Royalistes : comment être audible ?
Nos contemporains accueillent sans sourciller et utilisent nombre de mots tout droit venus de l’anglais et d’Amérique. Parallèlement, des néologismes aux consonances bien francophones sont forgées afin de donner un nom à des réalités d’apparition récente. Parmi ceux-ci, nous trouvons infobésité, conceptualisant la surproduction d’informations et de contenus à l’heure actuelle. Informatique, Internet, courriers électroniques, radio, télévision, impression à faible coût : tout cela participe d’une explosion quantitative des livres, articles, textes, vidéos, bandes sonores et autres contenus de tout type disponibles.
Une goutte d’eau…
Pour ne prendre que le registre dans lequel nous évoluons, Vexilla Galliæ se trouve ainsi en concurrence théorique avec des millions de pages francophones. Que pensez-vous que pèse la pensée royale et même, pour brasser plus large, l’histoire véridique dans un tel océan d’« informations » ? Vraiment rien, une goutte d’eau dans l’océan.
En outre, l’Internet est phagocyté par quelques géants, dont Google, qui ne s’intéressent guère à la qualité, du moins dans ce que ce terme recouvre d’absolu. Les champions du référencement et de l’optimisation jouent avec les règles pour recycler partout un contenu de même facture, reposant sur un même genre de discours, compassé au possible.
Nous aurions tort de croire que cela ne s’adresse qu’à l’Internet : il en est de même dans le monde audiovisuel, où seules certaines opinions ont droit de cité. La propagande est bien huilée. Et le tableau n’est guère plus réconfortant du côté du papier, où les revues physiques ont bien des difficultés, les bonnes étant extrêmement rares ou ayant disparu (à l’instar du regretté Lien légitimiste). Les livres eux-mêmes revêtent une certaine cherté, comme aux anciens temps, tandis que la pléthore des publications noie dans la masse celles qui devraient sortir du lot. Le public n’est même plus habitué ni capable de lire des ouvrages exigeants, et il ne supporterait pas l’expression de nombreuses idées. Enfin, le champ du vocabulaire en usage se rétrécissant, le lecteur lambda déforme bien des mots.
À quoi bon ?
C’est la tentation qui nous guette tous, nous autres royalistes (c’est-à-dire : hommes) : « À quoi bon… ! »
D’un côté, la situation présente n’a jamais autant plaidé en faveur de la royauté, et elle plaidera toujours davantage en sa faveur, pour la simple et bonne raison qu’elle continuera de se dégrader tant que les choses ne seront pas rentrées dans l’ordre. Le désordre est partout, béant, grandissant, si bien qu’il est de plus en plus difficile pour quiconque de le nier.
D’un autre côté, paradoxalement, et c’est là le drame, il ne s’est jamais trouvé aussi peu de voix pour relayer la présence royale, alors qu’il y en avait beaucoup plus en 1814-1815, en 1870 ou encore en 1918, temps où l’on pouvait pourtant encore entretenir des illusions sur la République et la modernité, faut d’en avoir connu et analysé les fruits amers. Aujourd’hui, les critiques du système ou de tel et tel point de celui-ci ne savent généralement pas posé le bon diagnostic, car ils ne remontent guère jusqu’au début de la chaîne. C’est aussi à cause de l’apostasie généralisée, parce qu’en refusant l’ordre naturel et divin, il est absolument nécessaire de refuser l’ordre royal qui en découle. Il y a donc beaucoup à faire, et il nous faut jouer sur tous les tableaux.
La fenêtre de tir est donc très étroite pour les royalistes que nous sommes. D’autant plus fermée que nous-mêmes, par les influences des milieux, pouvons être infléchis sous l’effet de la puissance dégagée par la mode : c’est ainsi qu’une élection présidentielle ou autre est propice au reniement de certaines convictions (pour quelques semaines du moins). Et pourtant, tout dépend de notre ardeur à faire des conquêtes. Soit nous savons que la France et la Navarre ont un roi et nous le reconnaissons pour tel tout en le servant, soit nous jouons – même malgré nous ou sans nous en rendre compte – en faveur des gouvernements d’occupation. L’alternative se situe ici, elle est nue, elle tinte d’une claire sonorité ; elle est inévitable.
La plupart de nos contemporains sont soûlés de modernité et totalement déconnectés du réel. Les refrains sans cesse assénés font leur effet, grâce à la force de la répétition. Du berceau au cercueil (ou au four crématoire ?) en passant par les écoles et le monde professionnel, c’est une immersion permanente dans un environnement désordonné. Et même les bons royalistes sur le plan des idées sont parfois loin des antiques traditions concrètes, car elles ont été perdues ou abandonnées par nos prédécesseurs, quand elles ne leur ont pas été arrachées.
Alors que faire ? Continuer à se battre, ne serait-ce que pour l’honneur. Continuer donc d’écrire, par exemple, même si c’est pour n’être lu par personne : le seul fait de coucher par écrit ses pensées de façon logique ou ordonnée permettra d’avancer, de peaufiner son intelligence des choses. Parallèlement, le devoir d’état a des implications temporelles autant que religieuses, et avant de concerner une profession lucrative il intéresse la vocation première de chaque être humain. La nation repose, comme son étymologie l’indique, sur la naissance – et donc sur la famille. Nos contemporains les plus révolutionnaires ne se perpétuent guère, ou si peu, ou si mal et si partiellement ; quant à nous, nous serons peut-être les pères de nouvelles nations, celles de demain. À défaut d’être notre espérance, cela doit nous rester un réconfort.
Vous parlez de néologismes qui polluent notre belle langue et vous avez raison. Notre langue est merveilleuse, difficile, mais merveilleuse et je ne peux, personnellement pas supporter de telles horreurs : néologismes, anglicismes, parfois approximatifs. Ceci par mon amour pour la FRANCE, mon attachement au français (je suis typographe de formation). Alors écrire, oui, mais bien !
1870!
Combien de royalistes morts
dans cette guerre des droits?
Une république mutile les corps,
et les esprits pour n’être que lois… vides!
1914
Une république, la même, mutile,
les corps sous un génocide utile,
brisant les pays et les familles,
elle reprendra son cours futile!
En dorant son blason sous une
autre guerre, contre des lacunes!