Le roi, véritable père de la nation
Le Roy de France est au sens propre le père de son royaume, notre pays. Nous sommes bien loin des imitations risibles des « petits pères du peuple » et autres farces tragiques des totalitarismes divers qui se sont succédé depuis la révolution française dans le monde.
Non, le Roy de France est père de ses sujets au sens propre.
Il est déjà père de la famille de France, comme tout père l’est de sa propre famille. Il est ainsi intégré dans la chaine des générations qui l’amène inéluctablement et heureusement au respect des ses ancêtres, à la conscience de sa mission envers ses descendants, de la piété filiale, du respect du passé, de ses limites et de ses devoirs. Il est ainsi aussi tributaire, comme tout homme, des sacrements de la Sainte Mère l’Église pour vivre de la grâce et parvenir au Salut.
Il est père comme élu de Dieu dès sa naissance pour régner sur son royaume et diriger ses sujets, comme le père de famille est élu de Dieu pour diriger sa famille et diriger ses enfants. De la même façon que le père ne choisit pas ses enfants et que les enfants ne choisissent pas le père, les sujets ne choisissent pas le roi et le roi ne choisit pas ses sujets : Dieu seul a décidé par nature pour le roi et les sujets.
Comme le père est la tête de la famille, le roi est la tête du royaume de France : il dirige, il guide, il gouverne vers le bon port ; il pourvoie aux besoins du corps et de l’âme en offrant les garanties nécessaires qu’il peut donner en vertu de ses prérogatives, des droits régaliens et de son autorité de lieutenant de Dieu sur terre.
Comme le père de famille fait régner la justice entre ses membres, le roi fait régner la justice dans le royaume, dont il est la source dans le monde temporelle, comme lieutenant de Dieu sur terre.
Comme le père prend conseil auprès de son épouse et des personnes qualifiées, le Roi prend conseil pour arriver aux meilleures solutions.
Comme le père a la souveraineté des décisions concernant le bien commun de sa famille, le roi a la souveraineté de trancher en dernière instance toute décision et tout litige.
Comme le père est limité par le bien commun et par le salut des âmes qu’il a sous sa responsabilité, le roi est limité par le droit naturel, la Foi, les lois fondamentales et diverses coutumes.
Comme le père a besoin de son épouse pour enfanter la vie et de sa femme pour soigner et élever ses enfants, le roi a besoin de son gouvernement et de délégués pour prodiguer les soins à ses sujets et de l’Église pour enfanter les âmes au salut.
Comme le père bénit le pain avant le repas et bénit ses enfants avant le coucher, le roi bénit ses sujets avec la collaboration de sa Mère l’Eglise et de son épouse le Royaume, dans la cérémonie du sacre, à travers sa propre consécration, à travers toutes les visites royales, les entrées royales, les discours royaux, etc.
Comme le père sanctifie ses membres par l’exemple, le roi sanctifie les sujets par son modèle de droiture et de piété.
Comme le père punit les écarts de ses enfants qu’il chérit par-dessus tout pour le salut de leurs âmes, le roi punit en toute justice par charité pour ses sujets.
Comme le père se soucie de la prospérité de sa famille par le nombre important d’enfants et le rayonnement de sa Maison, le roi, montrant l’exemple dans sa propre famille, se soucie en plus de la multiplication de son peuple en protégeant toutes les vies et en soutenant la vie, ainsi qu’il se soucie de la gloire de son pays par le développement des fruits des œuvres de la foi que couronnent une piété profonde, un art de vivre, une politesse réputée partout.
Comme le père se charge des relations avec l’extérieur de la maison et fait écran pour protéger le foyer de soucis inutiles, le roi se charge des relations diplomatiques et des alliances internationales pour la tranquillité de son royaume.
Comme le père protège sa chair et ses enfants par les armes s’il le faut, le roi protège son royaume par la guerre s’il le faut.
Comme le père veille au secours spirituel de sa famille, le roi veille que les sacrements puissent être rondement octroyés par la protection qu’il donne à l’Église.
Comme le père se forme continuellement pour mieux servir le bien commun, le Roi soutient les arts et les sciences dans un souci du bien commun de tout le royaume.
Comme le père se soucie de la transmission de son nom, le roi pourvoie à la continuité à long-terme de son royaume, en soignant l’éducation des successeurs à la couronne, et en parant à toute éventualité.
Comme le père se soucie de l’honneur de son nom, le Roi se soucie de l’honneur de la France.
Mais le roi est aussi mari, le royaume est son épouse.
Comme le mari ne fait qu’un avec son épouse, le roi ne fait qu’un avec son royaume et partage intimement toutes ses souffrances. Toucher le roi c’est toucher la France. Toucher la France, c’est toucher le roi.
Comme le mari se sacrifie pour son épouse, le roi se sacrifie pour son royaume.
Comme le mari se donne à son épouse, le roi se donne à ses sujets et vice versa.
Comme le mari aime son épouse comme lui-même, le roi aime son royaume comme lui-même.
Si le père est la tête, la mère est le cœur de la famille qui fait circuler le sang de la vie dans tout le corps par un battement constant, et ainsi, si le roi est la tête, les corps intermédiaires (dans le temporel) et l’église (dans le spirituel) sont ses épouses qui travaillent continuellement à fournir le sang de la vie matérielle et spirituelle à tout le corps.
La mère est encore le soleil de son foyer, comme la Reine est le soleil de la nation, l’Église le soleil des cœurs, le royaume le soleil des corps.
Et les sujets, les enfants du roi ont tous les devoirs des enfants face à leur père : obéissance, piété filiale, gratitude, amour filial. Face à leur mère, le royaume, ou l’Eglise : obéissance, piété filiale, gratitude, amour filial.
Mais les sujets sont aussi épouses du Roi : ils lui doivent obéissance, conseil, et soutien dans ses œuvres.
L’on pourrait encore développer ces analogies longtemps, mais retenons bien que tout père est aussi dans sa famille un roi de taille réduite. Que la royauté française peut être surnaturelle car elle est avant tout foncièrement naturelle, voulue par Dieu (le surnaturel ne pouvant se greffer que sur le naturel).
Toutes les révolutions et autres régimes modernes sont artificiels, sans cœur, sans âme. Le président est au peuple par rapport au roi, ce que serait un directeur d’école républicaine aux élèves par rapport au père de famille : pas de liens du sang, pas de liens surnaturels, pas de volonté d’éducation, mais seulement de l’instruction, pas d’amour pour chacun de ses enfants mais une tendance à l’uniformisation et la massification du tout. C’est même parfois pire, dans les temps qui court : le directeur d’école n’est même plus un adulte, mais un enfant, le plus espiègle et le plus cruel, qui a la force d’un adulte et qui se retrouve à mener de sa baguette tyrnannique la cacophonie générale. Car pour tenir la baguette correctement, il faut un chef d’orchestre. Pour diriger le royaume de France il faut le Roi.
Tout simplement.
Antoine Michel