L’Orient, la Chrétienté du berceau à la tombe
Il m’arrive de me demander parfois si les journalistes français ont du cœur pour autre chose que le pré-carré idéologique de leur patrie, la “Germanopratie” ? (pardonnez-moi ce néologisme). Après avoir fait quelques jours la une des journaux en août alors que 80 églises étaient incendiées, les chrétiens coptes sont retombés dans l’oubli. Au moins en étaient-ils sortis, à la différence des chrétiens de Syrie, dont les médias n’ont que faire.
Les reporters internationaux semblent même découvrir, au détour des événements, qu’il existe des chrétiens en Orient. Ecrasés dans le couloir étroit de leur inculture, ils fantasment un monde étranger, où l’Occident serait multiculturel et post-chrétien, mais sans islam autre que folklorique et mignonnet ; et où l’Orient serait intégralement et exclusivement musulman, avec de temps à autres quelques minorités visibles sympathiques, mais à condition qu’elles aussi soient musulmanes, comme les bédouins ou les druzes.
L’Occident oublie un peu vite, dans ces conflits du Proche-Orient, qu’il s’agit du berceau de la chrétienté. Que les Palestiniens latins mettent leurs pas dans ceux du Christ, que la Syrie était organisée en évêchés et en patriarcats avant qu’il n’y eût des martyrs à Lyon.
L’Occident oublie un peu vite que ces communautés chrétiennes représentaient 20% de la population en Turquie en 1900, 0.1% aujourd’hui ; 20% de la population irakienne à l’époque de sa royauté en 1958, 3 à 4% aujourd’hui, que si le Liban est encore à 40% chrétien, 40% des chrétiens ont quitté le pays depuis 1975. Dans tous ces pays, ils sont des citoyens de seconde zone. En Egypte, où ils représentent encore 10% de la population, les massacres, les intimidations, les vexations sont légions, tout comme en Syrie et en Irak. En Terre Sainte même, les chrétiens palestiniens sont pris entre deux feux, méprisés par les Israéliens, haïs par les musulmans. Dans ces soit-disant révolutions arabes, les islamistes les ont accusés d’être les collaborateurs des anciens régimes.
Il y a autant de chrétiens d’Orient exilés en Europe et en Amérique qu’il n’en reste en Orient. C’est à la mort de la chrétienté orientale que nous assistons, dans l’indifférence d’un Occident qui ne se soucie de rien d’autre que de son plaisir immédiat. Mais ces communautés qui s’accrochent, qui perpétuent la vie dans des territoires hostiles, sont des symboles de résistance au présumé sens de l’histoire. Dans un monde de guerre, elles sont des témoins de paix.
Notre devoir de Français, notre devoir d’Européens, est de les soutenir, avec les moyens qui sont les nôtres, humainement, financièrement, intellectuellement.
Lorsque je vois le soleil se lever sur le Saint-Sépulcre, mon âme tressaille de joie. Lorsque je sais que dans l’indifférence meurent des enfants chrétiens en Syrie et en Egypte, comme il en mourait au Liban il y a quelques années à peine, mon âme pleure des larmes de sang. Le silence des médias sur cette grave question me glace d’effroi. Je voulais vous faire partager ces faits, cette réalité, car nous ne devons pas nous taire.
En vous parlant, “je fais ce que je dois”.
Charles