Sermon sur le désir d’aimer
Introduction
Ce dimanche, l’Église nous fait lire une nouvelle fois la parabole du Bon Samaritain, Elle nous parle de nouveau de la Charité. Il n’est pas du tout étonnant, il est même nécessaire que l’Église nous rappelle souvent tout au long de l’année le Commandement de la Charité : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit ; et votre prochain comme vous-même». Ce commandement est ce qui donne tout le sens de notre existence. Le but de notre vie, c’est d’atteindre la vie éternelle. Or la vie éternelle, c’est la vie de Dieu. Or la vie de Dieu est essentiellement la vie d’amour parfait entre les Trois Personnes Divines, amour divin qu’on appelle « Charité ». Le but de notre vie, la raison de notre existence, la vie éternelle, c’est donc d’aimer Dieu parfaitement. Aimer Dieu parfaitement, ce n’est pas un but plus ou moins lointain à atteindre dans le futur, après notre mort. Aimer Dieu parfaitement, c’est la raison de notre existence depuis notre naissance, MAINTENANT. Notre-Seigneur Jésus Lui-même insiste sur ce « maintenant » car par deux fois dans l’Évangile d’aujourd’hui Il dit : « Faites cela et vous vivrez » (Lc 10;28), « Allez donc et faites de même » (Lk 10;37).
Je vous parlerai aujourd’hui de la Charité, et plus particulièrement du désir d’aimer Dieu, condition essentielle au développement de la Charité dans nos âmes.
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L’Amour miséricordieux de Dieu et le désir d’aimer Dieu
Dieu nous aime, tous et chacun de nous en particulier. Si Dieu ne nous aimait pas, nous n’existerions tout simplement pas. Mais en plus, Dieu a révélé explicitement son amour pour nous. St Paul dit aux Éphésiens : « Dieu qui est riche en miséricorde, et à cause de l’immense amour dont il nous a aimés, lorsque nous étions morts par nos péchés, nous a vivifiés en Jésus-Christ. » (Eph 2 ;4-5). Et St Jean dit : « Et cette charité consiste en ce que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé son Fils comme victime de propitiation pour nos péchés. » (1 Jn 4 ;10). « Et nous avons connu, et nous avons cru à la charité que Dieu a pour nous. » (1 Jn 4 ;16).
Dieu ne nous aime pas parce que nous lui apportons quelque chose, mais parce que n’ayant rien, nous pouvons tout recevoir de Lui, et ainsi Lui permettre de manifester en nous sa bonté infinie. Dieu nous veut du bien en raison même de notre petitesse et faiblesse. Comprenons cela par une simple analogie : qu’est-ce qui attire l’attention et tous les soins des parents vers leur petit bébé ? C’est précisément l’état de petitesse et de faiblesse de ce dernier. Quand leur enfant est grand, les parents ne s’en occupent plus trop parce qu’il est grand et capable de se débrouiller par lui-même. Redisons-le encore une fois : Dieu nous aime en raison même de notre petitesse et faiblesse, son amour pour nous est un amour essentiellement miséricordieux.
Par amour, Dieu nous a créé avec notre nature humaine et Il nous donne tout ce dont nous avons besoin pour vivre. Il fait cela pour tous les hommes. Mais en ce qui concerne la vie éternelle, c’est différent. Dieu ne peut pas la donner automatiquement à tous les hommes ; Il ne peut la donner qu’aux hommes qui L’aiment. En effet, comme on l’a dit, la vie éternelle, c’est la vie d’amour parfait entre les Trois Personnes Divines ; entrer dans la vie éternelle, c’est participer à l’amour divin, c’est aimer Dieu parfaitement. Entrer dans la vie éternelle sans aimer Dieu, c’est impossible car c’est contradictoire. Dieu a un immense désir de se donner, de partager avec nous sa vie Divine. Mais Il ne peut le faire qu’en se faisant aimer. Dieu a soif d’être aimé. De notre côté nous devons correspondre par le désir d’aimer Dieu, nous devons avoir soif de Dieu. L’intensité de notre désir détermine la mesure de Charité que Dieu peut déverser dans nos cœurs.
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Comment développer notre désir d’aimer Dieu
La question devient alors celle-ci : comment avoir le désir d’aimer Dieu ? Comment exciter davantage ce désir ? Cela peut nous paraître parfois difficile : parce que nous ne voyons ni n’entendons Dieu avec les yeux et les oreilles de notre corps, parce que nous nous voyons empêchés par toutes sortes de misères physiques et spirituelles, parce que nous sommes comme malgré nous emportés dans nos affaires professionnelles, familiales or sociales. Comment, malgré tout cela, intensifier notre désir d’aimer Dieu ?
