La fausse éducation : le danger révolutionnaire (Petit cycle sur l’éducation 3/3)
Nous proposons trois courtes réfexions sur l’éducation qui nous semblent clefs
Article 1: L’éducation à la maison: alpha et omega de toute éducation saine
Article 2: L’éducation intégrale
Le Japon d’avant-guerre a vu l’origine des maux modernes dans l’individualisme, qu’il soit intégral – c’est-à-dire concernant les individus–, ou qu’il soit « communautaire » – c’est-à-dire concernant la communauté dont l’unité de réflexion devient le groupe, voire la « classe », pour « un individualisme de classe » ; dans tous les cas la vision de la société comme un amas d’atomes fonde les germes de la lutte, de l’opposition interminable, en un mot de la guerre sans fin. Derrière l’individualisme se cache au fond l’athéisme, qui nie le divin pour mettre au centre l’homme dans sa partie terrestre et bestiale. Voilà comment le Japon à la veille de la guerre revient sur le siècle passé et la confrontation à l’Occident moderne et révolutionnaire, tous les dangers y sont listés :
« C’est la même chose pour l’éducation. Avec la restauration, nous avons travaillé à piocher dans les différentes éducations des pays occidentaux avancés, pour mettre en place des institutions éducatives et le contenu des enseignements, en introduisant tant les sciences naturelles que les sciences sociales et les diverses méthodes occidentales efficaces, dans le but de généraliser rapidement l’instruction à la majeure partie de notre population. Le serment en cinq articles, humblement reçu, brisa les mauvaises coutumes, et encouragea l’esprit de chercher l’excellence là où elle est dans le vaste monde, ce qui permit d’enregistrer d’immenses progrès dans les diverses disciplines, dont les résultats furent remarquables. Malheureusement, la contamination de la pensée individualiste se produisit en même temps à notre insu, et tant l’instruction, que les disciplines, que le sport, eurent tendance à prendre exclusivement pour objectif l’universel et l’abstrait, restant cloîtré dans un monde purement intellectuel, en s’éloignant de plus en plus de la vie réelle et concrète tout en poussant à se rapprocher du mondain. Le résultat fut de faire croire à trop de gens que le seul objectif à viser est l’accomplissement individuel, d’un individu libre, d’un homme complètement abstrait qui ne connaît ni moral ni sagesse. Cela s’accompagna parallèlement d’une spécialisation excessive des disciplines et des sciences, leur faisant perdre leur caractère entier, dans un manque complet d’union et de synthèse du tout, et qui leur fait perdre tout caractère pratique et concret. Afin de pouvoir juger de la justice ou non de ces tendances précédentes dans chaque cas particulier, nous n’avons d’autre choix que de clarifier le sens véritable du Kokutai, qui forme la source de l’éducation, et d’en tirer les conséquences nécessaires au sujet de l’individualisme et de la pensée abstraite.
Nous pouvons ainsi trouver le point commun de la pensée moderne occidentale qui se retrouve et se décline dans de très différentes spécialités, comme l’éducation, la recherche, la politique ou l’économie : leur même source est l’individualisme. Il ne faut pas nier qu’un apport de la culture individualiste est de faire prendre conscience des talents et valeurs individuels, tout en développant et exaltant ces talents et capacités. Mais il est tout aussi clair que l’individualisme, comme en témoigne la réalité occidentale, provoque inexorablement et fatalement l’opposition d’individus à individus, puis, par extension, entre classes et constitue le ferment de nombreux ébranlements et problèmes dans la vie sociale quotidienne et la vie publique quotidienne. Même en Occident, de nombreux mouvements ont émergé pour corriger les excès de l’individualisme. Le communisme et le socialisme, comme l’individualisme citoyen, sont de cette sorte qui s’oppose à l’individualisme de classe, nationalisme et étatisme comme le fascisme et le nazisme sont aussi des mouvements et des pensées nées de la même réaction [à l’individualisme intégral].»[1]
Un talent tout traditionnel consiste à savoir prendre le bon et à rejeter le mal, mais pour cela il faut déjà être bien sûr de ce qui est bon et mal, et posséder une volonté suffisamment forte pour affirmer que « le bien est bien et le mal est mal », tout en restant réaliste et conscient de la réalité. Le Japon résout dans le service, l’abnégation, et le don de soi au dessein royal – qu’il faut comprendre au sens de dessein divin, de la royauté du Christ sur cette terre, en termes chrétiens – les mauvaises inclinations vers la démesure et l’individualisme. Nous retrouvons aussi la négation de la vision de la société atomique pour réaffirmer la vision traditionnelle des corps intermédiaires, soit de la superposition des sociétés et le fait naturel que toute personne fait par force partie de plusieurs sociétés, à commencer par la famille, comme le rappelle les premières pages d’un Maurras dans « Mes idées politiques », chose au fond logique et de bon sens : nous vivons au centre de liens au monde, aux hommes et au divin, dernier lien qui reprend, sublime, concentre et renforce tous les autres, puisque la création est la création de Dieu. On peut aussi voir ces liens comme la vie ou la vitalité. La bonne éducation, alors, en plus d’édifier et de faire des bons hommes visent à enrichir et renforcer ces liens – la signification première de religion qui est de relier – dans l’idée du service, à l’exclusion de tous les –ismes. L’instruction n’est pas à refuser, juste à remettre à sa place. L’essentiel et le secondaire doivent être remis dans le bon ordre.
Le Roi doit être remis au centre, puisqu’il est le lieutenant de Dieu, ce qui revient à remettre le divin au centre. Le reste est secondaire pour la restauration de la France, puisque la restauration est au fond l’édification-l’éducation de la France : une restauration superficielle est inutile, il nous faut nous édifier, et bien édifier ceux qui sont à notre charge, dans l’essence traditionnelle. Que cela prenne du temps ou pas, seul l’avenir nous le dira, mais dans tous les cas, ce n’est pas automatique, ni immédiat, mais demande beaucoup d’efforts sur soi d’abord. Le Roi est là pour nous montrer la Voie.
Pour Dieu, pour le Roi pour la France,
Paul de Beaulias
[1] Vrai sens du Kokutai, Conclusion