L’éducation intégrale (Petit cycle sur l’éducation 2/3)
Nous proposons trois courtes réflexions sur l’éducation qui nous semblent clefs
Article 1: L’éducation à la maison: alpha et omega de toute éducation saine
L’éducation n’est pas ainsi l’instruction, comme nous l’avons vu dans le premier article, et s’opère avant tout dans la Maison, centre de l’éducation qui fait des hommes faits et des hommes bons.
Cette éducation, véritable édification des âmes, se doit d’être intégrale : elle ne concerne pas que les enfants, mais tous les âges, pas qu’un seul domaine comme l’instruction, mais tous les domaines de la vie spirituelle et charnelle, abstraite et pratique.
Vous me direz : c’est quoi ce totalitarisme ? cet intégrisme ? Non, point. Rien de totalitaire ni d’intégriste. Juste intégral et intransigeant sur les principes, mais doux dans la pratique – comme la confession d’ailleurs, l’abbé devant être dur dans les sermons, doux dans le confessionnal.
L’éducation intégrale n’est pas totalitaire pour plusieurs raisons. D’abord elle se fait en Maison, sans interférences de l’État-monstre-machine inhumaine. Un système totalitaire ne supporterait pas une seconde de confier à un corps intermédiaire, et encore moins à la Maison, l’éducation de ses enfants, qu’elle veut formater et non pas édifier. Ensuite, l’éducation intégrale considère le chemin infini, et se fonde sur la conversion libre et volontaire des cœurs : c’est-à-dire l’usage de la volonté de la personne qui veut grandir dans le chemin de la bonté, dans le service à Dieu, dans le service et la bonhommie est essentielle. On ne peut devenir bonhomme, gentilhomme qui si on le veut positivement et fortement : un système totalitaire déteste les gens édifiés car ils agissent non pas en fonction des ordres humains, selon un schème logique très pratique pour les manipulateurs, mais selon les bons principes, selon l’inspiration divine, et sont donc incontrôlables, comme un chevalier véritable, à l’opposé du soldat docile, très obéissant, le chevalier lui sait obéir sans servilité, et faire remontrance sans rébellion – ce qui correspond aujourd’hui, pour prendre un exemple plus proche, à l’intransigeance d’une certaine fraternité, la plus fidèle du monde au pape et à l’Église, mais intransigeante sur les principes, sans que cela soit contradictoire. Là où l’éducation traditionnelle exhorte au bien, l’éducation moderne force à être libre… Ensuite l’éducation intégrale ne peut pas être totalitaire puisque le référent, divin, est transcendant, et si les hommes peuvent dire ceci ou cela, seul Dieu a le dernier mot – mais aucun homme ne peut avoir la prétention d’épuiser toute la vérité et de se poser, ou de poser une théorie comme la référence absolue. Cette démesure est interdite, et l’homme, conscient de sa limite, reste homme. L’éducation intégrale, justement parce qu’elle est intégrale est encore synthétique dans son essence, et n’isole pas une partie de l’homme, mais le prend dans son entier, et donc dans sa pluralité et sa diversité qui ne peut jamais se réduire à une seule dimension, en invalidant dès le départ tous les –ismes et les dangers d’une abstraction effrénée, incluant aussi le réel et la pratique. Elle sublime les personnalités qui deviennent toutes des perles uniques dans un commun service au dessein divin.
Donc, oui, intégral pour sûr, mais certainement pas totalitaire.
