Societé

Drôle de genre

L’appel à la « journée de retrait de l’école » lancé par la soralienne Farida Belghoul a fait réagir la république, qui à travers son ministre de l’Éducation nationale a lancé une mise en garde aux parents. Ce dernier a indiqué qu’il entendait que tous les parents qui ont suivi ce mot d’ordre soient convoqués afin que leur soit rappelé l’obligation de scolarité. Le fondement de cette opération de boycott serait le refus de l’entrée de la théorie du genre à l’école.

Sur le fond, il est difficile de donner tort au ministre qui explique que cette théorie n’est en rien enseignée*, eu égard au fait que l’expression « théorie du genre » régulièrement employée ici et là, ne recouvre aucune réalité concrète, puisqu’il s’agit, pour reprendre le terme universitaire « d’études de genre » dont le but consiste à comprendre le processus de construction des identités sexuées et sexuelles. Formellement, ce qui est véhiculé relève pour le moins de l’inexactitude, voire pour certains d’une forme de désinformation. Pour autant, il serait naïf de s’en tenir à ce seul aspect eu égard au fait que bon nombre d’universitaires de gauche et d’extrême gauche se servent de ces études pour tenter d’imposer, au nom de l’égalité bien entendu, une marche plus ou moins forcée vers la déconstruction de la société traditionnelle.

Sur la forme, bien que cet appel n’ait pas été massivement suivi, une petite centaine d’écoles ont été perturbées, il montre néanmoins que bon nombre de parents se soucient de l’enseignement qui est délivré à leurs enfants. Pratiquement la moitié des académies ont été touchées, de manière inégale, par ce mouvement. Néanmoins à certains endroits la mobilisation a été assez forte. Ainsi, à Strasbourg, un tiers des élèves étaient manquants dans deux écoles. C’est un timide réveil qui permet de garder espoir. D’autant que la menace ne vient pas seulement de l’État mais également de l’Union Européenne qui se pique de vouloir se mêler de ce qui est enseigné aux enfants.

Ce qui est en train de se jouer actuellement n’est rien d’autre que le combat qui a opposé, durant la révolution dite française, les « spartiates » aux « condorcetiens ». Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet, pose ce que devraient être, selon lui, les principes de l’instruction publique dans son discours à l’assemblée nationale législative, le 2 avril 1792. On y trouve, entre autres celui de l’indépendance de l’instruction publique vis-à-vis du pouvoir : « La première condition de toute instruction étant de n’enseigner que des vérités, les établissements que la puissance publique y consacre doivent être aussi indépendants qu’il est possible de toute autorité politique ; […] Le but de l’instruction publique n’est pas de faire admirer aux hommes une législation toute faite, mais de les rendre capables de l’apprécier et de la corriger

Force est de constater que nous en sommes loin, puisque nous nous retrouvons face au gouvernement le plus ouvertement révolutionnaire qui soit depuis des décennies. J’en veux pour preuve, la sortie de Laurence Rossignol, sénatrice socialiste, qui n’hésite pas à paraphraser Danton : «Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, ils appartiennent à l’État. » On se rappellera également l’incontournable Vincent Peillon : « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix ».

On ne saurait être plus clair. Nous sommes face à de purs idéologues pour qui la réalité n’a aucune importance et qui entendent bien imposer leurs fantasmes délirants sous couvert de promouvoir l’égalité homme/femme. Pour être efficaces et légitimes dans nos contestations, il convient de ne pas céder aux sirènes qui hantent les réseaux sociaux et proposent des mots d’ordres simplistes, réducteurs, voire mensongers. Il faut consulter les ressources documentaires et pédagogiques proposées par le CDNP aux enseignants, ne pas hésiter à questionner les enseignants, à les pousser dans leurs retranchements afin de connaître la méthodologie qui leur a été imposée. Pour être audible il faut porter le combat non pas sur l’opposition, toujours stérile, mais sur le terrain des idées en proposant une vision saine de ce que l’enseignement devrait être : à l’État l’instruction, aux parents l’éducation ; Ainsi les trop nombreuses heures consacrées au formatage « citoyen » (dont le seul but ne consiste pas à former des esprits éclairés mais de dociles statolâtres) pourraient être employées à l’apprentissage du français et de sa grammaire, de l’histoire. Un peuple qui maîtrise mal sa langue, ne connait pas ou peu son histoire ne peut qu’être soumis à l’État qui est normalement censé le servir.

 Pascal Cambon

* « L’École de la République n’enseigne absolument pas la théorie du genre. Elle enseigne l’égalité de tous les points de vue. » 

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