Une histoire d’alliance et de chevalière, par Paul-Raymond du Lac
Par tradition familiale, je porte depuis ma majorité, à mon annulaire gauche la chevalière portant le blason de ma famille. La chevalière est un sceau portatif, permettant de sceller des lettres et s’y apposer son sceau.
Évidemment, c’est un usage aujourd’hui aboli. Peu importe ! Noblesse oblige, la chevalière, qui se porte à l’annulaire, fonctionne comme une alliance qui nous rappelle nos devoirs envers nos ancêtres, et l’engagement qui nous lie par notre naissance à ne pas déroger à l’honneur (loin de la recherche des honneurs) de notre famille. Tout cela, bien sûr, n’est pas très « républicain » dans l’âme… Notre existence même, que la république n’a pas su éradiquer malgré le mal qu’elle s’est donnée, est une épine dans le pied du mondialisme indifférencié et déraciné.
Il se trouve que, marié, je porte aussi une alliance, à l’annulaire gauche aussi, par coutume. Par coutume encore, la chevalière se trouve devant l’alliance, celle-ci étant presque recouverte par la chevalière, puisque bien plus discrète et bien moins visible de l’extérieur.
Laissez-moi interpréter librement cet arrangement : la Maison, représentée par la chevalière, se trouve devant l’alliance, qui représente l’épouse et la famille ; elle les protège contre le monde extérieur et les recouvre de son doux atavisme, né dans les siècles, et de l’exigence morale de la noblesse, sans prendre en compte les pressions du monde.
La chevalière est devant l’alliance, cela signifie donc qu’il faut servir la Maison avant la famille, et ce pour le bien de ces deux institutions : protéger la Maison, c’est protéger la famille, la Maison étant là pour élever tous les membres de la famille à une perfection plus grande. Inversement, l’époux et chevalier se place devant sa femme et ses enfants pour les diriger vers les objectifs que sont le bien commun et la vie éternelle, pour les défendre contre l’adversité. Dans le même temps, l’épouse et les enfants — comme cette alliance en contact avec la chevalière — sont toujours en contact avec le chef de famille, qu’ils conseillent, supportent et soutiennent.
De temps à autre, il faudrait normalement retirer la chevalière de son doigt pour marquer une lettre de son sceau : n’est-ce pas là le symbole du chevalier qui doit parfois, par nécessité, quitter sa famille pour marquer le monde par des actions fortes pour le bien commun, malgré les dangers ?
À force, la chevalière comme l’alliance ne font plus qu’un, et plus qu’un avec la main, elles deviennent indélogeables, et quelle que soit la force des idées républicaines, révolutionnaires, l’esprit de famille tient bon, envers et contre tout ! Or, nous sommes tous issus de familles, nous sommes tous tributaires d’un esprit de famille, qu’on en ait conscience ou non, qu’on le veuille ou non, que cet esprit de famille soit sain, ou globalement malsain.
L’esprit de famille est nécessaire à la famille, car c’est cet esprit qui porte et protège les familles, et fonde ainsi la première société politique au-delà de la simple famille nucléaire : c’est le début de la grande politique !
Alors, chacun à notre niveau, tentons de restaurer et de christianiser nos familles, en partant de la réalité qui se trouve face à nous, aussi difficile qu’elle soit : ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain ! À force, c’est la famille France que nous relèverons et que nous replacerons sous le gouvernement de son Père — le Roi — et de sa mère — la Sainte Église —, pour le bien de ses enfants — nous autres, sujets ! L’esprit français est l’expression de notre génie particulier, voulu par Dieu ; ne sous-estimons en pas l’importance !
Sachons aussi nous faire aider de nos ancêtres au Ciel, qui prient pour nous !
L’esprit de famille reviendra comme il se doit !
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !
Bonjour
Merci pour votre article éclairant et bien qu’ancré dans une tradition séculaire le port de la chevalière est tout à fait ouvert sur l’avenir. Vos propos sont très universels…chacun peut s’y retrouver