En pratique, me direz-vous, que faire ? L’opuscule ne donne pas de recettes, et heureusement. Les principes, oui, les recettes, non. Car une recette se rapproche du schéma logique que chérissent révolutionnaires et systèmes robotiques de lavage de cerveau. Il peut exister des astuces et une sagesse coutumière fondée sur une longue expérience mais certainement pas des recettes. Ce qui compte, c’est qu’incarner quelques principes, dont le premier est l’amour, l’amour divin bien sûr, qui pense au bien véritable de l’autre, seule façon de pouvoir punir dans la charité par exemple. Oui, la charité, autre nom de l’amour véritable, comme racine de toute éducation :
« En fin de compte, le sens du mot « enseigner » se rapprochait de celui de « aimer » et rappelait l’importance d’enseigner dans la tendresse et la miséricorde : l’éducation des hommes ne peut se fonder que sur le caractère naturel aimable des hommes, leur aptitude à aimer et à prendre pitié, dans le respect de la Voie [Foi]. “Guider” ne signifie rien d’autre que de mener ses disciples à trouver et à accomplir la Voie [la Foi]. Comme le Tennô Meiji nous le rappela dans son « Exhortation royale sur l’éducation » l’essence de l’éducation dans notre pays consiste d’abord à suivre le Kokutai, à honorer l’esprit de la fondation du royaume et à servir ardemment le destin royal. C’est pourquoi l’éducation individualiste qui prône l’accomplissement de l’ego ou la réalisation de sa personnalité et toutes ses dérivées qui ne cherchent simplement qu’au développement et l’accomplissement de l’individu est de nature différente de notre éducation propre. L’éducation de notre nation n’est pas ainsi celle qui ne vise qu’à réaliser l’individu selon ses capacités et ses volontés individuelles, sans aucun lien avec la Maison nationale ; elle est au contraire celle qui cherche à incarner et réaliser la Voie de notre pays. Une éducation qui se contenterait d’être tolérante envers la créativité individuelle et qui chercherait avant tout à développer les individualités, si nous ne nions pas qu’elle puisse avoir ses qualités, a le défaut de tomber irrémédiablement dans le despotisme partial et relatif de l’individu, puis de dégénérer dans une éducation laxiste et dévergondée. Cette philosophie de l’éducation vient facilement se percuter à l’essence de la nôtre.
Une bonne éducation n’existe que si savoir et pratique sont unis et ne font qu’un. Une éducation qui ne se préoccupe que de savoir et d’intellect, conduit forcément à une carence d’accomplissements et de réalisations chez tout un chacun, blesse et contredit la véritable nature de l’éducation dans notre pays. Il faut que tout le monde sache que l’essence et le sens fondamental de notre éducation nationale consistent dans cette fusion du savoir et de la pratique, qui mène à accomplir la Voie établie lors de la Fondation de notre royaume. Les nombreux savoirs et les théories ne prennent chairs et réalité que dans leur accomplissement et leur réalisation, et c’est à ce moment seulement que nous pouvons nous convaincre du profond rapport avec le Kokutai qui se trouve au fond des sagesses et savoirs unis à leur réalisation concrète. De la même façon les convictions populaires et leur accomplissement trouvent leur vérification profonde, leur affermissement et leur développement dans les savoirs théoriques, et c’est pourquoi dans l’éducation de notre pays il est tout aussi essentiel d’encourager et de soutenir les savoirs scientifiques et théoriques. Il ne faut simplement pas les éloigner et les isoler de l’accomplissement concret et des convictions populaires, seule façon qu’ont les savoirs théoriques de pouvoir réellement contribuer à notre culture nationale. C’est pourquoi si d’un côté il faut soutenir la spécialisation et le développement des sciences, il faut en même temps, et concomitamment, travailler à leur synthèse, [à leur intégrité et moralité d’ensemble], en estimant au plus haut point les réalisations concrètes, en soulignant que tout savoir a pour vocation un accomplissement réel. C’est cette dynamique fondamentale qu’il faut protéger et déployer. »[1]
Tout est dit encore, dont la dénonciation de l’individualisme, source de tous les maux modernes dans l’instruction, avec une faux respect des particularités qui dégénèrent forcément en compétition, opposition et relativisme, là où l’éducation traditionnelle, centrée en Dieu, permet le véritable accomplissement de chaque personnalité, par le service; mais aussi la dénonciation de la séparation de la pratique et de l’abstrait, une faute immense vue que toute éducation a vocation à s’incarner dans sa vie – puisque nous sommes mortels- que nous menions des vies contemplatives ou non – mais au fond le moine contemplatif incarne et œuvre tous les jours dans ses œuvres ses activités spirituelles, et l’homme dans le monde tente de vivre spirituellement dans des œuvres en cessant le mondain ; et aussi la salutaire dénonciation de la spécialisation, si dangereuse pour l’esprit humain – comme le dit la célèbre formule, l’erreur est le plus souvent une vérité partielle qui ignore l’ensemble de la vérité, et c’est en cela qu’elle est fausse.
Et il nous faut des guides. Les prêtres relaient l’enseignement hérités de Jésus-Christ et nous mettent en relation avec Dieu grâce aux sacrements. Le Roi, lui, est notre guide sur la Voie divine, la Foi dans le Christ, et en tant que lieutenant de Dieu sur terre, accomplit l’incarnation du bien dans ce monde, en encourageant et exhortant tous les sujets à faire de même, à incarner le royaume céleste dans notre vie terrestre.
Pour Dieu, pour le Roi pour la France,
Paul de Beaulias
[1] Vrai sens du Kokutai I,5