Sommes-nous en train de devenir des bêtes ?
Les enfants sont déconcertants par leur suite dans les idées et leurs questions « qui tuent », posées sans coup férir et dans tout contexte.
L’autre jour, j’apprenais à ma fille de 5 ans l’importance de la prière, et en particulier de la prière de reconnaissance envers notre bon Dieu, qui nous donne tout, dont la vie, mais aussi la Création et tout ce qui nous entoure. Je lui expliquais que les animaux aussi voyaient et sentaient la Création, mais, qu’étant des bêtes, ils ne prient pas, car seul l’homme est une créature corporelle pouvant prier, grâce à son âme.
Ma fille alors, me répondait alors tranquillement : « je vois, alors tous ceux qui ne prient pas le bon Dieu sont des bêtes… ».
C’est franchement dit… Pas de façon très diplomate, certes, mais a-t-elle tout à fait tort ? En effet, qu’est-ce qui distingue véritablement l’homme de l’animal si ce n’est la prière ? Or, même parmi les catholiques, combien prient encore ?
Le curé d’Ars ne disait rien d’autre : un homme sans Dieu est comme une bête ; il est même pire qu’une bête car il n’est justement pas une bête.
Pauline Blanche
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !
Je ne pense pas que la prière seule fasse échapper l’humain à la condition animale. Cela a débuté quand l’homme commence à enterrer ses morts il y a 100 000 ans, en déposant des offrandes dans la tombe.
Dans un livre que je suis en train d’écrire figurera certainement ce passage:
“Le jour où l’Homme creuse pour la première fois une tombe, il s’arrache, plus que par la maîtrise du feu et par l’invention de la sarbacane, à la condition animale. Car c’est en touchant aux abstractions et en pensant le Sacré que l’humain monte au plus de haut de sa condition et de ses potentialités.
C’est à partir du moment où l’Homme lève les yeux vers un ciel auquel il demandera des réponses et les baisse vers une terre à laquelle il confiera ses morts qu’il s’extirpe authentiquement de la simple condition biologique animale, par cette capacité qui n’appartient qu’à lui de pouvoir toucher aux abstractions ou d’en concevoir, capacité dont découleront non seulement son imaginaire et sa créativité technologique, artistique ou encore les mathématiques, mais aussi la possibilité d’élever son esprit à la plus haute de ces abstractions, celle l’amenant à se poser la question de Dieu, et conséquemment, celle d’une éventuelle Survie post-mortem.
Une existence réduite à la seule recherche de la satisfaction, toujours nécessaire mais que la société de consommation poussera toujours de plus en plus vers le superflu, de besoins purement physiologiques, n’est qu’une vie animale, que l’on abreuvera, les besoins satisfaits, de divertissements dont le niveau assurera à cet animal d’être doublé d’un abruti.
Nous ne sommes pas sapiens parce que nous regardons des écrans et savons tenir une fourchette: un chimpanzé peut le faire. Nous ne sommes authentiquement sapiens que lorsque nous pensons Dieu, même si notre pensée nous amène à ne pas y croire, car ce faisant, nous aurons obligé notre esprit à s’élever au plus haut de ce qu’il pouvait.”
Mais je ne pense pas que votre fille de 5 ans puisse encore lire cela, ce qui explique se conclusion “pas très diplomatique”… 🙂
Marc
Nous disons la même chose, c’est parce que l’homme est conscient du sacré qu’il est homme… La prière n’est évidemment qu’un élément (important, si ce n’est le plus important) de cette conscience du sacré…
Bonjour madame Blanche,
La réponse de votre fille est pleine de bon sens, et je trouve qu’elle devrait figurer en bonne place dans une “Anthologie de la théologie des enfants” ! Une noble et bonne réponse qui est incompréhensible pour beaucoup de nos compatriotes aujourd’hui, y compris chez certains catholiques…
N’est ce pas le Saint curé d’Ars qui avait dit “Retirez le curé d’une paroisse, et vingt cinq ans plus tard vous ne trouverez plus que des bêtes” ? S’il voit depuis le Ciel ce que sont devenues nos paroisses, il doit beaucoup souffrir, tout comme Notre Seigneur !