La fête du respect des anciens
Le 16 septembre au Japon est un jour férié : le pays célèbre le respect pour les personnes âgées, les anciens. On aimerait bien avoir ce genre de fête chez nous aussi !
La piété filiale, oui, c’est la base de la société. Comment la modernité a-t-elle pu à ce point dissoudre la société au point de lui faire oublier que nous sommes avant tout des héritiers, tributaires pour avoir reçu la vie de la collaboration de nos parents à notre génération, de Dieu pour notre création, de la famille et de la société pour notre subsistance.
La piété filiale, c’est bien la 4ème commandement, le premier de ceux qui ne concernent pas Dieu ou la religion directement : c’est le donc le premier des commandements naturels, que toute société saine a toujours respecté au plus haut point.
Nos aînés nous ont fait en quelques sortes, ils nous rappellent que nous ne sommes pas des isolés, mais que nous sommes un minuscule maillon d’une immense chaîne, minuscule et insignifiant, et en même temps si important, puisque de la solidité d’un seul maillon dépend l’intégrité de toute la chaîne : nous sommes de passage sur cette terre, mais nous sommes aussi des passeurs à nos descendants de ce que nos ascendants nous ont donné de bon, à commencer par l’Ascendant suprême, Jésus-Christ, qui ne donne que du bon.
La Cité comme on dit, le protecteur du bien commun, devrait forcément et toujours appeler, exhorter à respecter les anciens, cette hiérarchie naturelle de l’expérience et de la croissance.
Nous savons, hélas, que nous avons la malchance de vivre à une époque où beaucoup « d’anciens » ne sont pas des exemples et des modèles de sagesse ni de vertu, voire même que la génération vieille dans tous les sens du terme est celle qui a activement ou passivement détruit la société civile – modernisme, hédonisme, égoïsme, malthusianisme – et ecclésiale – modernisme, libéralisme, relativisme, compromissions avec le monde. Il y a de nombreuses exceptions, grâce à Dieu, mais ces exceptions ne font que mettre en relief les destructions orchestrées par les générations anciennes, activement ou à leur corps défendant.
Combien d’entre nous revenons à la Foi dans le Christ, à la fidélité au Roi, en réaction à la propre éducation qu’ils ont reçu ? Combien d’entre nous reviennent à l’église dans le rite de toujours en réaction à la messe blasphématoire dans laquelle nous avons été souvent élevés ?
C’est paradoxal, mais c’est providentiel : car nous avons quand même reçu beaucoup, à commencer la vie, par nos parents, et des graines partout. De plus, cela est l’occasion providentielle de pratiquer toute notre piété filiale, pure de toute compromission, dans la vénération et le respect dû sans acceptation des erreurs et sans servilité. Chemin difficile mais si beau. Nous montrerons que nous sommes conscients de nos devoirs.
L’homme est ingrat de nature. Ce n’est pas pour rien peut-être que nous n’avons aucun souvenir de notre toute petite enfance : sinon nous ne pourrions jamais développer notre volonté qui aurait toujours si conscience de notre dépendance première, et qui rendrait moins méritoire notre piété filiale, qui ne serait plus une reconnaissance et une action de grâce libre et volontaire – incarnée aussi dans les actions – de tout ce que nous devons à nos anciens, à commencer à nos parents et aïeux (si nombreux, qui ont accumulé tant d’expériences, avec tant de succès et d’échecs, une mine où nous devons puiser).
C’est un peu la même situation que nous avons face à Dieu : si nous avions conscience en permanence de ce que nous devons à Dieu – notre existence même à chaque instant – tout le monde se convertirait, mais sans mérite et sans vertu. L’exercice de notre liberté ne peut être possible que dans cet oubli primaire, qui peut nous rendre ingrat si on est de mauvaise foi, si on se laisse aller, mais qui permet ensuite de prendre conscience de tout ce que nous devons, savoir que nous ne pourrons jamais rendre ne serait-ce qu’une parcelle de ce que nous avons reçu, mais qu’il faut rendre grâce quand même, et que nous devons transmettre surtout : nous ne pourrons rendre jamais un iota de ce que nous devons à nos parents et à Dieu mais nous pouvons transmettre la vie à nos enfants et la foi aux plus grands nombres.
Redisons-le : pour la piété filiale, nous ne pourrons jamais rendre ce que nous avons reçu, mais nous pouvons donner à notre tour, et mieux encore, à nos descendants charnels – par la fondation de familles nombreuses- ou spirituels – pour les religieux et les clercs.
Quoi de mieux que d‘incarner cette piété filiale non seulement dans nos familles, mais aussi par la fidélité indéfectible à notre Roi, notre père dans le Royaume de France, qui nous relie à tous les ancêtres de France, et qui relie toutes les familles de France entre elles ? Cette fidélité indéfectible au Roi n’est que le prolongement de la piété filiale que nous devons à nos parents : sans le Roi, pas de res publica qui tienne, pas de cité qui vaille, pas de service à Dieu prôné et protégé ; bref la restauration de notre fidélité totale et sacrificielle au Roi, la clef de voûte nécessaire au Royaume, est un travail de tous les jours, un effort constant, et surtout une restauration tout de suite réalisable dans les petites choses, puisqu’elle se passe dans nos cœurs et dans nos actes – par exemple la prière pour le roi et la France, si facile à faire et pourtant si précieux.
Nous n’avons pas la chance d’avoir un jour pour célébrer la piété filiale en France, mais nous pouvons du moins l’appliquer, la cultiver et la pratiquer chez nous et pour le Roi ! Et pourquoi pas ensuite dans la vertu de piété tout court, qui est au fond la piété filiale envers le Père par excellence.
Pour Dieu, Pour la France, pour le Roi
Paul de Beaulias