L’Assomption de la Vierge est le signe du mystère français !
« Chez nous Soyez Reine, nous sommes à vous, régnez en Souveraine, chez nous, chez nous ! » Ce cantique résonne aujourd’hui en France !
Il existe ce beau cantique de Pontmain qui dit « Souvenez-vous Marie, qu’un de nos souverains, remis notre Patrie, en vos augustes mains ».
Aujourd’hui, la Chrétienté se tourne vers la Vierge Marie dont elle rappelle l’Assomption. Plus encore, la France se rappelle que Louis XIII consacra sa personne, son royaume et ses sujets à la Vierge. Cette Assomption est la mémoire d’une figure paradoxale. En effet, si la Vierge est présentée comme totalement humaine car créée par le Père, élevant son fils et souffrant de le voir agoniser, elle est aussi la première des créatures et a été sauvegardée du péché originel, reçoit la visite de l’un des archanges de la Face -Gabriel- et est donc élevée au Ciel. Elle est honorée par les catholiques romains comme Mère de Dieu, Mère des hommes, Reine de l’univers, Maîtresse des Anges et Patronne de toute la Création, c’est dire l’importance que revêt cette incomparable Reine.
Qu’est-ce que l’Assomption ? Le verbe « assumere » signifie “enlever” et “prendre”… C’est en 1950 que le souverain pontife Pie XII décide d’établir l’Assomption comme un dogme : “l’Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste”. Pie XII établit pour dogme divinement révélé un mystère qui n’est pas présent dans l’Ecriture mais qui est célébré depuis le IVe siècle, développé notamment par saint Ephrem puis qui serait arrivé en Occident par Grégoire de Tours. Ce dernier mentionne cette tradition qui n’est pas retenue car apocryphe.
En Orient, saint Jean Damascène affirme que Juvénal, évêque de Jérusalem, lors du Concile de Chalcédoine, aurait dit que la Vierge serait morte au milieu des Apôtres sauf Thomas. Une autre tradition affirme que la Vierge aurait été élevée au Ciel à Ephèse, et que l’apôtre Jean à qui Jésus confiait Marie, aurait été présent.
Si ces traditions sont sans sources sûres, le fait que le 15 août est depuis longtemps la principale fête de la Vierge est une certitude. L’empereur byzantin Maurice instaure au VIe siècle ce jour comme célébration de la dédicace d’une église dédiée à la Vierge élevée au Ciel. Un siècle plus tard, le pape Théodore instaure cette date comme jour de la Vierge, le quinze août est cité en 813 au Concile de Mayence sous le nom d’Assomption et devient une fête d’obligation, c’est-à-dire que le peuple chrétien est tenu d’assister à la messe ce jour.
La Vierge est honorée comme Mère de Dieu et de l’humanité durant des siècles pour sa vertu et son abandon face à la Révélation. De grands saints seront habités par l’exemple marial, Louis-Marie Grignon de Monfort en est un parfait exemple par son traité de dévotion à Marie. En France, le principal patron est encore l’Archange Michel, premier des Anges et défenseur de la foi et image idéale de la créature. Cependant, en 1638 le roi Louis XIII décide d’honorer la Mère de Dieu comme patronne principale.
Pour comprendre ce qui va être le Vœu de Louis XIII, il faut remonter en 1637 : alors qu’il est à Abbeville, le roi décide de consacrer une lampe à perpétuité (rite hérité des Juifs) à la Vierge dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Reconnaissant à Marie d’avoir protégé le royaume contre les invasions, il lui confie son vœu d’avoir un héritier et assurer l’avenir du sol français. Après vingt ans de mariage, le roi n’a toujours pas eu d’enfant. En novembre 1637, Louis XIII consacre la France à la Vierge, il le signe le 10 février 1638. Ce Vœu commande à chaque paroisse d’organiser une procession le quinze août et le roi y promettait de faire construire un maître-autel et une sculpture à Notre-Dame de Paris. Ce sera son fils qui fera faire une sculpture, réalisant ainsi la promesse de Louis XIII, mort avant de pouvoir la faire réaliser. Ainsi, le royaume de France, réputé être le royaume de Marie, honore celle-ci comme patronne et se consacre à elle. La lettre patente du Roi Très-Chrétien dit : « prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre état, notre couronne et nos sujets ».
En 1950, l’Assomption devient donc un dogme. Le pape Pie XII met en lumière une fête votive très populaire dans le monde chrétien, en France comme en Amérique du Sud. Par la Constitution apostolique « Munificentissimus Deus », le pape affirme ce qui est toujours le dernier dogme catholique. Ce qu’il faut retenir de l’Assomption est le caractère paradoxal de cette fête : la Vierge est humaine mais Dieu l’a établie comme l’être le plus proche du mystère divin. La proclamation de ce dogme est donc possible car elle est faite près d’un siècle après celui de l’Immaculée Conception par Pie IX. En effet, si la Vierge a été conçue sans la souillure du péché originel, elle peut avoir été élevée au Ciel, ce que les églises orientales nomment Dormition de la Vierge. Enfin, le fait que Marie soir élevée « corps et âme à la gloire céleste » rappelle que seule elle n’a pas connu la mort au sens de la souillure de la chair. Toute créature est en effet soumise à la mort puisque même Jésus est mort, et aucune créature n’est supérieure au Christ : la Vierge est une exception mais reste une créature.
C’est ce paradoxe, ce mystère qui établit en France et pour l’Eglise entière la Vierge comme première sainte, car cette nouvelle Eve a rendu profondément humain et divin le plan de Dieu. C’est pour cela que la petite Marie a pour titres :
Ces titres mariaux sont ceux des litanies dédiées à cette auguste Mère. On peut aussi y rajouter ceux qui font d’elle la patronne de tant de peuples, de terres, de métiers, d’occupations… Tout cela pour Marie ?! Oui, car Marie est digne de toute cette gloire céleste par l’humilité terrestre qui fut la sienne.
Pour nous, français, Marie est aussi notre Reine. Elle qui est aujourd’hui honorée par de virils cantiques qui évoquent la gloire de cette femme par qui Dieu s’est dévoilé, est aussi la Vierge de la douceur ultime. A Marie, pleine de puissance et d’humilité tout à la fois, je confie la France et son Roi, imitant ainsi avec maladresse un souverain qui, un jour, se souvint de cette Vierge sainte.
Ad Ihesum per Mariam !
Charles d’Antioche