La France fut faite à coups d’épée…
La France fut faite à coups d’épée. Nos pères entrèrent dans l’histoire avec le glaive de Brennus. La fureur des Gaulois s’était brisée contre l’art des légions. En jetant ses armes aux pieds de César, Vercingétorix entendait, certes, parer d’un sombre éclat le deuil de l’indépendance. Peut-être voulait-il aussi que cet hommage désespéré servît à sa race d’immortelle leçon. Le vainqueur se chargea, du reste, de développer l’enseignement, et tandis que, pendant cinq cents ans, Rome imprimait dans nos lois, nos mœurs, notre langue, comme dans nos monuments, routes et travaux d’aménagement, la marque de la règle et de l’autorité, elle révélait à vingt générations l’esprit de la puissance militaire. De là, l’idéal ou la nostalgie d’un Etat centralisé et d’une armée régulière, idéal que les Barbares n’effacèrent point et qui survécut aux vicissitudes.
Charles de Gaulle, la France et son armée, 1938