Idées

Monarchie ou Royauté ? – ou pourquoi la question « Monarchie ou République ? » est ringarde

«On ne peut pas expliquer notre Constitution par le mot de « monarchie »[1]. Il est possible d’abolir un système monarchique, mais il est impossible d’abolir notre dynastie royale qui est la source et le tronc de notre Constitution. Les républicains et les communistes peuvent adopter le slogan « abolition de la monarchie », car ils voient dans la dynastie royale un simple « système ». En revanche, il ne faut pas que ceux qui se disent défenseurs de notre Constitution, les forces de la droite, prennent comme slogan « la sauvegarde de la monarchie » : il suffit de remplacer monarchie, par système monarchique pour comprendre la source du problème. Le Roi n’est pas un système, il ne peut donc pas être aboli. En termes judéo-chrétiens, cela revient à dire que « Dieu » n’est pas un système, dans la théologie. »[2]

Tout est dit. La Royauté française n’est pas un système, c’est une réalité naturelle soutenue par le divin et incarnée dans le Roi lieutenant de Dieu sur terre et dans la famille royale. Elle n’est pas un système donc, le mot de « monarchie » reflète trop cette nuance. Il a pu être bon, dans un monde rongé par le rationalisme athéiste de chercher à montrer par la raison la suprématie du système monarchique. Pourquoi pas ? Mais au fond ce n’est qu’un expédient bien limité face à la réalité intégrale de la Royauté, et une démonstration forcée par des circonstances si difficiles qu’il devenait presque impossible, si ce n’est par la théorie et la doctrine, de susciter à nouveau dans les esprits formatés par la révolution rationnelle, la force de l’idée royale.

Plus d’un siècle s’est écoulé et il est temps de sublimer la monarchie pour reparler de Royauté, avec son contenu religieux, sensible, historique, culturel et incarné. On répliquera que cette discussion est pinaillerie, et qu’au fond nous désignons la même chose et parlons du même contenu. Oui et non. Il existe deux mots, et deux histoires différentes. Le mot « monarchie » fait irrémédiablement penser à un « système » et incite à une approche forcément théorique, humaine voire dogmatique, tout en cherchant à comparer analytiquement avec d’autres « systèmes » que seraient la démocratie, l’oligarchie, l’aristocratie, etc. Nous avons pu le dire ailleurs, mais il faudrait au fond prendre la « monarchie » comme un critère pour parler de notre Constitution, à côté de la démocratie et de l’aristocratie, non comme des régimes ou des systèmes purs, mais bien comme des composantes dont toute constitution est composée.

Face à elle, la Royauté – forcément française a priori – est une réalité qui ne peut être abolie du fait de l’incarnation dans la famille royale, éternellement lieutenant de Dieu sur terre. Comme cette famille existe, ainsi que Dieu, sa réalité est un fait, et il n’est pas possible d’en changer : d’où l’illusion révolutionnaire de renversement, de fondation d’un régime ex-nihilo, qui ne sont jamais de nouvelles constitutions, mais de simples systèmes humains, pour le pire quand ils ignorent la Constitution de notre royaume – soit en oubliant l’existence naturelle de la Maison de France, et de la France comme intrinsèquement royale, dans une Maison nationale de Maisons, Maison nationale qui se nomme Maison de France.

Le piège pour les sujets du Roi fidèles – il n’y a d’ailleurs pas en réalité de « royalistes » ou de « monarchistes » face à d’étranges « républicains », mais, au fond, uniquement des sujets du Roi ou des ministres parmi lesquels certains sont consciemment fidèles et agissants, d’autres sujets inconsciemment fidèles, et d’autres encore consciemment infidèles et agissants, des félons, mais qui restent néanmoins des sujets dont la vocation est de revenir dans le sein royal -, le piège, disions-nous, est de tomber dans la superstition de croire que la royauté peut être renversée, abolie ou remplacée. Cela n’est pas possible, puisque notre royauté n’est pas un système. La révolution a pu tout mettre sens dessus-dessous physiquement et moralement, du moins, en réalité, la Royauté est là, inchangée, comme en atteste l’existence du Roi et de sa famille, lieutenant de Dieu, comme toujours, et nous tous sujets, même si trop de ceux-ci en sont inconscients, ce qui est déplorable.

