Lettre d’un émigré. Penser à l’endroit ou de l’impossibilité de la modernité
À force de vivre au loin, on se rend compte à quel point trop de sujets Français sont déphasés par rapport à des réalités pourtant simples et évidentes. Le lavage de cerveau généralisé se trouve à un stade extrême qui fait froid dans le dos, à l’insu de tous. Nous en sommes tous victimes quelque part, même dans la réaction. Recréer un isolat de résistance est bon, mais le fait que le reste de la société reste foncièrement hostile, dans une ambiance de guerre et d’inimité, façonne nos façons de réagir ou de réfléchir, en général par force, pour se défendre, tout simplement. Une société démembrée est démembrée, c’est comme cela.
En France, le monde fait peur. Plus de gens il y a, moins l’on est en sécurité, sur tous les plans. Vouloir éduquer ses enfants dans la tradition est une gageure dans un environnement inversé. Il faut donc partir dans la campagne, bien loin, ou dans des isolats rares, où l’ancien tissu existe encore par parcelles qui se réduisent comme une peau de chagrin. Au Japon, c’est l’inverse : on aurait peur d’aller en campagne, car il n’y aurait personne sur qui compter. Et en ville au contraire, on se sent en sécurité, car bien entouré. Pour l’éducation aussi, l’atmosphère générale reste à la bonne éducation, et les gens se comportent bien. Le mauvais exemple, dans les comportements ou le langage, est rare, et en tout cas considéré comme tel quand il est mauvais. En France, le mauvais exemple est partout, à commencer dans tout ce qui est officiel, dans les publicités, partout, et admis comme un bien… L’esprit est inversé.
La logique moderniste est perverse en ce qu’elle s’insinue dans les cœurs à l’insu de la volonté. Le tout est vraiment pervers : une fausseté admise comme vérité place l’objet républicain dans la situation où reconnaître l’erreur conduit à se nier soi-même. C’est le cas typiquement pour tout ce qui est identitaire et communautaire, avec ces types qui se réduisent à une dimension unique contre tout bon sens et contre la nature, ce qui rappelle d’ailleurs vite à l’ordre le jour de la mort, au plus tard pour les plus malchanceux, dans une mauvaise santé physique et spirituelle. La misère de notre temps est affligeante et bien triste.
Par exemple, un Français s’étonne qu’au Japon, l’accouchement naturel soit la règle alors même que le pays n’est pas chrétien : fichtre, la vérité universelle des douleurs de l’enfantement et de leur nécessité[1] se retrouve partout, et pas seulement dans le cosmos chrétien ! Normal, dirions-nous, puisque cette vérité évidente et connue par de nombreux peuples non-chrétiens, pour ne pas dire tous, est simplement expliquée et révélée dans la Bible dans la pureté de sa vérité. Il est logique que la Sainte Église, en tant que religion vraie, énonce ce genre de vérité évidente, normalement, à tout homme de bon sens.
De la même façon, l’allaitement est très mal vu. Il faut donner le biberon, nouvel impératif moral du modernisme. Pour des raisons de libérations, et toute la chanson habituelle. Non, le biberon n’est qu’un outil qui peut pallier ou aider, en cas de nécessité dramatique d’une mère qui devrait abandonner le travail sublime de mère au travail vil de l’esclavagisme salarié ou autre. Il devient chez les modernistes une fin ultime. Quelle horreur pourtant ! Il suffit de voir un bébé pour comprendre que mettre un embout artificiel, froid et sans âme dans sa bouche est une abomination. L’arrachement de l’accouchement est aggravé par l’arrachement direct au sein de sa mère. La première impression inconsciente du bébé ? La jungle et l’abandon. Seule la lutte permet de survivre. La maman schizophrène ? Tout son instinct la presse de donner le sein, mais non, son acte contre nature de fourrer le biberon avec un lait faux – évidemment, le biberon utilisé en cas de nécessité, de façon non idéologique ne nous pose pas problème – pour des raisons fallacieuses lui pèsera longtemps. Après une péridurale inutile – là aussi, la péridurale ne devrait être utilisée que pour des raisons médicales, et non par confort, puisqu’elle fait du mal aux enfants à l’insu de tous – qui installe un sentiment de non-volonté digne des abouliques velléitaires, la séparation première de l’accouchement n’est pas assumée, l’accueil du petit homme non plus, tant physiquement que spirituellement. La douleur non sublimée par un acte de volonté de vaillance aura ses répercussions. L’absence d’allaitement aussi. La mère qui va contre sa nature en disant que ce n’est pas sa nature devient schizophrène : elle dit et se fait croire que le faux est vrai. Non, tout cela n’est que passéisme inutile et rétrograde. Mais au fond elle sait qu’elle a tort, elle le sait dans sa chair. Elle deviendra alors féroce envers celles qui n’ont pas fait son erreur, et elle voudra que toute femme fasse la même horreur, pour aider à oublier ce regret éternel, cette nature constante, ces faits inébranlables, en rendant malade tout le monde.
Cette logique se retrouve et se décline partout dans la société, c’est elle qu’il faut désactiver. Que les victimes cessent de devenir bourreaux pour nier leur propre misère, et qu’ils s’en sortent au contraire. L’esprit inversé est tenace, mais la nature, la vérité et la justice bien plus. Elles sont toujours là pour nous soutenir. Il suffit au fond d’être naïf et simple, de regarder les choses comme elles sont et de les dire aussi telles quelles, hors de toute considération sociale. Le fait, la nature et la candeur de la vérité simple auront tôt fait alors d’éveiller tout ce monde.
Le Roy est un de ces faits simples que personne ne remarque plus. Mais il est là, et cela suffit. La conscience de la nature française s’imposera d’elle-même devant la simplicité des vérités éternelles.
Paul de Beaulias
Pour Dieu, Pour le Roy, Pour la France
[1] Nous traitons de ce thème dans une autre lettre dédiée au travail.