Societé

Marseille, ville lumière assassinée

La capitale européenne de la culture connaît un tel succès qu’un Premier Ministre (apparemment très fatigué), escorté de cinq autres, s’est cru obligé de venir chercher dans cette ville le soleil et… les sensations fortes. La ville en est à son treizième règlement de comptes, initié dans les quartiers nord, autrement dit les quartiers défavorisés, les quartiers où le taux de chômage est tel qu’on n’en parle pas.

Une parenthèse : Jean-Marc Ayrault n’était là que pour éviter à Manuel Valls d’occuper une fois encore la « une » des médias. Le nombre de ses accompagnateurs en dit long sur le désaveu du Président à propos des dernières interventions de Manuel Valls. François Hollande ne supporte pas qu’on lui fasse de l’ombre et remette en question l’unité de son gouvernement. Manuel Valls inquiéterait-il le Président ? Souriez, c’est l’heure.

Quand une mère de famille part travailler très tôt le matin, comment prendre le temps de s’occuper de sa progéniture. Où sont les pères ? On raconte qu’ils vont et viennent, occupés à construire en Algérie leur maison de demain. Il faut savoir que plus les tours sont hautes dans ces terribles cités du malheur, et plus les enfants (des fratries de cinq au moins), qui ont donc grandi ensemble depuis leur naissance, qui ont fréquenté les mêmes écoles (LE SYSTEME EDUCATIF EST TOTALEMENT A REVOIR) et se sont retrouvés à la sortie sans aucune qualification, se mettent tout naturellement à dealer pour devenir guetteurs, vendeurs, consommateurs et plus.

Il suffit d’observer ce qui se passe dans cette zone pour reconnaître que les seuls vrais fléaux qui s’abattent sur cette ville s’appellent désœuvrement, absence d’industries, absence de travail, absence d’intérêt, absence d’espérance, absence d’avenir, absence d’amour. Marseille n’aurait pas besoin de davantage de police pour enrayer les trafics de drogue si ces enfants, devenus adolescents, puis adultes, pouvaient s’occuper en menant des vies normales. Alors, il faut certes ramener l’ordre dans ces cités, dans un premier temps, tout en envisageant une restructuration de tous ces quartiers de misère abandonnés à leur sort depuis plusieurs décennies.

Marseille, une vieille dame de 2 600 ans, qui est en train de séduire avec tout ce qu’elle propose dans le cadre de son année lumière, a tout simplement besoin d’un véritable plan Marshall pour réussir ce défi de renaissance. Les 24 policiers supplémentaires de la police judiciaire et l’attribution d’une nouvelle compagnie de CRS vont certainement contribuer – avec les forces de police déjà en place – à faire diminuer le taux de criminalité et à rétablir un semblant d’ordre. Mais pour combien de temps et où iront les interpellés ? La prison des Baumettes, surpeuplée, insalubre, est un enfer dont on sort en plus mauvais état qu’à l’arrivée. Christiane Taubira devra se rendre à l’évidence. Il faut construire des prisons, être sans pitié pour les délinquants de tous ordres, plus pour les récidivistes qui n’ont pas compris la leçon de la privation de liberté. Mais ne s’intéresser qu’au court terme d’une situation explosive ne résoudra rien des problèmes de Marseille. Marseille, une ville où il fait bon vivre et travailler. Une ville qui recense pourtant des actes d’incivilités de plus en plus nombreux et qui gangrènent le quotidien. Cette ville fascinante, attirante, dérangeante, unique, possède tellement d’atouts qu’il serait criminel de la laisser aux mains des voyous.

La responsabilité de l’État, et pas uniquement celle du maire de cette ville Jean-Claude Gaudin, qui se présentera aux élections municipales pour faire barrage aux nombreux représentants du parti socialiste, est aussi évidente que le soleil qui se lève à l’est et se couche à l’ouest. Alors le plan Marshall : c’est pour quand ? Marseille ne doit pas devenir Chicago !

Solange Strimon

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