La première chose à faire, c’est de vivre dans notre cœur avec Notre-Seigneur Jésus et Lui demander ce désir, l’augmentation de ce désir. Rappelez-vous l’épisode de la Samaritaine de l’Évangile. Jésus demande à la Samaritaine : « Donnez-moi à boire ». Ce qui signifie : « Donnez-moi votre amour ». La samaritaine répond : « Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi une Samaritaine ? ». Ce qui signifie : « Comment vous qui êtes Dieu infiniment parfait, me demandez-vous mon amour, à moi qui suis un pécheur, si faible, si dénué de tout ? ». Et Jésus répond : « Si vous saviez le don de Dieu et qui est celui qui vous dit: Donnez-moi à boire ! Vous lui auriez vous-même demandé à boire, et il vous aurait donné de l’eau vive. » Ce qui signifie : « Si vous connaissiez l’amour miséricordieux de Dieu pour vous, c’est vous qui auriez dit : Donnez-moi votre amour ! Et je vous aurais infusé mon amour en votre cœur. » Alors, la Samaritaine s’écrie : « Seigneur, donnez-moi de cette eau ! » Ce qui signifie : « Donnez-moi votre amour ! ». Voyez : Jésus a excité dans le cœur de la Samaritaine le désir d’aimer Dieu, et à partir de là Il la sanctifie.
Pour intensifier notre désir d’aimer Dieu, il faut vivre aussi dans la compagnie de la Très Vierge Marie. Jésus nous l’a dit sur le Calvaire : « Voici votre Mère ». Notre-Dame est la créature qui a le plus parfaitement aimé Dieu. C’est à Elle que Jésus a confié la mission de nous former à l’amour de Dieu.
Ainsi donc nous obtenons de Notre-Seigneur et Notre-Dame le désir toujours plus grand d’aimer Dieu par la lecture régulière de l’Évangile, et par la prière de demande fréquente et persévérante.
La deuxième chose à faire pour intensifier notre désir d’aimer Dieu, c’est de prouver la sincérité de notre désir par nos actions, sinon ce n’est qu’un désir vague et vain. On montre son amour pour quelqu’un ou tout au moins son désir d’aimer quelqu’un en faisant plaisir à cette personne. Ce qui fait plaisir à Notre-Seigneur Jésus, Il l’a dit dans l’Évangile à travers la parabole du Samaritain, Il l’a aussi dit en ces termes : « Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait ». (Mt 25;40). Ce qui fait plaisir à Jésus et à Marie, ce sont donc l’accomplissement des œuvres de miséricordes spirituelles et corporelles envers le prochain.
Tous les jours ces œuvres se présentent nous, pensez par exemple à : la maman qui cuisine pour donner à manger à ceux qui ont faim ou qui fait la lessive pour vêtir son petit monde ; le client qui offre une boisson fraîche aux ouvriers qui travaillent pour lui dans la chaleur ; la personne qui prend de son temps pour une petite visite à un malade ou une personne âgée ; la personne qui va nettoyer les tombes abandonnées d’un cimetière un 02 novembre ; la personne qui prend le temps d’écouter celui qui a besoin d’un conseil ou d’un encouragement ou d’une consolation ; le papa qui le soir malgré sa fatigue fait un peu de catéchisme à ses enfants pour les instruire ; les parents qui jour après jour s’attellent patiemment à corriger les mauvaises habitudes de leurs enfants ; l’employé qui pardonne au collègue qui lui a fait un sale coup ; la personne qui supporte patiemment les coups durs de la vie ; les petits Croisés qui prient et font des sacrifices pour les vivants et les morts… Toutes ces petites œuvres, si nous les faisons bien dans le but de faire plaisir à Dieu, elles expriment notre désir d’aimer Dieu. Faire tout cela, c’est selon l’expression de Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus « lancer des fleurs à Jésus ». Elle disait à Jésus : « Oui mon Bien-Aimé, voilà comment se consumera ma vie… Je n’ai d’autre moyen de te prouver mon amour, que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les plus petites choses et de les faire par amour… Jésus, à quoi te serviront mes fleurs et mes chants ?… Ah! je le sais bien, cette pluie embaumée, ces pétales fragiles et sans aucune valeur, ces chants d’amour du plus petit des cœurs te charmeront, oui, ces riens te feront plaisir. »
Conclusion :
Chers Fidèles, il y a deux soifs qui doivent se rencontrer : la soif de Dieu et notre soif. La soif de Dieu de se donner et donc d’être aimé, et la soif de l’homme d’être rempli, possédé et transformé par l’amour. La soif de Jésus qui dit à la Samaritaine : « Donnez-moi à boire ! » et la soif de la Samaritaine qui dit à Jésus : « Donnez-moi de cette eau ! ». La rencontre de ces deux soifs produit la gloire de Dieu et notre sainteté.
C’est pourquoi, quand nous sommes les malheureux témoins d’odieux blasphèmes comme ceux qui eurent lieu à l’ouverture des jeux olympiques à Paris, avant même de protester et de réparer publiquement, notre réaction doit être de vouloir aimer Dieu, Notre-Seigneur et Notre-Dame plus intensément que jamais. Nous devons venger ces outrages, ces refus d’amour de Dieu en voulant aimer, faire plaisir à Dieu davantage. C’est le sens de la consécration de soi à l’Amour Miséricordieux par Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus. Demandons donc tout particulièrement pendant cette Messe un plus grand désir d’aimer Dieu et prenons la résolution de prouver par nos œuvres de miséricorde la sincérité de notre désir.
Un missionaire en Asie