Secrets de famille, par Rémi Martin
« Avoir la foi, c’est posséder des secrets de familles. « Dieu, a dit excellement le P. Lacordaire, nous ayant fait comme des fils, nous a parlé comme à des fils ; et autant il est impossible de concevoir un père qui n’aurait jamais parlé à ses enfants, autant il est impossible de concevoir un Dieu qui n’aurait entretenu sa créature pour lui laisser dans le cœur un secret de famille. » Aussi, avoir la foi, c’est réellement posséder des secrets de famille. Le Crédo est un recueil de confidences faites par Jésus-Christ. » (Abbé Joseph Lémann, La Religion de combat, ESR, 2014 (1891).)
Permettez-nous à l’occasion de cet article de recommander chaudement la lecture des écrits de l’abbé Lémann, un juif converti contre-révolutionnait et chrétien intégral.
Aujourd’hui, nous aimerions simplement parler d’un drame, le drame de notre temps que cette citation nous a fait cruellement ressentir : qui encore possède des secrets de familles ? Qui encore peut comprendre cette analogie ?
Nous-mêmes nous avons plutôt l’impression de comprendre ce que pourrait être un secret de famille par analogie des vérités chrétiennes aujourd’hui inconnues et que l’on apprend un jour, au hasard d’une rencontre amenant une conversion, et qu’on s’approprie dans une sorte d’intimité toute familiale qui nous donne paix et sérénité.
Comme si nous retrouvions grâce à la foi des vérités naturelles aujourd’hui perdues là où il y a peu encore ces vérités naturelles aidaient par analogie à comprendre des choses de la foi.
Tel le livre de raison, qui a complétement disparu, les menées contre-nature des états révolutionnaires ont permis une destruction en règle et quasi-complète de toute la famille naturelle, qui pouvait être sainement naturelle et sans excès institutionnelle ou coutumier grâce au travail bienfaisant sur des siècles des vérités de surnaturelles et de la grâce.
Cela est terminé. Ce temps est révolu.
Via le divorce, les jalousies, et la barbarie encouragée à tous les niveaux et actée institutionnellement et dans les lois – indifférenciation des rôles père-mère, dont l’égalitarisme créé compétition et divisions ; assassinat des enfants ; renversement de tous les principes d’autorité qui engendrent la violence, etc – les familles sont aujourd’hui dans la tourmente et la désolation.
Même les vieilles familles, même les familles « normales » (non recomposées, non divorcées, non en concubinage) ne savent plus être « tradi » : qui encore connaît des secrets de famille ! Qu’ils soient bénis s’il en reste !
Au mieux, le père, par son exemplarité, aura transmis quelques bribes de l’ancien temps, mais l’après-guerre a fait pire que la boucherie de 14-18 : là où la transmission des secrets de familles a souvent été rendu impossible par la suppression pure et simple des pères dans la guerre civile européenne, la génération d’après-guerre a pris comme devoir « de ne plus rien dire et de se taire » devant sa progéniture. Plus de transmission orale, et silence si coupable devant les péchés commis par les enfants…
C’est une réalité triste, certes, mais réelle.
Alors, pour restaurer, transmettons nos secrets de familles à nos enfants, et parlons-leur en toute intimité et toute franchise de nos devoirs de famille, de nos devoirs de chevaliers francs au service du roi, du service de Dieu, des « trucs » pour se donner le courage dans le combat et pour développer les vertus théologales et cardinales.
Rédigeons nos livres de raison pour refonder, restaurer quand on peut, l’esprit de famille !
Car le roi est notre père à tous, et la famille royale la famille des familles : restaurer passe par la restauration de chaque famille, dont le sain fonctionnement, qui a vocation à être sanctifié, nous rapproche de Dieu, notre Père à tous, le père et le suzerain du roi Très-Chrétien.
Hauts les cœurs !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Rémi Martin