Philippe Maxence, Chesterton face à l’islam
Philippe Maxence, rédacteur en chef de L’Homme nouveau, est un passionné de Gilbert Keith Chesterton, cet écrivain anglais si inventif et si fougueux, né protestant et converti au catholicisme durant ses pérégrinations intellectuelles. À part de son association, Les Amis de Chesterton, Ph. Maxence inaugure une toute nouvelle collection chez Via Romana[1], afin de faire connaître à tous le maître britannique qu’il admire tant.
L’ouvrage se décompose en trois grandes parties : la première (cinq chapitres), veut « montrer l’approche théologique de l’islam sur laquelle s’est appuyé Gilbert Keith Chesterton » (p. 9). Cette première partie est celle pour laquelle Philippe Maxence a le plus de mérite, ayant bien travaillé et peaufiné son sujet. « La seconde partie, plus courte, est constituée d’un florilège de citations, empruntées à divers livres ou articles de Chesterton et qui éclairent, chacune à sa manière et chacune sur un thème bien précis, la façon dont il a traduit par écrit son regard sur l’islam » (p. 10). « Enfin, la troisième partie rassemble deux poèmes ayant eux aussi rapport avec l’islam, dont le célèbre poème Lépante qui accompagna un certain nombre de soldats dans les combats des tranchées de la Première Guerre mondiale » (p. 10).
En guise d’introduction, l’auteur nous présente, en une courte biographie, Chesterton : il passe en revue sa remarquable constitution physique haute d’1,90 m (p. 20), ses études en beaux-arts puis en lettres (p. 18), ses premiers poèmes, son premier emploi chez un éditeur et ses critiques de livres réalisées pour survivre (p. 18), ses « milliers d’articles et […] centaine d’ouvrages » (p. 14), ses velléités pacifiques lors de la guerre contre les Boers, sa conversion au catholicisme en 1922 (p. 24-25) et celle de son frère Cecil (p. 42), ses deux grands essais intitulés Heretics et Orthodoxy en 1905 et 1908 (p. 21-24). Etc.
Puis vient le vif du sujet. Il n’était pas évident d’envisager si tôt, en ce XXe siècle balbutiant, les problèmes qui suralimentent aujourd’hui l’actualité. « Chesterton est l’un des écrivains, et plus généralement des observateurs de son temps, qui s’est posé directement la question de la confrontation de l’islam avec la société occidentale moderne » (p. 14). « [C]’est essentiellement en écrivain, traversé par une vision poétique de l’existence, en chroniqueur engagé et en romancier qu’il a alerté ses contemporains des dangers de l’islam, susceptible alors de se réveiller car la nature profonde de cette religion est d’être conquérante » (p. 15). L’islam se montre dangereux, et cela par ses racines mêmes.
L’œuvre dans laquelle Chesterton a le plus parlé de l’islam, de manière percutante, c’est L’Auberge volante. Nul doute que le lecteur de cet agréable petit Chesterton face à l’islam désirera ensuite parcourir les pages de ce roman atypique. Là, Chesterton n’hésite pas à mettre en scène, dès 1914, une Angleterre libérale, prohibitionniste pour bien des choses (exemple criant : l’alcool), collaborant en ce sens avec l’islam tant décrié. « L’Auberge » incarne alors un lieu de résistance, et un parangon de la société vraie, véritable. Une découverte littéraire.
Jean de Fréville
[1] MAXENCE (Philippe), Chesterton face à l’islam, Paris, Via Romana, coll. « Les Amis de Chesterton », 2014, 178 p., 13 €.