Tant que la dynastie royale existe, la Royauté française existera – si elle disparaît, ce qui ne devrait pas arriver vu la force de notre Constitution, Dieu du moins restera pour toujours. Et à tous les idiots qui disent qu’Il n’existe pas, il suffira de rire et de répliquer : « alors vous n’existez pas non plus » –  c’est aussi simple que cela.

Il est vrai que la particularité de notre Royauté est d’avoir aussi réussi à stabiliser des institutions – des systèmes donc – de façon si pérenne qu’elles ont reflété tel quel l’esprit royal avec fidélité, en affermissant son esprit. Institutions royales et Royauté ont pu sembler inséparables. Là fut peut-être notre malédiction : nos prédécesseurs voulurent protéger la Royauté en tant que transmission du bon esprit, de la bonne sensibilité et dans les principes, mais ils ont plutôt pu défendre pratiquement la « monarchie » et ses institutions, et inversement pour les révolutionnaires qui, derrière l’acharnement sur les institutions, ont cherché à détruire l’esprit royal dès le départ. Ce sont des enseignements à prendre. La chance que nous avons dans notre siècle est qu’il nous oblige à oublier l’obsession systématique, et qu’il nous oblige à nous détacher du système pour revenir aux principes, à l’essence, en bref, à notre royauté.

La Royauté peut susciter des institutions naturelles et bonnes, mais elle n’est pas un système, et la science monarchique est un outil pour régler la surface et le monde visible, quand la science royale cherche à mener les cœurs à la paix divine, au salut, dans son incarnation particulière et française, seul chemin pour une universalité saine. La science royale parle aux cœurs, à la Foi, en usant de la raison qui reste toujours subsumée aux fins supérieures. Elle est intégrale et synthétique, spirituelle et morale tout en étant incarnée et pratique, faisant de tout le peuple ses sujets, des personnes. La science monarchique est trop habitée par le fantôme révolutionnaire, qui oublie les hommes au profit des systèmes, qui croit que le système schématique et le progrès gagnent sur les hommes devenus individus-objets. Elle aime trop l’analyse qui fait oublier le tout, trop l’idéal qui oublie la pratique. Elle n’est utile que si elle est partie subsumée de la science royale, sinon elle n’est qu’une des innombrables reliques révolutionnaires unidimensionnelles qui deviendront un de ces nombreux –ismes condamnés à se faire oublier comme bizarrerie de la folie humaine.

La conclusion est limpide : la Royauté, évidemment. La monarchie restant ce qu’elle est, un topos irréel, non-particulier, utile pour l’analyse. La Royauté est quant à elle Française, incarnée, réelle, divine, synthétique et intégrale.

La république dans tout cela ? Pas la peine d’en parler, elle ne sert à rien, elle ne mérite que de se faire ignorer : soit elle est le non-sens révolutionnaire et elle ne veut rien dire, donc elle est à mettre à la poubelle, soit elle signifie res publica, mais alors la Royauté contient la république, est la république, donc, il suffit de parler de royauté[3].

La royauté Française est le prolongement de la royauté christique incarnée dans la lignée de France, qui est là devant nos yeux.

Comme le dit si bien cette petite citation, il ne s’agit pas de « restaurer la monarchie » ou de « sauvegarder la monarchie » mais bien de « restaurer la royauté » ou « d’affermir la royauté », qui peut être affaiblie, mais qui est naturellement et éternellement .

Travaillons donc en tant que sujets du Roi !

Pour Dieu, Pour le Roi, Pour la France,

Paul de Beaulias.



[1]天皇制

[2]                      Ibid, p.33.

[3]Cf aussi une de nos anciennes lettres sur le sujet.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.