Voyages France-Japon: deux poids, deux mesures
Ndlr : cet article, purement informatif, montre deux choses. D’abord, la France et l’Europe se démantèlent d’elles-mêmes en vendant tous les biens de familles et en acceptant les pires conditions pour ses voyageurs. Ensuite, la révolution hygiéniste est mondiale : un pays tel que le Japon, qui a encore un peu de pouvoir étatique réel, applique des mesures que même George Orwell n’aurait jamais imaginé.
Du Japon vers la France
Depuis 9 juin 2021, les voyageurs en provenance du Japon, peuvent entrer en France dans les conditions suivantes :
- Voyageurs vaccinés : obligation de présenter un justificatif du statut vaccinal ainsi qu’une déclaration sur l’honneur attestant d’une absence de symptômes d’infection à la Covid-19 et de contact avec un cas confirmé de Covid-19. Aucun test exigé avant l’embarquement ; exemption de test et d’isolement à l’arrivée en France.
- Voyageurs non vaccinés : obligation de présenter un test RT-PCR ou antigénique dans les 72 heures précédant l’embarquement. Exemption de test et d’isolement à l’arrivée en France. Les enfants de moins de 12 ans sont dispensés de test.
- Voyageurs rétablis de la Covid-19 : obligation de présenter un certificat de rétablissement datant de plus de onze jours et de moins de six mois (ce document est délivré à la personne qui a été contaminée par la Covid-19 sur présentation d’un résultat positif à un examen de dépistage RT-PCR ou à un test antigénique).
Les Japonais peuvent donc venir librement en France pour faire du tourisme ou en voyage d’affaires. La France accorde des visas aux expatriés japonais.
De la France vers le Japon
Depuis le 14 août 2021, tous les voyageurs entrant ou réentrant au Japon et ayant séjourné sur le territoire français dans les 14 jours précédant leur arrivée doivent se soumettre aux mesures sanitaires suivantes :
- Présenter le résultat d’un test PCR négatif réalisé moins de 72 heures avant le vol et certifié par un médecin selon un modèle de certificat spécifique. Seul le modèle d’attestation édité par le ministère japonais de la Santé doit être utilisé ;
- Se soumettre à un test salivaire à l’arrivée à l’aéroport.
- Effectuer un isolement de trois jours dans un hôtel désigné par les services de la quarantaine ;
- Effectuer un nouveau test le troisième jour de quarantaine : en cas de résultat négatif, la quatorzaine (en tout 14 jours sans compter le jour d’arrivée) pourra être poursuivie au domicile du voyageur ; en cas de test positif, un isolement dans un lieu désigné par les services de quarantaine peut être imposé aux voyageurs, conformément aux dispositions de la loi japonaise ;
- Installer une application de géolocalisation sur son téléphone afin de répondre aux interrogations des autorités japonaises sur son état de santé durant la quarantaine ;
- S’engager à ne pas utiliser les transports en commun ni à sortir de son lieu d’isolement. En cas de non-respect, le visa et/ou le titre de séjour peuvent être annulés et son titulaire expulsé.
Mon expérience personnelle :
Le retour au Japon le 21 août m’a plongé dans un univers kafkaïen de la bureaucratie tatillonne japonaise. Un test PCR négatif avant de prendre l’avion rendu sur un formulaire officiel japonais, remplir un questionnaire on line pour obtenir un QR code, test salivaire à l’arrivée à Haneda, 3 heures de formalités dont plusieurs redondantes, une dizaine de points de contrôles, l’installation de 3 applications de suivi sur smartphone, un parcours de 5400 pas dans l’aéroport, un chien pour renifler les bagages et enfin un contrôle des douaniers équipés comme s’ils étaient en salle de réanimation (blouse blanche, masque chirurgical, sur-masque en plastique transparent). On nous amène ensuite en bus dans un hôtel. Pour moi, APA Ryogoku à 50 minutes d’Haneda où on vous enferme 3 jours dans une chambre exiguë avec 3 bentos froids par jours accrochés à la porte de la chambre. Nouveau test salivaire, puis retour à Haneda pour prendre un taxi spécial Covid à 15 000 yens. Suivent 11 jours confinés à la maison surveillé plusieurs fois par jour par Big Brother dont un appel vidéo quotidien, rapport sur son état de santé et géolocalisation. À aucun moment, on ne m’a demandé si j’étais vacciné.
Le Japon n’accepte aucun touriste, ni aucun voyage d’affaires. Les visas pour les expatriés sont délivrés au compte-goutte. Les entreprises étrangères ne peuvent pas remplacer leurs cadres, ce qui constitue une barrière non tarifaire par rapport à la liberté qu’on les japonais d’aller en Europe. Pas de visas étudiants et VIE. Deux poids, deux mesures !
Le gouvernement français et l’Union Européenne acceptent cette situation d’absence totale de réciprocité.
Cette crise démontre que le Japon n’est jamais vraiment sorti de la mentalité d’Edo et se referme comme une huitre au moindre coup dur. Heureusement que les Japonais sont gentils dans l’ensemble et que le pays est beau, propre et sûr.
Michel Lachaussée