouvoir par Louis XIV, CEH, Neuves-Maisons, 2012.

Consulter les autres articles de l’ouvrage :

Préface, par Monseigneur le Duc d’Anjou (p. 5-6).

Avant-Propos, par Daniel de Montplaisir et Jean-Christian Pinot (p. 7-9).

► « La rupture de 1661 », par le Pr. Lucien Bély (p. 17-34) :

► « De Colbert au patriotisme économique », par le Pr. Bernard Barbiche (p. 35-46) :

► « 1661 : le transfert de la Cour des aides de Cahors à Montauban », par Florence de Baudus (p. 47-60) :

► « 1653-1661 : Permanence des révoltes antifiscales », par le Pr. Yves-Marie Bercé (p. 61-76) :

► « Découverte et esprit scientifique au temps de Louis XIV », par Vincent Beurtheret (p. 77-87) :

► « Louis XIV au Château de Vincennes », par Odile Bordaz (p. 89-102) :

► « 1661 et les arts : prise de pouvoir ou héritage », par Jean-Claude Boyer (p. 103-113) :

« La collection de tableaux de Louis XIV », par Arnauld Brejon de Lavergnée (p. 115-117).

► « Du cardinal Mazarin et du Jansénisme », par l’abbé Christian-Philippe Chanut (p. 119-162) :

► « Voyager avec Jean de La Fontaine à travers la France de l’« avènement », par Laurent Chéron (p. 163-187) :

► « Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche : La révélation d’un couple », par Joëlle Chevé (p. 189-214) :

► « Attraction solaire et spectacles de cour : une prise de pouvoir métaphorique », par Sabine du Crest (p. 215-230) :

► « Pauvreté et Église à l’aube du siècle de Louis XIV », par le père Jean-Yves Ducourneau (p. 231-246) :

« Turenne et Louis XIV », par Fadi El Hage (p. 247-268) :

« 1661 ou l’avènement du roi de guerre. La prise en main des affaires militaires par Louis XIV », par Bertrand Fonck (p. 269-307) :

« Louis XIV et son image : visions versaillaises de l’enthousiasme », par Alexandre Maral (p. 308-319).

« Les prises de pouvoir par les Bourbons », par Daniel de Montplaisir (p. 320-332) :

« L’arrestation de Nicolas Fouquet », par Jean-Christian Petitfils (p. 333-350) :

Les actes des communications des sessions du Centre d’Études Historiques paraissent chaque samedi sur Vexilla Galliae.

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