Soyons francs !, par Antoine Michel

« Sauvez-moi, Seigneur, car il n’y a plus de saint, * car les vérités ont été diminuées par les enfants des hommes.

Chacun ne dit à son prochain que des choses vaines ; * leurs lèvres sont trompeuses, et ils parlent avec un cœur double.

Que le Seigneur détruise toutes les lèvres trompeuses, * et la langue qui se vante avec jactance. » (psaume 10)

Le monde, comme l’exprime David, diminue les vérités en les rendant insipide, en n’en retenant que ce qui l’arrange, en les diluant dans beaucoup d’erreurs et d’obscurité.

Le monde moderne va encore plus loin : il les réduit tant, ces vérités, qu’ils deveiennent des idéologies réductionnistes enfermant toute la réalité sous un aspect si restraint qu’il provoque un totalitarisme terrible : comme par exemple le marxisme, qui réduit tout à la matérialité historique.

Le monde, ainsi, ne cesse de parler de choses vaines, les gens ne disent pas ce qu’ils pensent, avec un coeur double, sachant qu’il faut faire semblant de dire, sans trop dire : tout l’hypocrise moderne, quand elle n’est tout simplement un mensonge pur et simple, est contenu déjà dans ce vieil homme bien analysée par David et qui fait tant de mal.

Souhaitons avec lui que le Seigneur détruise toutes les lèvres trompeuses, et ceux qui parlent trop à tort et à travers ! Quelle destructions est-elle souhaitable ? La destruction de ces tromperies et de ces obscurités par la lumière de la vérité et d’une franchise juste – qui n’oublie pas la douceur, le tact et la discrétion. Dire la vérité sans fard, encore plus fermement et massivement quand il s’agit de la vérité révélée et des vérités surnaturelles et naturelles (ne parlons pas des « vérités » accidentelles ou criconstancielles qui importent peu, et qui confinent aux ragots et à la mauvaise curiosité avide de scandales, du style « qui couche avec qui ? », ou qui s’émerveille devant la connaissance de secrets qui devraient rester secrets).

Notre pays est un pays de francs, qui n’a pas peur de la vérité, à l’exemple de notre Seigneur, puisque notre peuple fait la geste de Dieu sur terre : «  Les paroles du Seigneur sont des paroles pures : * c’est un argent éprouvé au feu, purifié dans la terre, et raffiné sept fois. » (psaume 10).

Notre monde contemporain est trompeur, avec faux-semblants, et orgueilleux : il cherche à cacher sa misère, à faire croire que son péché est vertueux, que sa faiblesse est une force, et que la faute du mal est toujours extérieur, sur la société, sur les autres, sur la nature, sur ce que vous voulez, mais certainement sur soi-même et sur ses péchés.

Ce faux-semblant du monde moderne n’enlève pas que ces vérités du monde, dégradés et salies, comme abaissées, conservent sous la fange une part de vérité. Le rôle du chrétien royaliste, qui allie la vérité révélée et la vérité naturelle politique polie par cette vérité révélée, est d’identifier et d’user ces restes de vérité dans les décombres des mensonges du monde pour attirer ces âmes en peine dans la lumière, en sachant en particulier être généreux et chraitable, sans s’attacher aux vérités secondaires et sans importances, pour se concentrer sur les vérités essentielles de notre salut et de notre raison de vivre.

Nous sommes francs donc tant envers nos frères que nos amis et nos chefs aimés, nous disons la vérité, car la bienveillance charitable exige de ne pas supporter de voir son frère se fourvoyer, et de vouloir le tirer d’une mauvaise décision, d’une illusion, d’une erreur ou d’une faute.

Nous serons francs, et cette franchise, même envers nos frères, sera peut-être mal acceptée : il faut savoir l’enrober du bon miel de la douceur et de la charité, avec la bonne odeur de la simplicité qui ne calcule pas : on dit ce que l’on voit, avec les yeux de la foi qui viennent améliorer notre vision naturelle, ce que l’on voit, sans fard, mais sans tragique ni dramatisation ; puisque nous savons que Notre Seigneur nous sauve, et qu’il n’attend que le consentement de ces chères âmes pour les lavers par la grâce de toute leur fange… mais pour cela il faut s’humilier et devenir plus humble.

Seigneur, pardonnez mon orgueil et dépossédez-moi de moi et de tout ce à qui je suis attaché pour ne vous appartenir qu’à vous, ne vivre que pour vous et vous aimer plus que tout, ô mon Roi, ô mon Père, ô mon frère, ô mon Seigneur, ô mon Créateur !

Les francs, libres, étaient rudes avant la conversion : une frachise sans charité est forcément dure, car sans se préoccuper de la délicatesse de l’âme, et en se trompant souvent, en retombant continuellement dans l’orgueil que procure le fait d’avoir un peu plus de courage et de bon sens – mais si peu ! – comparé aux aveugles qui nous entourent – le borne, ce minable estropié, est roi au royaume des aveugles.

Seul devenant chrétien et sachant notre misère, et notre statut misérablme de ver de terre médiocre, qui ne mérite rien, permet d’apprécier combien notre Dieu nous aime, lui qui daigne se faire esclave et ver de terre, en portant toutes les souffrances, pour nous sortir de cette vile condition !

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Antoine Michel