Des poussières aux réflexions philosophiques, par Pauline Blanche
Les tâches ménagères, méprisées par notre monde contemporain, ne seraient-elles pas une porte d’entrée idéale vers la pensée philosophique ? Je laisse juger mes lecteurs : voici la réflexion que mes tâches ménagères m’ont évoquées récemment.
Toute maîtresse de maison sait combien il est pénible de toujours recommencer de faire la poussière. Vous finissez d’un côté que cela se resalit de l’autre. Alors, vous avez toutes les tentations de paresse molle bien typique de la génération jeune, qui préfère mettre la poussière sous le tapis si encore elle garde suffisamment de honte pour ne pas laisser la maison se salir.
Et là, eurêka ! Ou comment faire la poussière permet de comprendre les grandes divisions spirituelles du monde entre catholiques, païens et apostats !
Le saint catholique est celui qui lave son âme comme la maîtresse de maison minutieuse au possible, qui fait la poussière partout et à commencer par les recoins invisibles. Derrière les meubles, sous les tapis, au fin fonds des pièces que personne ne fréquente, et encore moins les invités. Ce ménage-là permet de nombreux sacrifices et de rendre la maison si agréable au père de famille revenant de son travail, comme le Seigneur venant s’installer dans l’âme sainte. Oh, personne ne se rend compte de ce travail de titan. Personne n’ira vérifier l’état sous le tapis, personne ne sait le travail fourni. C’est l’humilité chrétienne par excellence ! Le chrétien juste ne fait non pas pour paraître mais pour être le plus fidèle au Christ, et les plus grandes choses se font à l’abri des regards indiscrets. Tel le ménage de la maison.
Le païen, lui, ne lave pas son âme, mais il dissimule la noirceur de ses péchés derrière un voile pudique de respectabilité et de « vertus » naturelles plus ou moins forcées par la pression sociale, pour survivre, ou pour nourrir son orgueil. Telle la ménagère qui met la poussière sous le tapis, sans laver vraiment, afin que cela ne se remarque pas trop quand il y a des invités. Si, par malheur, les invités se font rare, la maison s’enlaidit à grande vitesse, telle l’âme païenne qui ne vit pas dans une société malheureusement totalitaire : anarchie, guerres et massacres sont au rendez-vous.
L’âme apostate n’a même plus ce voile de respectabilité. Ce serait un peu la ménagère qui, non contente d’ajouter de la poussière dans son salon, enfilerait un sac poubelle, collerait la poussière sur elle, et, devant les invités, affirmerait sans rougir que c’est beau et propre, la nouvelle mode…
Qui a dit que maîtresse de maison est un travail incompatible avec celui de philosophe ?
Pauline Blanche
Pour Dieu, pour le roi, pour la France !