Débat : doit-on être islamophobe ?
Islamophobe ? Oui absolument !
En guise de préambule je tiens bien sûr à témoigner de mon plus vif soutien, de l’union de ma prière aux familles des victimes, et de ma colère quant à l’acte barbare (pour une fois que je suis en accord avec les médias sur un qualificatif) qui a été commis ce mercredi 7 janvier 2015 dans les locaux de “Charlie Hebdo”. Colère de voir en danger la liberté d’expression (bien que ce n’en soit qu’une violente confirmation), colère de voir en danger le peuple de France dans son propre pays, mais aussi colère contre les médias, colère contre les leçons de morale qui sont de situation et qui font d’un acte terroriste islamiste une occasion d’exprimer sa sympathie envers la gentille communauté musulmane.
On me traitera d’islamophobe, à ceux-là j’acquiescerai simplement. Oui je ne peux le nier, je ne peux dans ces conditions m’empêcher d’être islamophobe, d’avoir peur d’une religion qui engendre ce genre d’extrême, d’une religion dont les écrits fondateurs favorisent des comportements rétrogrades et dangereux.
L’on répondra à cela que je confonds deux choses complètement distinctes, que l’Islam n’est pas l’islamisme, que je fais un honteux amalgame. Sauf que ce sacro-saint amalgame, je me rends compte tous les jours de son bien-fondé en parlant avec des musulmans de tous horizons, en appréciant leur comportement vis-à-vis de la société, en lisant avec horreur les sourates meurtrières du Coran.
Oui je suis islamophobe, oui j’assimile Islam et islamisme (vous remarquerez le subtil usage de la majuscule), oui je vois en cette religion un danger pour ma patrie, mais ce qui me révolte le plus c’est certainement la logique sophiste d’inversement des causes de notre élite démagogique : si des actes de ce genre peuvent arriver c’est bien sûr parce que la haine est attisée envers cette communauté dans des ouvrages comme de ceux de Houellebecq, de Zemmour, ou comme des événements de manifestation pacifique tels que le PEGIDA.
Quand ouvrira-t-on les yeux ? Quand acceptera-t-on de remettre dans l’ordre la relation de causalité des événements ?
C’est parce que cette religion se voit de plus en plus présente dans nos pays occidentaux que les peuples se soulèvent et que les intellectuels s’inquiètent, et pas l’inverse.
Alors oui, je suis islamophobe, je le professe, pas à la manière de Paul Newman puisque je ne m’attache moi pas au sens médiatique mais au sens profond et académique des mots. Et si vous voyez en moi un être inhumain, digne du troisième Reich (je préfère faire le point Godwin moi-même puisqu’en toute logique il doit être fait n’est-ce pas) relisez le début de mon article et sachez également la prière que je porte pour les criminels, pour la véritable rédemption de leur âme.
François-Joseph Triponé
Islamophobe, la France n’en sortirait pas grandie !
Les effets que peut provoquer une situation de crise sont parfois étonnants. Du moins, ils ne laisseront pas d’interroger durant les prochaines semaines, les prochains mois, ou d’ici quelques années lorsque nous aurons à cœur de contempler ces derniers jours avec un regard plus lucide.
Que l’on ne se méprenne pas : je ne suis pas insensible, loin s’en faut, au sort qui fut réservé à mes compatriotes les 7, 8 et 9 janvier derniers. Les attaques terroristes qui frappèrent la France ont meurtri nos esprits, et nos prières vont aux familles des victimes mais aussi à ces dernières, même si elles n’étaient pas forcément croyantes.
Pourtant, je n’irai pas crier sur tous les toits, ou afficher sur les réseaux sociaux, ces trois insupportables mots qui rythmèrent ces dernières heures de notre vie : « je suis Charlie ». Non : je ne suis pas Charlie, et je n’ai pas besoin de m’identifier à un journal que je détestais pour manifester mon indignation devant la fusillade qui en décima la rédaction. Je n’ai pas besoin d’adhérer aux idéologies mortifères que véhiculaient les victimes pour ressentir respect et compassion pour elles, maintenant qu’elles sont mortes.
Je ne suis pas angélique non plus : je sais, même si la plupart de nos élites politico-médiatiques feint (encore) de ne pas le voir, que notre civilisation est frappée dans ses fondements mêmes par un spectre, l’islamisme ; et que ce spectre puise sa force et son énergie dans une religion, l’Islam, encore quasi-absente de notre terre il y a un peu plus de soixante ans.
Mais je ne plongerai pas pour autant tête la première dans cette folie à laquelle on voudrait me faire adhérer, pour me trémousser au rythme des incantations nuptiales scellant l’alliance non dite (et pas forcément encore assumée) des idéologies libertaires avec l’islamophobie la plus affermie.
J’ai, dans un autre texte, déjà explicité tout ce qu’il y avait à en dire. Malheureusement, les démons sont tenaces et le jeu démocratique, fait de passions irréfléchies et de pensées à court-terme, n’offre pas un terrain favorable à leur expulsion.
Alors faut-il être « islamophobe » ? Un adjectif forgé par l’extrême gauche musulmane (à l’origine pour dénoncer), puis récupéré, pour deux raisons différentes, par l’extrême droite antisémite (antisioniste ?) et par un certain courant laïcard vindicatif. On l’a retrouvé sous un angle positif et assumé par l’écrivain athée et homosexuel revendiqué Jack-Alain Léger, puis par Rispote Laïque. « Phobe », cela renvoie à la peur, cela s’entend. La définition la plus communément retenue s’attache plutôt aux notions de mépris voire de haine… c’est là que le bât blesse.
