Bravo les anciens !, par Antoine Michel
Je n’ai que trente ans, mais déjà on peut sentir que le corps ne suit plus comme avant : que d’énergie utile nous n’usions pour rien et sans même s’en rendre compte !
La force de travail d’un ancien qui même à 60 ans ou 70 ans est régulier dans son travail est digne d’un respect d’autant plus important qu’il est difficile à connaître lorsqu’on est jeune : étant en forme normalement, on ne peut pas se rendre compte dans sa chair des souffrances cachées et des fatigues infinies de la vieillesse qui s’approche de la mort.
Fournir un même effort à 70 ans ou à 20 ans est bien plus méritoire à 70 ans qu’à 20 ans. Evidemment l’expérience aidant les dépenses d’énergie inutiles diminuent, mais quand même : là se joue l’importance d’une bonne éducation qui réduit ces dépenses inutiles et accumulent l’expérience dès le plus jeune âge, permettant ainsi d’user de la vitalité appelée à diminuer au mieux et au plus tôt ! Les grands hommes n’ont rien fait d’autre : régularité, expérience et opiniâtreté.
Ce n’est pas ce que nous voulions souligner ici : nous voulions souligner pour les plus jeunes combien est méritoire le travail d’un vieux. Cela est difficile à réaliser au début, et nous devons confesser que nous ne le réalisions nous-même pas du tout, car, en étant jeune, on reste peu soumis aux souffrances de la chair. Et puis nous nous disions que finalement, avec l’expérience, c’est facile d’en imposer à des ignorants et à des bleus. Trente ans ou quarante ans d’expérience feront toujours bien plus le poids qu’un quelconque talent inégalé ! Disons qu’un talent exploité de façon régulière sur le long terme fait naître le « génie », ce que nous avons oublié aujourd’hui, mais passons.
Imaginez votre corps qui ne vous suit plus, et que chaque mouvement ou effort même intellectuel vous coûte moralement bien plus qu’à vos 15 ans par exemple. Entamer quelque chose, faire un mouvement, produire une œuvre vous fatigue bien plus, quelque soit votre efficacité et votre expérience.
Quand on est jeune, on peut rater, rater et rater, mais il est facile de recommencer, de passer une nuit blanche et compenser l’inexpérience par le temps dépensé et l’énergie… En vieillissant c’est l’inverse, et chaque effort supporté sans gémir embellit la vieillesse dans des mérites qui peuvent être fantastiques ! D’autant plus grands qu’ils sont invisibles à l’extérieur. Et seul le fait de vieillir soi-même permet de se rendre compte des mérites de certains de nos anciens que l’on ne remarquait pas forcément bien sur le moment, quand on était dans la fleur de l’âge – comme on dit.
Une heure de prière à genoux pour un enfant de 15 ans est peut-être moralement plus difficile, mais physiquement parlant, c’est bien plus facile que pour le vieux de 80 ans aux genoux cagneux !
Alors chapeau les anciens !
D’où l’on comprend aussi que vivre longtemps n’est pas une sinécure ni une bénédiction pour celui qui a la foi, et qui criant de péché mortellement à chaque moment, et qui craint d’être plus comptable devant le juge suprême du fait même de la longueur de sa vie, car il faut être plus méritoire pour ne pas faillir ! Nous connaissons malheureusement aussi tous ces vieux minables qui n’assument aucune des souffrances qui leur sont données dans leur longévité…
Et on comprend mieux pourquoi mourir jeune ou en martyre a toujours était une grande grâce et vue comme telle.
Pour Dieu, pour le roi, pour la France
Antoine Michel