Ex-Libris. Un roman « catalan » : L’Infante, de Louis Bertrand
Nous avons déjà parlé de Louis Bertrand pour son essai intitulé Les Villes d’or, au sujet de la Tunisie et de l’Algérie romaines. Ce métropolitain, membre de l’Académie française, en étonnera plus d’un si nous apprenons à nos lecteurs qu’outre l’Afrique du Nord, Louis Bertrand s’est passionné pour l’Espagne, puis pour l’hispanité au sens large.
C’est dans ce contexte que s’inscrit son roman L’Infante, qui se passe principalement en Cerdagne, en un moment où la « Catalogne française » est toute fraîche et encore disputée par l’Espagne, avec des populations locales prêtes à manigancer et à conspirer… Ce roman a été réédité en 2022 aux éditions du Drapeau blanc, lesquelles prêtent une attention croissante à cet académicien.
La place de Villefranche-de-Conflent est au centre du drame, ou plutôt de la tragédie. Un amour impossible entre damoiselle catalane et officier français, la prépondérance du devoir, la dureté des paysages, climats et caractères promettent en effet une intrigue dénuée de toute eau de rose…
Il serait difficile de s’étendre longuement sur un tel ouvrage sans en ébruiter tous les secrets, sans révéler tous les soubresauts de l’action. Contentons-nous d’évoquer la richesse du style d’écriture de Louis Bertrand, et précisons aussi que l’idée du livre, si ce n’est l’ordre, lui fut donnée par monseigneur Jules de Carsalade du Pont, évêque d’Elne et Perpignan.
La Catalogne n’est pas le seul théâtre des péripéties, puisque des chapitres prennent place en Castille et à Versailles ou Paris. C’est une lecture qui ennoblit et qui n’est pas là que pour faire passer le temps. Si je devais ne retenir qu’une seule et unique citation, ce serait celle-ci, dont on pourrait se faire une maxime de vie pour les humbles tâches du quotidien :
« La même pensée d’amour qui escalade les derniers sommets de la métaphysique ou de la théologie préside à la cuisson d’un pain ou à la confection d’une sandale » (L’Infante, p. 167 de la réédition).
Jean de Fréville
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