Louis XX sacré Roi de France !
A Jean Raspail, qui a bien mieux que moi écrit sur le sacre d’un roi de France.
Le jour est arrivé, et l’on ne sait plus très bien si ce sont les hommes seuls qui ont voulu que la France redevienne royale ou si la Providence s’est choisie de nouveau une France qui puise à la source de son baptême. Sans doute un peu des deux, réponse de normand me direz-vous, mais il faut bien que les hommes agissent et cependant cela seul ne suffit pas !
Louis XX roi, cela signifie donc que le roi règne en France. La question se pose alors du sacre… Certains refusent ce passéisme, d’autres le veulent. Mais le roi ? Il l’a dit, il sera un roi sacré à Reims.
Un dimanche de fête, un dimanche la Pentecôte, aurait les avantages météorologiques et symboliques. Roi sacré, cela veut dire sacramental présidé par l’archevêque de Reims. Dans une église parée de pourpre pour rappeler que le souverain est un évêque du dehors, et que la cérémonie qui va suivre est puisée dans le baptême de Clovis. Pour ceux qui ne croient pas et tous les autres croyants, il va de soi que ce sacre n’est pas évident, mais au moins rappelle-t-il le symbole de ce qu’est la France, et en cela peu importe que l’on croie au Ciel ou que l’on croie pas, Dieu laisse libre l’humanité de L’aimer. Louis XX s’avance dans la nef. Les douze pairs laïcs et religieux du royaume sont présents, et autant dire que tous ne sont pas des légitimistes convaincus ! La plus grosse difficulté provient des religieux, ces évêques pas encore retraités qui préféreraient être pour la plupart dans leur diocèse. Sans doute, quelques monseigneurs sont sensibles à ce qui va arriver mais ils sont simplement invités. La famille royale nouvellement connue de tout le peuple français est arrivée. Il ne manque que le roi. C’est à présent une affaire entre lui et Dieu, car l’époque où le roi était l’élu des Grands est bien oubliée ! Soudainement, on entend au loin les tambours et les cloches. C’est la Sainte Ampoule qui va servir à oindre le corps du souverain. Par cette huile supérieure, il est le roi Très-Chrétien sans retour possible, Louis XX n’avait pas pensé vivre cela un jour mais l’incurie du régime républicain a forcé le destin. Le peuple a finalement accepté que le roi règne et qu’un premier ministre pouvait diriger le pays sous la conduite stable et bienveillante du roi. Ce qui se joue aujourd’hui est une introduction, et permettez-moi de le dire, ça a de la gueule !
L’ordre du sacre est respecté. Louis fait le serment de faire respecter la paix à la partie de la Chrétienté qui lui est confiée, puis il jure de faire respecter les édits et les lois (formule qui convient puisque personne ne songe à lui faire jurer de défendre la loi de l’Eglise.) Garant de la justice qui sera dès lors rendue en son nom, Louis XX promet ensuite de lutter contre l’iniquité et de défendre l’ordre juste. Vaste programme, tout roi qu’il est, le modèle qu’on lui demande de suivre n’est rien d’autre que celui de saint Louis, et de tous ceux qui ont gouverné comme David et Salomon. Un gouffre doit saisir celui qui prononce ce serment. Vient le temps de l’onction par l’huile de la Sainte Ampoule, portée après l’évêque de Laon. L’ironie fait que ce dernier est un évêque caricaturalement progressiste. Dieu a de l’humour de lui faire ce cadeau, à lui qui a écrit dix livres sur la république et la raison ! Les onctions sur le corps du roi symbolisent l’aide divine et la grâce qui tombe sur le souverain. La remise des regalia ou insignes royaux suit l’onction. On remet à Louis XX la tunique pourpre qui symbolise le cosmos et la place de l’homme dans la Création, puis l’anneau illustrant la relation du roi avec son royaume, le sceptre symbole de son commandement suprême, la main de justice manifestant le devoir premier du roi, puis la couronne. Cette dernière est posée par les pairs. Le roi reçoit aussi les éperons d’or étant le premier chevalier du royaume. Car la royauté restaurée, la chevalerie honorifique est rétablie d’office. Les pairs prononcent alors chacun la phrase tant attendue : Vive le roi éternellement !
Par ces mots, la république est abolie dans son sens révolutionnaire puisque le cri de vive le roi a retenti officiellement, alors qu’en 1793, le but était de ne plus revenir en arrière. Erreur fatale, l’histoire peut se rebeller ! Pareillement, croire que la restauration serait définitive est absurde. Le peuple peut la renverser à tout moment, et bien plus vite qu’en 1789.
Tout cela pour dire quoi ? Que si le sacre ne fait plus le roi, il est évident qu’il participe à son établissement. En 2017, le besoin de symboles est aussi fort que lorsque Blanche de Castille fait sacrer son jeune fils Louis IX ou lorsque Jehanne d’Arc insiste pour faire sacrer Charles VII. De nos jours, sans doute le sacre ne serait pas vécu avec la même intensité religieuse mais si ceux qui n’y croient pas s’opposent au principe royal, c’est bien parce que la symbolique qui y est liée ne leur convient pas.
Le sacre n’est pas seulement une question de foi, d’illuminés ou de doux dingues, il pose la question fondamentale : acceptons-nous la transcendance ? A nous, amis lecteurs, de faire que la question de la royauté en France ne soit plus si décalée. Et pour cela, cessons les querelles puisque nous prétendons défendre un pouvoir au-dessus de la politique de basse-cour ! Dès lors, le sacre de Louis XX sera possible.
Vive le roi
Charles d’Antioche