Albert Rouet, L’Échelle de la Foi
La semaine dernière, nous présentions un petit ouvrage de monseigneur Marc Aillet, évêque de Bayonne. Aujourd’hui, nous restons dans le monde épiscopal français, même si monseigneur Albert Rouet est aujourd’hui à la retraite, après avoir occupé de 1993 à 2011 le siège de Poitiers, en héritier du cardinal Pie, mais en laissant d’assez mauvais souvenirs dans son diocèse, n’ayant désormais plus de messes à la cathédrale en hiver et peu de paroisses… Quoi qu’il en soit, il est assez facile de remarquer que les admirateurs de monseigneur Aillet sont rarement les mêmes que ceux de monseigneur Rouet, et il est assez inquiétant qu’il puisse exister de tels écarts de conceptions religieuses entre deux prélats français, bien qu’ils appartiennent à deux générations différentes.
Ici, il ne s’agit pas de conseils de gouvernement épiscopal, mais d’un ouvrage de spiritualité, L’Échelle de la Foi[1]. En voici la présentation que l’auteur en fait : « L’échelle que Jacob fuyant son frère voit en songe est un grand thème de la vie spirituelle et de l’iconographie. Toucher le ciel, communiquer avec lui : n’est-ce pas le rêve de toute religion ? La Bible, plus nuancée, affirme que cette échelle monte “vers le ciel” et descend “vers la terre”. Alors, sur quoi s’appuie-t-elle ? Sur l’élan d’un désir. Ainsi en est-il de la foi : elle vise le mystère de Dieu et plonge dans le mystère de l’homme. Qu’elle paraît fragile, sans appui tangible ! Mais si c’était là sa force et sa vérité ? »
Cet opuscule est assez aéré et rapide alors. Il s’appuie sur de nombreuses citations des Écritures (qui semblent toutefois assez souvent uniquement formelles et mécaniques, ne traduisant pas toujours la source vivifiante qu’est – après la Tradition – cette source de notre foi), et donne une infinité de réflexions sur la foi. Nous y avons trouvé des propos remarquables et des phrases bien senties. Cependant, pour être franc, le tout est écrit dans un style conforme à notre temps, c’est-à-dire manquant de vie : la foi semble n’être étudiée que comme un objet extérieur, comme s’il s’agissait d’un manuel d’histoire ou de mathématiques (manque de transcendance et de profondeur), et ne paraît pas être une expérience vécue et positive. Ce décalage est dû à une raison bien simple : ce n’est ni un ouvrage de théologie, ni un ouvrage de spiritualité ; ce qui en fait un livre bancal, qui semble manquer de construction et de consistance, et qui n’arrive à servir aucune fin en particulier – il ne faut pas s’attendre à pouvoir méditer dessus, ou à en trouver sa vertu de foi renforcée. C’est d’autant plus dommage que l’on y trouve de bonnes choses.
On en conclura donc avec l’auteur que notre devoir de chrétien est de vivre notre foi, de la rendre palpable, sans quoi elle ne serait pas véritable. Et cela passe par la charité et par l’espérance.
Jean de Fréville
[1]ROUET (Mgr Albert), L’Échelle de la foi. Petites méditations sur la foi, Paris Éditions Franciscaines, 2014, 176 p., 13 €.