La faute à Allah
Au premier qui déclare que « vouloir combattre l’islam radical en France et laisser s’épanouir un islam modéré est un leurre », le second réplique « Non, Allah n’y est pour rien ! […]Non ce n’est pas l’islam qui a cassé méthodiquement et systématiquement toute l’ossature de la civilisation française […] pas plus qu’il a permis hier l’avortement et aujourd’hui le mariage pour tous […] et l’islamisme n’est pas, pour nous, aussi dangereux que le modernisme, le laïcisme ou le matérialisme. »
Selon la formule consacrée, pour en savoir plus je vous engage à visiter le site Vexilla Galliae.
Inversement à la neutralité de France Royaliste fondée sur la devise du Comte de Chambord, ce nouveau venu sur la toile affiche haut et fort son choix dynastique. Abstraction faite d’un point révélateur de la riche diversité de notre courant de pensée, je reconnais que l’architecture de ce site permet d’accéder facilement à une multitude d’informations et analyses classées par thèmes et fort bien présentées.
Simultanément religion et système politique, l’islam s’étend en Afrique Noire, sur le pourtour méditerranéen et en Europe, d’autant plus facilement qu’il bénéficie des conséquences de la stratégie occidentale qui consiste à croire qu’il est possible de remplacer sans transition un régime autoritaire laïque par une démocratie laïque.
Tel fut hier le cas en Irak et aujourd’hui dans les États soumis à la douceur du printemps arabe. Suivant cette même logique, après avoir démocratiquement bombardé la Serbie, les Occidentaux ont reconnu l’indépendance du Kosovo islamisé et en février dernier François Hollande profitait de son déplacement à Ankara pour relancer le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE. Allah n’est pour rien dans ces événements.
Le cas de la France.
Pour pallier le besoin de main-d’œuvre des années 50, la France fit appel aux travailleurs africains, puis instaura le regroupement familial, prélude à l’immigration massive qui suivit, conséquence de la montée du chômage, la paupérisation des familles d’immigrés et l’échec des « politiques de la ville » pour réussir leur assimilation sont à l’origine du communautarisme qui s’est développé chez les musulmans installés en France.
Entre-temps le Concile Vatican II (ou, son interprétation par un épiscopat majoritairement moderniste ?) avait vidé les églises et relégué les confessionnaux au rang de pièces de musée ; mai 68 fit le reste, « tout le monde est beau et gentil », « interdit d’interdire », « tout et tout de suite »…
Anesthésiée au relativisme et droguée au matérialisme, la France laissa la porte grande ouverte à tous ceux qui passaient devant sa maison.
Allah n’y est pour rien ; et pas davantage pour ce qui est du multiculturalisme, corollaire de l’idéologie mondialiste.
Le 22 juin 2011, le Conseil de l’Europe, jugeant toute politique d’assimilation vouée à l’échec et le concept de la Patrie dépassé, adoptait le principe de l’équivalence des cultures ; tout était bien dans le meilleur des mondes puisque l’immigration, chance pour compenser une démographie européenne poussive, s’accordait parfaitement avec le devoir moral « d’accueillir l’autre. »
Le problème français est que « l’autre » arrive avec des convictions religieuses et politiques bien affirmées dans un pays déboussolé qui doute des Évangiles et plus encore de ses politiciens.
Lorsque le Conseil de l’Europe « invite toutes les communautés musulmanes à abandonner toute interprétation traditionnelle de l’islam qui nie l’égalité hommes-femmes et restreint les droits de la femme », il omet (sciemment ?) le lien qui, dans l’islam, attache le politique au sacré ; et suppose que l’immersion des nouveaux arrivants dans une société laïque les convaincra de confiner leurs valeurs religieuses à l’intérieur de leurs sphères privées.
Erreur profonde comme le prouvent leurs revendications en matière de santé, d’alimentation, d’horaires spéciaux sur le lieu de travail et à la piscine.
Une autre erreur serait de surévaluer la résistance de la cloison entre islamistes modérés et radicaux ; les premiers ne peuvent éliminer physiquement les seconds car les valeurs partagées priment sur ce qui les sépare, mais la réciproque n’est pas vraie.
Après le baptême de Clovis, les diverses peuplades implantées en Gaule ont fait l’apprentissage du « vivre ensemble » qui a forgé l’identité des Peuples de France.
Imaginer qu’ils puissent partager leur territoire avec un peuple qui a toujours combattu les « infidèles » et dont les croyances et coutumes perturbent l’ordre social et qu’il en résulte une société multiculturelle harmonieuse constitue un de ces « dénis du réel » dont les héritiers de la Révolution de 89 ont le secret.
La révolution du XXIe siècle est celle du mondialisme qui abolit les barrières à l’immigration et vise à éradiquer le sentiment religieux quel qu’il soit.
Car il est bien connu que « l’obscurantisme religieux » pourrait nuire gravement à la prospérité du commerce international d’une « hyper profusion » de biens matériels.
Je ne suis pas sûr qu’Allah voie d’un bon œil ses fidèles adorer ces nouvelles idoles.
Dernière question, l’islam est-il conquérant ?
Au lieu d’ajouter mon grain de sel dans ce débat, je préfère poser le problème différemment : sous quelle forme l’islam peut-il envisager d’envahir la planète ? Invasion militaire ou, par référence au Camp des Saints, invasion des armées de la misère ?
Pour les mondialistes, plus de Nations donc plus d’armées nationales donc plus d’invasions militaires ; reste celles des armées de la misère, pas de problème puisqu’elles sont pacifiques…Du moins en théorie si on se donne la peine de considérer les guerres civiles en gestation ou déclarées dans les sociétés multiculturelles.
Le risque de voir se développer ce type de conflit est d’autant plus grand qu’à côté de la misère bien réelle de ceux qui souffrent de la faim, les théories mondialistes du libre-échange ont créé une nouvelle forme de misère chez tous ceux qui se sentent frustrés de ne pas avoir accès à la possession de la totalité de l’hyper-profusion des biens matériels issus des usines multinationales.
Allah n’y est pour rien…comment lui reprocher d’utiliser cette forme de misère qui fragilise la résistance morale de nos sociétés occidentales ?
Finalement j’en arrive à éprouver davantage de sympathie pour un musulman qui s’incline devant une loi qui le dépasse qu’envers un mondialiste qui se signe au « nom du pèse, du fric et de la bourse. »
Pierre Jeanthon
Editorial du Cri du Chouan