[Exclusif] M. Sigaut, JC. Petitfils, R. Secher, J. Charles-Gaffiot évoquent le 21 janvier 1793
“Quel est votre sentiment quant à l’assassinat de Louis XVI, roi de France décapité par des français le lundi 21 janvier 1793?”
222 années après cette funeste matinée, Jean-Christian Petitfils, Marion Sigaut, Reynald Secher et Jacques Charles-Gaffiot répondent à cette question en exclusivité pour Vexilla Galliae. De quoi réfléchir non seulement sur l’horreur de l’hémoglobineuse Révolution française, mais aussi sur tous les terrorismes à vocation internationaliste de l’époque contemporaine, dont elle reste la Mère.
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La mort du roi
La mort de Louis XVI a été essentiellement un acte politique, décidée à l’issue d’un procès truqué, mené par une assemblée à la légitimité douteuse, la Convention nationale, élue avec seulement 20 % du corps électoral. Les derniers pointages opérés par les historiens qui ont recompté les votes, montrent que le roi a été condamné par suite d’une erreur de calcul, à une ou deux voix près.
Ce n’est pas seulement le double corps du roi qui a été décapité le 21 janvier 1793 place de la Révolution – l’homme et le roi constitutionnel de 1791, accusé de parjure et de trahison -, mais également le corps politique du roi Très-Chrétien, qui avait reçu l’onction de Reims, ce que Jules Michelet lui-même appelait « le mystère de l’incarnation monarchique ».
C’est un acte majeur – un crime assurément -, revêtu d’une force symbolique considérable, qui représente une rupture essentielle dans l’Histoire de France, une césure tragique, sur laquelle nul ne pourra jamais revenir. Il en reste encore un malaise aujourd’hui dans notre mémoire nationale. Après avoir quitté la présidence de la République en 1920 Raymond Poincaré dira : « Maintenant que j’ai le temps de méditer, je me demande si la cause de nos maux ne remonte pas à l’échafaud de Louis XVI… »
Jean-Christian Petitfils
Historien et écrivain
Aussi loin que je me souvienne j’ai chéri la République, car l’école du peuple qui m’a tout appris me l’a fait aimer en la disant source de tout bienfait.
Dans ma famille, quand on voulait affirmer son droit à la liberté d’expression, on disait « On est en République ! »
Cet amour se doublait de l’aversion pour le roi. La France glorieuse, modèle des peuples désireux de s’émanciper, avait eu le courage de couper la tête de son tyran.
L’amour de la République a été tellement ancré en moi qu’il m’a fallu des années de recherche et de remise en cause de tous mes acquis pour finalement comprendre.
Voltaire était un monstre, les Lumières un antihumanisme, Turgot un fanatique et la révolution un complot ayant abouti par des coups d’Etat.
Et le roi fut le défenseur des humbles.
L’étude du procès de Louis XVI a détruit tout ce qui me restait de sympathie envers cette abomination que fut la Révolution française.
C’est par la violence, le mensonge, la manipulation, la menace et la terreur que fut renversée la royauté française.
Louis XVI non seulement ne fut pas le tyran que dénoncèrent les fanatiques de la prétendue représentation nationale, mais il fut certainement parmi les plus grands, les plus pieux, les plus généreux de nos monarques. De ses hésitations et erreurs de jeunesse à sa maturité dans les tourments, Louis XVI fut un souverain intelligent au-delà du commun, habité du bien commun, de l’amour du peuple, de la crainte et de l’amour de Dieu, et du sens du martyre qui, certainement, le rendent digne de la sainteté.
L’émotion m’étreint à la perspective de venir lui rendre hommage sur le lieu de son supplice.
Dieu nous garde !
Marion Sigaut
Historienne et dialoguiste
L’assassinat de Louis XVI, en raison de sa finalité, est un parricide doublé d’un déicide. Nous ne nous sommes jamais remis de ce double meurtre car non seulement on n’a jamais demandé pardon mais, au contraire, nous l’avons répété avec toutes les conséquences que nous connaissons. Je crois qu’Eltsine, en son temps, nous a donné une belle leçon de réconciliation et de sollicitation de pardon. Il n’est jamais trop tard pour cela à moins que nous préférerions nous suicider. C’est un choix.
Reynald Secher
Historien, écrivain et éditeur
Il avait fallu quarante rois pour faire la France !
En faisant faire trancher la tête de Louis XVI, dans la matinée du 21 janvier 1793, les conventionnels mirent à bas cet édifice en quelques instants.
222 années se sont depuis écoulées.
Certaines des ruines ont été relevées, d’autres gisent encore sur le sol faute de pouvoir être redressées.
Incapable de rendre sereinement justice à Louis XVI et à ses prédécesseurs, comme d’autres nations, aux prises avec les tragédies de l’Histoire, ont su le faire, la France des XXe et XXIe siècles s’effrite à nouveau, impuissante à trouver en elle-même l’énergie de son génie et de sa civilisation.
L’urbanisme de la capitale française rend compte de l’inconscient collectif martelé à la suite de cet assassinat pour tenter d’en faire oublier l’odieuse injustice jamais réparée : au centre de la place de la Concorde, à l’endroit même où le meurtre père de la nation a été accompli, s’élève toujours le symbole phallique de l’obélisque de Louxor, établi là par les fils des régicides !
Jacques Charles-Gaffiot
Pdt de l’association Louis XVI
Propos recueillis par Alphée Prisme les 20 et 21 janvier 2015 en exclusivité pour Vexilla Galliae.
Récents ouvrages de nos contributeurs d’un jour :
– Jean-Christian Petitfils : “Louis XV”, Editions Perrin, 2014.
– Marion Sigaut : “Voltaire, une imposture au service des puissants”, Kontre Kulture, 2015.
– Reynald Secher : “Vendée. Du génocide au mémoricide. Mécanisme d’un crime légal contre l’humanité”, Les éditions du Cerf, 2011.
– Jacques Charles-Gaffiot : “Une passion française : La Couronne d’épines”, Les éditions du Cerf, 2014.