En tant que catholique, je ne suis pas convaincu que le Seigneur nous commande de haïr pour promouvoir sa sainte parole. En tant que patriote Français, je suis dubitatif sur l’opportunité de mépriser ouvertement certains de mes compatriotes pour restaurer la France. Comme monarchiste, enfin, le souvenir des guerres de religions ne m’incite pas forcément à chercher le conflit systématique avec une communauté cultuelle.
Il y aurait pléthore d’arguments pour nuancer, renforcer, contredire, confirmer mes préventions. Tous les évoquer nécessiterait plus d’un article, je me contenterai simplement d’en appeler à la raison et, surtout, à la prudence. Jeter l’opprobre sur une religion entière n’est pas un acte gratuit, et appelle nécessairement à des conséquences. Lesquelles ? En interdire la pratique ?
L’Islam nous inquiète, l’Islam nous fait peur… lorsque nous voyons le sort des Chrétiens dans le monde islamique, ou que nous lisons le Coran… nous avons peut-être raison…
Mais, nous ne pouvons arguer d’extraits du Coran qui nous déplaisent pour prétendre interdire ce livre ou cette religion : rappelons-nous, catholiques ou, plus généralement, chrétiens… que les athées militants en ont tout autant contre nous, sur nos textes sacrés qu’ils rêvent de voir interdits.
Nous ne pouvons pas oublier que bon nombre de musulmans ne sont pas des terroristes sanguinaires et que certains sont même d’ardents patriotes français… allons-nous leur interdire de pratiquer leur foi ? Que devient un musulman, même patriote, à qui l’ont fait comprendre que sa foi est incompatible avec sa nationalité ? S’il est cohérent avec lui-même, il devient un exilé, car la foi surpasse l’attachement au pays.
Expliquons-nous : lorsque des musulmans nous expliquent que les lois d’Allah sont supérieures aux lois de la République, les catholiques qui feignent de s’indigner sont soit des amnésiques, soit des hypocrites. Ne jettent-ils pas aux orties un enseignement chrétien bimillénaire, dont l’exemple le plus significatif fut le refus d’adorer les empereurs païens se prenant pour des dieux (« non possumus ») ?
En qualité de patriote français, je ne peux pas concevoir comme réaliste, intelligent ou courageux une politique ou un message politique qui exclurait par principe un musulman de la communauté nationale… Un tel comportement décrédibiliserait et donnerait tort à tous les intellectuels musulmans qui s’évertuent à convaincre leurs coreligionnaires qu’ils ont des devoirs envers la France, et les jetterait dans les bras de nos ennemis.
Bien sûr, cela n’interdit pas non plus de s’interroger sur l’identité chrétienne de la France, sur les problèmes soulevés par une communauté musulmane trop nombreuse et sur le sort des chrétiens au Moyen-Orient : oui, nous avons le droit de discuter de tous ces sujets, y compris avec nos compatriotes musulmans… à condition que le dialogue ne soit pas faussé dès le départ par des axiomes haineux ou méprisants, dont la dynamique serait l’exclusion de principe et, l’aboutissement, la guerre civile.
Enfin, en qualité de catholique, je ne crois pas que la haine d’une communauté soit la meilleure voie de l’évangélisation. Haine d’une communauté, en effet, et non pas haine d’une erreur : car la haine du péché, du mensonge, de l’égarement… sont contenus dans les enseignements de la Tradition catholique : nul besoin d’un nouveau mot (« islamophobie ») pour en comprendre la nécessité. Mais la haine d’une communauté n’y a pas sa place.
Si nous pouvons discuter avec les musulmans, ce ne saurait être que dans le respect mutuel : nous sommes en droit d’exiger le respect des musulmans (et de rejeter ceux qui nous le refusent). Mais, au même titre, les musulmans sont en droit d’attendre de nous du respect. Faire reculer l’Islam ? Pourquoi pas ? Mais, dans ce cas, ce sera par l’évangélisation : montrer les incohérences du Coran, le manque de charité et la pauvreté de la miséricorde d’Allah, le tumulte de la vie de Mahomet… y opposer l’infinie grandeur du Dieu unique en trois personnes, le mystère et la profondeur du message du Christ, la prodigieuse promesse du salut…
Mais l’évangélisation repose sur deux impérieux postulats : d’abord on ne méprise pas celui que l’on désire ardemment convertir. Au contraire, l’évangélisation est une marque d’amour. Ensuite, l’évangélisation n’est pas une démarche politique : c’est aux chrétiens, et non à l’Etat, de la faire.
On pourrait peut-être nous objecter que l’évangélisation serait une tâche difficile en France car l’Etat y est antichrétien. Cela est vrai : il l’est, tout comme il pourrait devenir demain islamophobe, en appliquant aux musulmans le même sort qu’il nous réservait jusqu’alors. La République matérialiste en sortirait peut-être grandie, mais pas la France !
Alors, plutôt que d’œuvrer à rendre l’Etat islamophobe, il serait peut-être temps de songer à travailler pour restaurer un Etat « christianophile ».
Au fait, concernant ce dernier projet, qui vous dit que la majorité des musulmans y serait hostile ?
Stéphane Piolenc