Éric Zemmour, Le Bûcher des vaniteux
Est-il seulement besoin de le présenter ? Qui ne le connaîtrait pas encore ? Tout un chacun en aura entendu parler comme un polémiste de droite rappelant certaines vérités élémentaires sur les ondes radiophoniques et sur les plateaux de télévision, ou encore dans les colonnes de la presse écrite – pensons notamment au Figaro. Si certains media l’accueillent à bras ouverts, d’autres lui sont publiquement hostiles. Vous l’aurez reconnu, nous voulons parler d’Éric Zemmour, qui n’a jamais beaucoup de mal à prendre le dessus sur un faible Nicolas Domenach, lors de débats régulièrement organisés par i Télé.
Zemmour, toutefois, est moins connu comme auteur. Pourtant, son livre Mélancolie française – sévèrement épinglé par la gauche bien-pensante et par les « historiens » officiels du régime et de son Université, ignorant totalement le concept d’essai –, dont la matière peut et doit être débattue avec courtoisie, avait obtenu un succès réellement populaire. Aujourd’hui, l’œuvre est moins ambitieuse et moins littéraire : les éditeurs Albin Michel et J’ai Lu se contentent de nous fournir une restitution écrite de ses interventions quotidiennes sur RTL, du 3 janvier 2011 au 23 décembre de la même année. Voilà la surprise que Le Bûcher des vaniteux[1]renferme.
Un peu daté, me direz-vous ? Oui et non. En réalité, il est intéressant de se replonger dans cette année 2011 décisive qui, dans l’histoire républicaine qui n’est heureusement pas la nôtre, prépare une tragédie présidentielle fracassante : l’élection d’un certain François Hollande en 2012. Zemmour nous invite, pas à pas, à revivre cette année pré-électorale, et c’est avec un plaisir délictueux que nous retiendrons de nombreuses formules bien senties – même si le tout n’est pas parfait !
Pour goûter à l’ouvrage, quelques formules empruntées çà et là : « un ultimatum sans intervention armée est un cri dans le désert » ; « [o]n ne peut exalter les différences et obliger des gens trop différents à vivre ensemble » ; « [o]n ne peut avoir à la fois les 35 heures, l’euro et la mondialisation » ; « les traditions poussiéreuses et encombrantes sont souvent d’anciennes règles dont on a seulement oublié les raisons » ; « l’Élysée choisit souvent ses ministres en fonction de leurs limites, voire, depuis quelques années, de leur médiocrité » ; « [l]e département, c’est le degré zéro de la politique, mais c’est tout ce qui restait à la politique » ; « L’Humanité proposait qu’on abolisse la règle grammaticale qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin. On n’avait pas remarqué que les règles orthographiques étaient encore enseignées. »
À picorer pour s’amuser !
Jean de Fréville
[1] ZEMMOUR (Éric), Le Bûcher des vaniteux, Paris, Albin Michel, borché, 336 p., 2013, 20,20 € ; et J’ai lu, poche, 320 p, 6,70 € (également à demander auprès de la librairie par correspondance Chiré-DPF). Le Bûcher des vaniteux 2, suite du premier, est également disponible au prix de 20,90 €, broché, 368 p, 2013.