Les trois comportements fondamentaux du Pr Laborit
Le Professeur Henri Laborit[1]était un scientifique et un philosophe aussi remarquable qu’atypique qui aurait dû avoir le prix Nobel si ses prises de positions très politiquement incorrectes pour son époque n’avaient pas mobilisé contre lui toute l’intelligentsia française…
Ses travaux comportementalistes sur des rats de laboratoire nous enseignent que face à un stress, un « triste choix » s’offre à nous : la résignation, la lutte ou la fuite, soient les trois comportements fondamentaux de l’être vivant.
La résignation :
Être soumis à un stress sans aucune autre solution que la résignation (i.e. la soumission) conduit à la dépression qui n’est autre qu’une forme de suicide. Faut-il accepter la mort pour en finir, plutôt que d’endurer l’absurde et l’inévitable ? L’essentiel réside dans la réponse : il ne s’agit pas d’effacer l’absurde, mais au contraire, animé par ses croyances, de s’y ancrer, de s’y maintenir comme un destin assumé, de le surmonter par le mépris et la joie de l’instant, de le métamorphoser par la lutte et par la révolte.
La résignation est une voie sans issue : elle ne peut ni ne doit être un choix. Pourtant, l’ambiance actuelle est plus à la déprime qu’à l’euphorie dans nos contrées…
La lutte :
La lutte – contre chaque servitude, chaque humiliation, chaque indignité – est le ciment des complicités humaines, le terreau multiple de toutes les solidarités. « Je me révolte, donc je suis » sonne, dans L’Homme révolté d’Albert Camus comme une sorte de nouveau cogito. Encore faut-il que la révolte ne le cède jamais à la démesure, qu’elle ne se retourne pas contre elle-même, transformant la construction de la liberté en terreur et les victimes en bourreaux : la révolte doit s’exercer aussi contre les révolutions au nom de la dignité et du respect de l’humain.
Printemps arabe et révolte d’une jeunesse mais pour quel résultat ? Combien de temps nos banlieues vont-elles rester « contenues » ? Mais il n’y a pas que la lutte physique : Le combat des idées peut l’emporter et c’est ce en quoi nous croyons !
La fuite :
Encore faut-il qu’une position de repli existe et que l’on ait les moyens et la volonté !
S’il ne s’agit que d’un stress fiscal, pour prendre un exemple d’actualité, les fortunés quitteront sans difficulté le territoire vers des cieux plus accueillants : Belgique, Suisse, Russie…
En revanche, s’il s’agit d’un stress plus global, ça se complique…
Nous savons qu’un jour ou l’autre (espérons plutôt l’autre !) notre terre ne sera plus habitable : soit que l’humanité se sera conduite à sa propre perte, soit que la nature en aura décidé ainsi.
La conquête de l’espace a ouvert opportunément l’espoir d’une possibilité de fuite, toute darwinienne : la vie n’a eu de cesse, sur notre planète, d’évoluer à force de vouloir s’extraire de son milieu : l’eau, le sol, les airs et maintenant l’ailleurs, l’espace et les autres planètes. Pourtant, tous ceux qui ont marché sur la Lune ont été frappés par la désolation absolue qui y règne et aussi par le noir oppressant du cosmos. Ils en sont revenus avec le sentiment d’être plus que jamais irrémédiablement attachés à notre bonne vielle planète Terre.
Cette possibilité de fuite est une illusion, un fantasme (bien entretenu et exploité par Hollywood) et non un espoir. Toute illusoire qu’elle puisse paraître pour notre génération, sera-t-elle suffisante pour nous faire patienter sagement tout en préservant soigneusement notre environnement ou bien choisirons-nous de tomber dans l’aberration de la lutte ou de la dépression ?
Pour ma part, je reste optimiste… Et vous ? Bonne année !
AC
[1] Les plus courageux se réfèreront à sa très riche biographie, sinon, je vous conseille de voir ou de revoir le film d’Alain Resnais « Mon oncle d’Amérique » au scénario duquel il a participé (téléchargeable sur internet)
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