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#Not In My Name

« Pas en mon nom », tel est le « cri » qui secoue très faiblement internet. Ce hashtag consiste, pour nos concitoyens musulmans, à afficher publiquement leur rejet des exactions commises par les groupes islamistes en Algérie, en Irak, en Syrie, en Lybie, en Tunisie, en Egypte.

Comme le rassemblement organisé par Dalil Boubeker le vendredi 26 septembre, cette initiative n’a pas vraiment trouvé le succès escompté. On se rend alors compte que ledit Dalil Boubeker ne mobilise finalement pas les foules ce qui, pour ce que l’on présente comme le « patron » des musulmans de France, est tout de même un peu problématique. Le représentant d’un Islam de France modéré, ouvert et tolérant, se trouve tout à coup -peut être à sa propre surprise- isolé à un dernier carré de défenseur, ni les plus nombreux, ni des piliers habituels de minbars, si on me permet cette boutade.

De même, ce hashtag utilisé comme un étendard, comme un papier de bonne conduite, ne rencontre que peu de succès. On rencontre en fait l’un des problèmes évidents de ce nouveau conflit mondial[1] qui se dessine sous nos yeux : les musulmans sont coincés.

L’Islam sunnite a une tradition de lecture du Coran et de la Sunna. Le Coran ne peut être interprété, il est la parole de Dieu et doit être lu et obéi littéralement sous peine d’être un Kafir murdat, c’est à dire un apostat dont la récompense passe par une large gamme de sévices, jusqu’à la mort. La Sunna, c’est à dire le comportement des prophètes durant leur vie, forme un corpus de petits épisodes, les hadiths, qui ont force de Loi. Quand deux hadiths rentrent en contradiction, c’est la  plus récente qui l’emporte. Ces hadiths sont rapportés par des compagnons du prophète et la chaîne de transmission donne à la hadith sa force et sa légitimité.

De fait, cette transmission, cette connaissance des hadiths est primordiale pour comprendre et imposer son point de vue dans l’Islam. Les ouléma (singulier : Alem), les « savants », sont chargés d’authentifier les hadiths et de répondre aux questions que les croyants se posent, en se basant sur le Coran et sur les hadiths.

Or nos musulmans sunnites modérés n’ont pas le dessus dans cette argumentation et ces querelles byzantines qui sous-tendent l’umma, la communauté mondiale des croyants. Le Salafisme, qui prône une lecture très stricte et littérale du Coran et des hadiths, héritée du Wahhabisme, elle-même héritée du Hanbalisme, dispose d’une argumentation très stricte et irréprochable sur le plan de la doctrine musulmane et des règles éternelles de la théologie Coranique. Les groupes comme Daech et autres sont pétris de cette tradition et de ce soutien spirituel salafiste.

Il en découle qu’il paraît (pour le mécréant, mais pas ignorant, que je suis) absolument impossible pour un musulman, en se basant sur le Coran et sur les hadiths, en respectant les règles de la théologie islamique, de s’opposer aux exactions commises par ces groupes si elles sont bien argumentées sur le plan théologique. Or elles le sont.

On ne demande pas à Dalil Boubeker et aux musulmans de France de nous assurer de leurs bonnes intentions : ils sont français et, au risque de les surprendre je considère leurs bonnes intentions comme naturellement acquises. On demande à Dalil Boubeker et autres théologiens islamiques de s’engager à nos côtés, avec leurs armes, dans cette guerre : c’est-à-dire de montrer de manière irréfutable pour l’umma, que les actes des terroristes, la persécution des autres religions,  sont illicites en Islam selon la théologie islamique et non pas selon une profession de bonne intention moderniste qui ne convainc que ceux qui sont déjà acquis à la cause.

Sans cela, il paraîtrait incompréhensible que ces gens, tolérants et ouverts, demeurent dans une religion qui ne leur ressemble pas et n’est en rien ce qu’ils prônent à longueur de journée. Il faudra alors tirer les conclusions qui s’imposent de leur persistance dans cette attitude ambivalente.

Conséquemment à une telle démonstration, de la part des « autorités religieuses »,  on pourrait aussi juger avec pertinence du degré d’intégration possible de l’Islam en France.

Roman Ungern

[1]    http://www.aleteia.org/fr/international/article/le-pape-evoque-la-iiie-guerre-mondiale-5818296305713152

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