Editoriaux

Gouvernement des régions ; y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Chers amis,

Les résultats des élections régionales sont tombés hier. Sept régions métropolitaines passent à droite, cinq restent à gauche, et la Corse va aux nationalistes. En Outre-Mer La Réunion est pour la droite, la Martinique pour des régionalistes, La Guadeloupe et la Guyane à la gauche. Le Front national, quant à lui, n’emporte aucune région, contrairement à ce que l’on pouvait penser, puisqu’il était en tête dans six régions au premier tour.

Si l’actuelle majorité parlementaire n’avait pas réduit le nombre de régions, sans doute en aurait-elle perdu bien plus encore…

A la vérité, ces résultats m’intéressent peu. Je me réjouis, certes, à titre personnel, de la victoire de la liste emportée par Madame Pécresse en Île-de-France, région où je réside habituellement. Mais ce n’est pas l’essentiel.

Durant cette semaine d’entre-deux tours, ponctuée par deux soirées électorales où les principales têtes de listes et les chefs de grands partis ont pu s’exprimer, deux faits ont retenu mon attention et apparaissent bien plus importants que l’issue immédiate du scrutin ;

– Nul n’a parlé de ce qu’il comptait faire, concrètement, pour gouverner sa région ou les régions en générale, que ce soit en rupture avec la majorité en place ou en continuité avec elle. Pourtant, le pouvoir des régions, dans nos vies quotidiennes, est non négligeable. Celles-ci ont la haute main sur les lycées publics et privés, sur le réseau ferroviaire local, les ports et aéroports, l’action économique publique dans la région, les subventions accordées à un nombre important d’associations, etc. Un président de conseil régional volontaire peut modeler son territoire, en bien comme en mal, autant qu’un maire ou président de conseil général. On l’a vu, avec des hauts et des bas, en Languedoc-Roussillon jadis, sous la présidence de Georges Frêche. Celui-ci avait ses défauts, son intransigeance idéologique, ses idées préconçues, sa mégalomanie aussi, mais il a véritablement façonné sa région, durant ses années de présidence.

Ici, il ne fut jamais question du gouvernement concret des territoires. C’est pourtant bien pour cela que les Français ont voté.

Cette absence illustre le désintérêt que nos politiques ont pour les mandats qui leurs sont confiés, dans la plupart des cas et leur méconnaissance des réalités locales qu’ils prétendent défendre. Pour les grands partis et leurs leaders, dominer un conseil régional est un gain d’influence politique en vue des élections présidentielles. C’est aussi et surtout un gain d’argent par le biais du financement public des partis politiques.

Mais nous, Français de la rue, ce que nous souhaitons, ce n’est pas que nos partis soient plus ou moins financés. Ce que nous attendons, c’est d’être gouvernés, efficacement, courageusement et concrètement.

– Le deuxième point qui a attiré mon attention rejoint le premier sur un autre domaine, celui de la langue française. Hormis quelques exceptions comme Gilbert Collard, Alain Juppé et Jean-Luc Mélenchon, j’ai été abasourdi par la vulgarité et la médiocrité d’expression de la quasi-totalité de nos hommes politiques. Or, il est évident que ceux-ci ont en réalité une capacité d’élocution claire et digne nettement supérieure, de par leur milieu d’origine, leur âge et leur niveau d’études, ainsi que par les fonctions qu’ils occupent ou ont exercé et les hommes qu’ils ont dû côtoyé dans ce cadre. Ce que la déduction logique me fait écrire ici est renforcé par mon expérience personnelle de la rencontre avec ces personnages. Ces hommes et femmes politiques savent, en vérité, s’exprimer dans un français impeccable et châtié. Leur nullité syntaxique, dans les médias, est destinée au peuple, pour se faire comprendre de lui. En somme, ils considèrent les Français comme de parfaits crétins. Cela rejoint le mépris dans lequel ils les tiennent en négligeant de parler du gouvernement des régions, mais simplement de cuisine politicienne.

Aujourd’hui, il est évident que nul homme politique d’envergure ne peut plus disposer de la confiance des Français, et que ses paroles, quelles qu’elles soient, ne peuvent plus que le desservir. Un homme politique n’a plus que deux choses à accomplir ; faire son mea culpa pour son impéritie passée, et agir concrètement, par ses décisions et actions lorsqu’il est en position de gouverner, par ses propositions effectives (sous forme de motions ou de propositions de lois pouvant dont être appliquées, et pas seulement par des discours) lorsqu’il est dans l’opposition, même si son courage, sa clairvoyance et son action au service de la nation doivent lui coûter son siège de député ou de maire. Il aura agi efficacement et réellement pour l’intérêt des Français. A Neuilly-sur-Seine, M. Fromantin, en quittant l’UDI au soir du premier tour de ces élections, et en reprenant ainsi sa liberté, a tracé une voie tout à fait intéressante pour ceux qui souhaitent agir réellement et dans cette optique doivent se détacher des camarillas qui organisent la vie politicienne, malgré le fait que le système partisan actuel fasse tout pour éviter l’émergence de nouvelles forces.

Le général Daboval, officier sorti du rang, avait coutume de dire : « Ce sont les actes, non les paroles, qui font les vraies fidélités ».

En nous inspirant de lui, nous pouvons dire : ce sont les actes, et plus les paroles, qui referont le lien de fidélité entre les Français et ceux qui président à leurs destinées.

Ne perdons pas espoir!

Charles

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