“Les Proies” de Sofia Coppola : tout simplement magnifique
Il s’agit d’un thriller, sur fond de drame historique, qui se déroule dans un pensionnat de jeunes filles dans l’État de Virginie en 1864 avec Colin Farrell, Nicole Kidman, Elle Fanning, Kirsten Dunst et Angourie Rice.
Nous sommes plongés dans cette guerre de Sécession, une guerre qui a fait couler beaucoup d’encre et continuera d’en faire couler, tant il reste de séquelles entre le nord et le sud. Un inventaire récent a d’ailleurs permis de recenser plus de 50 000 livres et opuscules publiés sur le sujet, sans compter les dissertations et les articles. C’est dire combien cette période tragique de l’histoire des États-Unis a inspiré et continuera de le faire, sans doute autant, si ce n’est plus, que notre propre révolution.
Mais revenons aux « Proies » : le pensionnat pour jeunes filles de Miss Martha Farnsworth reste totalement coupé du monde jusqu’à ce qu’à proximité soit découvert un soldat blessé que le pensionnat va héberger. Imaginez le contraste entre l’uniforme du soldat blessé et les tenues de ces jeunes filles en crinolines blanches, rubans et autres broderies, absolument irrésistibles, si éloignées de la noirceur et de l’horreur de la guerre. Il faut soigner ce soldat et pratiquer sur lui une opération dont je vous laisse deviner la nature.
La passion de Coppola pour les costumes trouve ici de quoi se nourrir. Fidèle à son approche esthétique, Sofia Coppola soigne à l’extrême ses images avec une magnifique photographie du Français Philippe Le Sourd (“The Grandmaster” de Wong Kar Wai), dans la lignée des lumières rasantes de Vilmos Zsigmond (“La Porte du paradis”).
Cette seconde adaptation du roman de Thomas P. Cullinan est éblouissante et si Sofia Coppola a remporté le prix de la mise en scène sur la Croisette avec “Les Proies”, c’est amplement justifié. « Quel joli film » a-t-on envie de dire en sortant de la projection. Et je ne saurais trop vous inciter à aller le voir.
Solange Strimon