Leçons d’écologisme intégrale
Ecologie, développement durable, pollution … Ce sont des termes qui font fureur depuis ces 10 dernières années. Pourtant, il y a encore 20 ans, tous ceux qui tiraient la sonnette d’alarme et prêchaient pour un mode de vie respectueux de l’environnement étaient considérés comme des marginaux (du reste, pas forcément à tort pour certains d’entre eux). Qui se souvient que le label « bio », si bien perçu de nos jours, ne s’adressait qu’à une poignée d’hurluberlus lors de son lancement ?
L’écologie semble être un phénomène contemporain, mais cette préoccupation n’est pas nouvelle, et existait déjà sous l’Antiquité, comme nous le rappelle Patrice de Plunkett dans son livre L’Ecologie de la Bible à nos jours : « Quatre siècles avant notre ère, Platon se plaint de la déforestation du littoral grec pour la métallurgie et les chantiers navals. Il se dit consterné par l’érosion des sols. »
L’écologie est un sujet plus que jamais d’actualité. En effet, le Pape François s’apprête à faire paraître une encyclique sur l’écologie, tandis que le prochain sommet sur le climat aura lieu à Paris en décembre 2015. À ce titre, peut-être serait-il opportun de se pencher à nouveau sur le livre de Patrice de Plunkett (1). Celui-ci, paru en 2008, présente plusieurs facettes :
– C’est d’abord une analyse spirituelle, effectuée avec un regard chrétien, appuyée par de nombreuses citations bibliques. « La Bible se résume à un appel aux hommes pour qu’ils restent ouverts à Dieu. Donc, pour qu’ils se reconnaissent créatures parmi la Création.» C’est avant tout à un public chrétien, en général moins acquis que d’autres à cette cause, que l’ouvrage s’adresse.
– C’est aussi une analyse historique, qui rappelle les temps forts de l’Histoire, où l’Eglise tout particulièrement a joué un rôle important dans cette prise de conscience du respect et de la valorisation de l’environnement : depuis le Moyen-Age jusqu’aux « Papes verts », en passant par Hildegarde de Bingen et François d’Assise. Il n’hésite pas à écrire que « l’écologie naît réellement au Moyen-Age, et l’esprit monastique y joue son rôle » ; une remarque à contre-flot d’une idée répandue (bien que battue en brèches par les historiens sérieux) selon laquelle cette période était particulièrement arriérée.
– C’est enfin une analyse éclairée des réalités contemporaines qui caractérisent notre mode de vie, telles que l’économie capitaliste, le productivisme, la consommation de masse, sans être pour autant un réquisitoire déprimant dont fleurissent les rayons « environnement » de nos librairies. L’ouvrage nous pousse à prendre conscience du sable dans lequel semble s’enfoncer notre société matérialiste et consumériste.
Patrice de Plunkett propose les bases d’une philosophie politique ayant trait à l’écologie. Parce que ce livre est une source richement documentée et extrêmement concrète, il nous permet de faire un point sur nos convictions écologiques et chrétiennes, que l’auteur ne dissocie pas et même, rend presque consubstantielles l’une à l’autre : « l’écologie et le christianisme sont faits pour se rencontrer ». Un livre qui veut, comme il s’est plu à l’écrire, nous « désintoxiquer de l’air du temps ».
Faisant référence à la prochaine encyclique du Pape, Famille Chrétienne se demande si « le discours de l’Eglise sur l’écologie intégrale sera entendu ou escamoté »(2). On est en droit de se demander si la classe politique républicaine sera jamais en mesure d’y accorder toute l’importance qu’il mérite.
Julie Langeais
(1) Patrice de Plunkett, L’écologie, de la Bible à nos jours, Editions de l’Œuvre, 2008.
(2) Famille chrétienne du 30 mai 2015 n°1950 – « Peut-on sauver la nature sans l’Homme ? »