[Paris-Match] Yann Moix pose la question d’une nouvelle Restauration avec Louis XX !
Quel plus beau patronage que celui de Saint Michel, Saint Archange protecteur de la France, fêté ce jour, pour l’évocation du retour du Roi !
Est-ce une nouvelle poussée légitimiste de la rédaction de Vexilla Galliae ? Non, c’est un article de Yann Moix dans Paris-Match !
Page 100, photo de Monseigneur Louis de Bourbon, duc d’Anjou, Chef de la Maison Royale de France, dans le jardin intérieur de la Chapelle Expiatoire, haut lieu de la Légitimité qui conserva les corps suppliciés de Louis XVI et de Marie-Antoinette jusqu’en 1815.
Page 101, Yann Moix, dans un premier temps, voulant sans doute ménager son lecteur républicain avant de l’amener à se poser la question fondamentale qu’il lui a préparée, fait un pas de clerc en présentant Louis, duc d’Anjou, comme « prétendant » au Trône de France dans le sous-titre…
En revanche, l’intégralité de son article expose la Légitimité de « Sa Majesté Louis XX », insistant encore « Le duc d’Anjou est notre roi », « continuateur de Charles X ». Puis, il amène son lecteur par : « On pourrait se gausser de cette incarnation de la France éternelle », « de grâce, ne nous moquons pas trop : la monarchie était également inimaginable en 1814 et en 1830 » à la question fondamentale : « Une nouvelle Restauration est-elle souhaitable ? », « N’a-t-on pas la sensation d’avoir tout essayé ? ». Et conclut son article par un constat d’évidence : « si la France ne se respecte plus, c’est, pour Sa Majesté Louis XX, héritier du Trône, parce qu’elle ne respecte plus ses représentants » et un vibrant : « Le roi est vivant, vive le roi ! ».
On croirait lire du Franz de Burgos ! C’est du Yann Moix ! Mais lisez maintenant l’article publié que nous avons recopié dans son intégralité pour vous.
Vexilla Galliae
Par Yann Moix, Paris Match du 29 septembre 2016
Louis, duc d’Anjou
Il est prétendant au trône de France
« On ne sait jamais, disait Sagan, ce que le passé nous réserve. » C’est une phrase dont Sa Majesté Louis XX, looké comme un trader qu’il n’est pas, et à qui j’accepte bien volontiers de donner du « Monseigneur », ne peut que faire son miel. Descendant des Bourbons, branche espagnole, le duc d’Anjou, avec sa belle gueule d’acteur hollywoodien, est notre roi. Sa royauté loge dans son sang et son royaume, dans ses rêves.
Ironiquement, il me donne rendez-vous (pardon : il me reçoit) avenue Hoche, et Hoche est le plus grand général de la Révolution, qui en outre mata la chouannerie. Et, qui plus est, dans un cabinet d’avocat, comme pour se défendre de vouloir redonner à la France, « pays déliquescent », l’autorité naturelle qui lui manque aujourd’hui : celle d’une transcendance à la fois politique et divine.
Monseigneur ne s’excuse pas d’être ce qu’il est, veut être, veut re-être : non point le successeur de 1848 mais le continuateur de 1830 ; non pas, bien que banquier, porter le chapeau haut de forme de Louis-Philippe, roi des Français, mais la couronne de Charles X, roi de France. Pas de trône sans autel. Je lui demande si la monarchie de Juillet est la monarchie de l’imposture ; non seulement il acquiesce, mais ne comprend même pas qu’une telle question puisse se poser. Il m’affirme toutefois que ses relations avec la famille d’Orléans (« ce sont quand même mes cousins ») sont au beau fixe.
Comme Napoléon III, il se veut proche des pauvres, et affiche un souci permanent de la question sociale. Mais il rechigne, très fermement, et très étonnamment, à faire campagne : c’est aux Français de venir le chercher. Démarcher n’est pas digne de sa stature et, même si cela peut paraître vain que de vouloir régner sans le faire savoir, c’est là une posture qui, dans le monde parasitaire des médias incessants et des démagogies perpétuelles, apparaît révolutionnaire. On pourrait se gausser, regarder de haut cette incarnation étrangement yuppie de la France éternelle. De grâce, ne nous moquons pas trop : la monarchie était également très inimaginable en 1814 et en 1830. Il suffirait, glissé-je à Monseigneur, qui acquiesce, que Jacques Juilliard, Marcel Gauchet, Pierre Nora et Alain Finkielkraut organisent un colloque et publient huit tribunes sur le thème « une nouvelle Restauration est-elle souhaitable ? » pour que le pays du régicide se pose (calmement ?) la question. N’a-t-on pas la sensation d’avoir tout essayé ?
Et les Français ne sont-ils pas chagrins, en réalité, d’avoir, depuis la disparition du septennat, perdu toute possibilité de ces pseudo-restaurations qu’étaient les cohabitations ? En cohabitation, le président de la République trône, il lévite, il incarne. Mitterrand 1986 et 1993, Chirac 1997 : des rois populaires. « Non pas un roi qui se sert de la France, mais un roi qui sert la France », me dit Louis XX avec son inénarrable accent espagnol, qui paradoxalement le rend plus européen que quiconque. Il déteste le laïcisme, cette religion de l’outrance. Et pense que c’est par la religion catholique, à partir d’elle et non contre elle, qu’il faut penser l’islam ; idée plus moderne qu’il n’y paraît : le catholique doit, par devoir autant que par définition, faire place, toute sa place, à l’autre, à l’étranger, au migrant. Ce n’est pas en dissimulant ses racines christiques que l’on peut sortir de la crise, mais en les affirmant.
Si la France ne se respecte plus, c’est, pour Sa Majesté Louis XX, héritier du trône, parce qu’elle ne respecte plus ses représentants. S’il y a crise, c’est d’abord avant tout une crise de légitimité. Le roi est vivant, vive le roi !
Par Yann Moix
Paris Match du 29 septembre 2016
NDLR :
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