Mise au point suite à la parution d’un article concernant le prince Louis de Bourbon.
Dans son numéro de Janvier-Février, le bimestriel « Familles royales » nous offre un reportage de 4 pages sur le duc d’Anjou Louis-Alphonse de Bourbon avec ce titre : « Louis XX, duc d’Anjou, prétendant au trône de France. Une réhabilitation utopique de la monarchie française ?»
Si l’article pose dès le départ cette question prometteuse (« Si la monarchie était rétablie dans notre pays, Louis-Alphonse de Bourbon serait le prétendant légitime au trône de France et de Navarre. A 42 ans, a t-il réellement une chance de régner un jour ou la lignée s’accroche t-elle à un rêve oublié ? ») et a le mérite de faire du prince le seul héritier légitime au trône de France (sans tomber dans la sempiternelle querelle dynastique), il introduit à ses lecteurs un duc d’Anjou, un prince Louis de Bourbon « tourné vers l’avenir, (qui) parle moderne : l’éthique au cœur de l’action publique, les valeurs chrétiennes en guides des réformes institutionnelles, l’union de la dynastie et du peuple, les jeunes (…) »
A la question de la restauration de la monarchie, le magazine juge toutefois sa « réhabilitation techniquement impossible » et pointe du doigt l’article 89 de la Constitution actuelle qui dispose que « la forme républicaine ne peut faire l’objet d’une révision (…) mais si sujette à interprétation et à réécriture qu’elle ne reste que théorique ».
Sans goûter ce légalisme, pour le coup fort peu politique, il convient de rappeler que :
– Si la Constitution est réformée par voie parlementaire (ou par une assemblée constituante), le constituant pourra parfaitement supprimer cet article 89
– Si la monarchie est rétablie par voie de référendum, il faut rappeler que le Conseil constitutionnel se refuse à contrôler les décisions rendues par ce biais.
Et parmi les partisans de la monarchie, qu’en serait-il de cette idée ? Le magazine croit avoir la réponse en affirmant qu’il « faudrait que les esprits y soient favorables, (la) dédramatisent et crédibilisent aux yeux de l’opinion publique ».
Passé une brève biographie du prince et de sa famille, on alterne malheureusement entre confusions historiques et approximations dynastiques. Ainsi le magazine donne un titre de « prétendant » au prince Louis de Bourbon tout au long de l’article.
A contrario du comte de Paris, Henri d’Orléans, qui le claironne lors de ses interviews, le duc d’Anjou est l’aîné de la maison de Bourbon. Il n’a pas à prétendre puisqu’il est l’héritier légitime du trône de France. Il n’est pas non plus, comme l’écrit caricaturalement avec beaucoup d’affirmation son auteur, « l’incarnation d’un droit divin ». Faut-il donc rappeler au journaliste concerné qu’à diverses reprises, le prince s’est prononcé en faveur de l’instauration d’une monarchie constitutionnelle et enfin pourquoi, pour un magazine qui prétend traiter des « familles royales », met-il en opposition « démocratie et monarchie » ?
Et que dire de ces imprécisions simplistes liées à la chute de Louis XVI en 1789 qui, selon son auteur, trouverait des raisons dans « un peuple las et en colère (venus) frapper aux portes du pouvoir pour réclamer sa part de gâteau que trop peu (aurait partagé) dans l’opulence » ?
Enfin il est assez surprenant de voir que le bimestriel « Familles royales » découvre (?) vaguement que certains royalistes et légitimistes souhaitent le retour de la monarchie en France » tout en feignant de se demander « qui (est) censé revenir ».
Manifestement le journaliste qui a rédigé cet article ne semble ni connaitre l’histoire du royalisme en général ni celui de la Légitimité.
Et si on peut se féliciter de constater que la presse française, dans son ensemble, publie de plus en plus d’interviews du prince Louis de Bourbon et montre le visage d’une monarchie, d’un monarchisme vivant et ancré dans le monde réel, on ne peut déplorer que certains magazines du genre fassent encore preuve d’amateurisme en la matière de traitement sur la famille royale des Bourbons ou tombent dans une simple vulgarisation qui ne rend pas hommage ni à nos mille ans d’histoire ni à tous nos capétiens (tous rameaux confondus) qui ont forgé ce pays et dont l’aîné s’avère, aujourd’hui, certainement être l’alternative la plus légitime pour nos concitoyens .
Le rétablissement de la monarchie, utopique pour « Familles royales » ? Ne lui en déplaise, c’est désormais une possibilité que l’on ne peut ignorer.
Frederic de Natal