Révolution ou trompe l’oeil ?
Chers amis,
Depuis ce mardi 9 avril, le nouveau Premier ministre de notre pays a lancé son train de réformes. Encore un !
Si M. Valls ne m’avait pas déjà profondément déçu, je vous inviterais à l’écouter avec confiance et à le suivre. Aujourd’hui, considérant que l’on juge les hommes sur ce qu’ils ont fait pour anticiper ce qu’ils feront, je vous convie à l’observer avec prudence et à vous ériger en censeurs de sa politique, afin de le rappeler à l’ordre de ses devoirs.
Qu’a promis Manuel Valls ? Des aménagements fiscaux très importants pour libérer le travail et l’emploi de son fardeau. Il souhaite alléger le coût du travail de 30 milliards d’euros sur les deux prochaines années. Comment compte-t-il s’y prendre ? D’une part, premier élément de poudre aux yeux, seuls 10 milliards proviendront de ses mesures, puisque 20 milliards de réductions de charges sont déjà prévus par le fameux “pacte de responsabilité” qui se mettra en place dans les prochains mois. Les mesures envisagées par M. Valls sont les suivantes :
Il souhaite diminuer les cotisations familles pesant sur les employeurs de 1,8 point. Cette mesure s’appliquerait à tous les salaires compris dans une fourchette montant jusqu’à 3,5 fois le smic, soit près de 90% des salaires français. Cette diminution de charges serait de 3 points pour les commerçants, artisans et professions libérales, ainsi que la restauration.
Pour tous les salaires égaux ou inférieurs au SMIC, les cotisations patronales seraient supprimées. Geste magnifique quand on sait qu’elles correspondent à une trentaine d’euros par mois…
L’impôt sur les sociétés, qui pèse actuellement à hauteur de 33% des bénéfices des grandes entreprises, diminuerait à 28%.
La contribution sociale de solidarité des sociétés serait supprimée purement et simplement.
Enfin, il compte abaisser les charges pesant sur les salariés au SMIC, dès l’an prochain.
Quel est le sens de ces mesures ?
Il s’agit, évidemment, d’abaisser le coût du travail en diminuant les salaires bruts sans toucher aux salaires nets et donc au pouvoir d’achat. En d’autres termes, le Premier ministre prétend vouloir améliorer la compétitivité de l’emploi français sur le marché européen, sans diminuer le poids du marché intérieur.
Concrètement, cela signifie 30 milliards d’euros de recettes en moins pour l’Etat. Vulgairement, j’ai bien envie de crier : “Chiche !”
En effet, pour maintenir la protection sociale, il faudra trouver ces 30 milliards de recettes ailleurs. Où ? Sur les ménages ? Ils sont déjà écrasés et de nouveaux prélèvements ne donneraient pas un sou de plus, on l’a bien vu cette année où les augmentations d’impôts n’ont pas rapporté l’argent escompté. Par l’emprunt ? L’Etat est sur-endetté, surveillé par l’Union européenne, le FMI et l’Allemagne.
Il ne reste qu’une voie ; plonger à pleines mains dans une cagnotte qui n’existe pas encore, celle des 50 milliards d’euros d’économie que l’Etat veut réaliser d’ici 2017, en coupant dans ses dépenses, celles des collectivités territoriales et de la sécurité sociale.
Alors de deux choses l’une ;
– Soit Manuel Valls et François Hollande nous enfument, et ils comptent compenser 30 milliards d’euros de recettes en moins virtuelles sur 50 milliards d’économies tout aussi virtuelles, ce qui revient à réaliser seulement 20 milliards d’économies.
– Soit ils se sentent pousser des ailes et comptent bien additionner les deux sommes. Dans ce cas, ce sont 80 milliards d’euros qu’il faudra économiser d’ici 2017.
La deuxième solution me semble improbable, car cela correspond à un courage dont nos deux gouvernants sont dépourvus. En effet, pour y parvenir, il faudra couper violemment dans les dépenses sociales, le ministère le plus dépensier, à savoir l’éducation nationale, les dépenses des collectivités territoriales, les doublons administratifs, et enfin annuler des dettes, c’est à dire mettre des banques dans l’embarras en refusant de leur rembourser des emprunts.
Ce sont des solutions extrêmes, mais nécessaires au retour à l’équilibre des comptes publics.
En effet, notre pays n’a pas voté un seul budget à l’équilibre depuis 1980. Depuis cette année, il dépense chaque fois plus qu’il ne gagne et se renfloue sur l’emprunt. Cette situation est vicieuse et intenable, elle hypothèque l’avenir du pays et des enfants de France.
Ceux qui acceptent avec insouciance cet état de fait sont une sorte de criminels.
C’est là que je veux en venir; actuellement, le budget de l’Etat est en déficit structurel de 60 milliards d’euros chaque année, soit 925 euros par Français (A mettre en rapport avec nos presque 2000 milliards de dette représentant 30 000 euros par tête). L’objectif du gouvernement n’est pas de rétablir l’équilibre, mais de rendre le déséquilibre supportable, autrement dit, d’entretenir une situation foncièrement préjudiciable pour la France.
Les 50 milliards dont on nous rabat les oreilles, ne sont pas un total annuel d’économies, mais un total d’économies sur trois ans. Autrement dit, sur les 60 milliards annuels de pertes, ce n’est rien du tout. Or, c’est bien là ce qu’il faut chercher à faire. Il faut chercher à réaliser 60 milliards d’euros d’économies par an, sans augmenter les impôts d’un seul centime, afin de progressivement rétablir l’équilibre des comptes, désendetter l’Etat et consacrer à l’allègement de la fiscalité les 46,9 milliards d’euros utilisés chaque année pour rembourser nos dettes !
Mais M. Valls, qui est-il ? Il est l’ancien maire d’Evry qui a augmenté de moitié les impôts dans sa commune pour faire face au sur-endettement dont il est lui-même l’auteur. Et savez-vous dans quel domaine sa commune a le plus augmenté ses budgets lorsqu’il en était maire ? Dans le service de la communication du maire… Il est l’ancien chargé des relations avec la presse de Lionel Jospin, avec les brillants résultats que l’on sait. Il est l’ancien ministre de l’Intérieur auquel nous devons l’explosion de la délinquance que nous vivons depuis 2012, s’inscrivant dans la ligne désastreuse d’un grand nombre de ses prédécesseurs. Il est un homme d’appareil qui parle aux entreprises mais n’a jamais exercé d’autres fonctions que celles de membre salarié du Parti socialiste et d’élu, autrement dit de rentier de la politique.
Voilà l’homme qui nous promet, à la Churchill, “du sang de la sueur et des larmes”.
Mes amis, parce que nous sommes Français et avons le goût de vivre, rions ensemble de cette nouvelle farce. Cela vaut mieux que de pleurer.
Et puisque nous ne pouvons décidément compter que sur nous-mêmes, retroussons nos manches et préparons notre propre avenir !
Charles