[Ex-Libris] « Dieu, la science, les preuves » de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies (2/2)
Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, Dieu, la science, les preuves, Guy Trédaniel, Paris, 2021.
Après en avoir étudié les bons côtés, exposons les limites et la grande faiblesse de ce livre.
Notons tout d’abord que sur le plan doctrinal, on sent bien que tout a été vérifié et il y a peu d’erreurs – mais il y en a quelques-unes, en particulier page 344, qui veut croire qu’il « n’y a pas de hiérarchies entre les hommes » au paradis terrestre, ce qui est faux et va contre les explications de Saint Thomas[1].
La grande faiblesse de ce livre néanmoins se trouve ailleurs. Il manque cruellement une bonne explication de la relation entre foi et raison, et les différents niveaux de vérité, qui pourraient penser à croire que la vérité scientifique est plus que ce qu’elle est : soit tout à fait inférieure aux vérités philosophiques et théologiques[2].
Nous comprenons évidemment que, vu l’objet du livre, ce genre de clarification aurait été difficilement mise en début de livre, mais il est aussi évident que mettre clairement l’exposé de la foi au moins en conclusion aurait été un minimum.
Expliquons-nous : démontrer l’existence d’un dieu créateur, c’est bien, mais clairement insuffisant. Car toutes les religions, ou presque, font foi d’un démiurge quelconque, qui n’est en rien le dieu trinitaire incarné et ressuscité dans sa seconde personne, Jésus-Christ.
Il aurait ainsi fallu dire que la foi ne se prouve pas, mais qu’elle est un acte de la volonté à poser envers Dieu et sa vérité révélée. Et là se trouve un saut que seule la volonté peut faire. L’intelligence peut être aussi éclairée que vous voulez, convaincu de l’existence d’un dieu créateur, voire de la supériorité indéniable dans tous ses aspects des évangiles et de la doctrine catholique, qu’elle n’est pas encore convertie tant qu’elle ne décide pas de faire confiance dans un acte de foi authentique à Jésus-Christ.
Sous cet aspect, le bât blesse dans ce livre : un lecteur non averti, ou malintentionné pourrait croire que la science permet de prouver Dieu, voir suffit à saisir l’ensemble de Dieu, et que Dieu serait ainsi une sorte de « gnose »… Les auteurs n’ont pas cette intention à mon avis, car moi-même, en lisant, je n’ai jamais eu cette impression : je me disais juste « dommage qu’ils ne parlent pas plus clairement de la relation foi-raison, et expose clairement les limites de leur propos ».
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille est un entretien sur Radio Courtoisie[3], où le pauvre abbé Tanoüarn s’est fait embarquer (sans savoir où il allait, je pense, mais passons) : tout le monde était bien poli, mais les théories farfelues d’un rabbin cabaliste et gnostique, scientifique autoproclamé, avaient de quoi mettre mal à l’aise. Personne n’a relevé, j’imagine par politesse, mais c’est regrettable. Les animateurs de l’émission étaient aussi étranges, gnostiques sur les franges, voulant croire semble-t-il que la raison humaine est toute puissante. On se demande comment les auteurs, mais aussi l’abbé, ont pu se retrouver là…
Autre indice, il semble que l’éditeur Guy Trédaniel est connu pour ses penchants éditoriaux gnostiques, cosmiques et œcuméniques…, qui l’empêchent de publier tout livre véritablement catholique.
Là est le problème : il semble qu’un certain œcuménisme conciliariste et une fausse tolérance envers les religions ont conduit les auteurs – qui n’ont peut-être pas demandé aux bons clercs la relecture ? car de bons abbés n’auraient pas laissé passer cet erreur à la fois dommageable et triste, car il s’en aurait fallu de peu pour que le livre passe de bon livre de référence apologétique à une vraie œuvre missionnaire catholique – à ne pas parler clairement des distinctions si importantes de foi et de raison, et de remettre les différentes vérités (scientifiques sur le mode hypothétique, les plus faibles et basses, les vérités philosophiques, et les vérités théologiques) à leur place tout en rappelant que seul l’acte de foi envers Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu peut sauver, et qu’il faut faire ce pas.
À vouloir trop être consensuel sous couvert d’objectivité on se prend les pieds dans le tapis.
Il est clair en tout cas que, vu comment les gnostiques de tous les bords apprécient ce livre, il n’est pas contradictoire en soi avec leur vision gnostique et anti-catholique du démiurge. Nous en revenons au point de départ : prouver le dieu créateur c’est bien, et apologétiquement parlant certainement nécessaire aujourd’hui dans notre monde, mais insuffisant. Il faut tout de suite appeler à la conversion à Jésus-Christ, sinon il est à craindre que les bonnes volontés convaincues par ce livre de l’existence d’un dieu, n’aille pas vers le Dieu unique, vrai Dieu, trinitaire, et incarné et ressuscité, mais vers un quelconque démon se cachant derrière de jolies oripeaux…
Nous prions pour que les auteurs s’en rendent compte et corrigent le tir dans un second opus, autour de la théorie de l’évolution par exemple.
Mais disons en conclusion que ce livre est forcément inclue dans le plan providentiel : et ce n’est pas parce que certains délires gnostiques voudront se le réapproprier que les lecteurs touchés n’iront pas vers le vrai Dieu. Nous savons nous-mêmes que si nous avions lu ce genre de livre quand nous étions encore loin de la foi, que nous ne savions même pas ce qu’était un abbé, encore moins le Christ, ce livre aurait accéléré notre conversion, sans aucun doute.
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !
[1] Pour ceux qui aimeraient aller plus loin nous conseillons ce cours sur l’homme au paradis terrestre qui explique tout cela fort bien :
[2] Voir par exemple : https://www.vexilla-galliae.fr/points-de-vue/editoriaux/finissons-en-avec-lhegemonie-scientiste/ ; ou encore : https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/social-et-economie/quand-raoult-deraille-pauvrete-de-la-science-et-totalitarisme-rampant/
[3] https://www.radiocourtoisie.fr/2022/02/08/libre-journal-du-droit-et-des-libertes-du-8-fevrier-2022-dieu-la-science-les-preuves/