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Louis XIV au Château de Vincennes (2/3)



Les actes des communications des sessions du centre d’études historiques paraissent une fois par semaine, chaque samedi. Les liens des communications en bas de page.

Centre d’Etudes Historiques

1661, la prise de pouvoir par Louis XVI.

Actes de la XVIIIe session du Centre d’Études Historiques (7 au 10 juillet 2011)

Collectif, Actes dela XVIIIe session du Centre d’Études Historiques, 1661, la prise de pouvoir par Louis XIV, CEH, Neuves-Maisons, 2012, p.89-102.

Voir aussi Vincennes royal du Père Jean-François Thomas (s.j)

Par Odile Bordaz

Conservateur du Patrimoine et aux Archives nationales

Les appartements de Louis XIV

Les appartements de Louis XIV occupaient la partie ouest du pavillon : cinq pièces en enfilade, sans couloir, comme cela était d’usage dans les constructions de cette époque, et des fenêtres donnant sur le petit parc.

La salle des gardes était celle qu’avait connu le feu roi Louis XIII.

Dans la pièce suivante, où l’on dressait la table pour les repas, le peintre flamand Manchole avait peint quatre frises représentant les batailles d’Alexandre le Grand.

Une antichambre précédait la salle du Trône, dont le plafond présentait une allégorie de la paix des Pyrénées : le roi en Jupiter ordonnant à la France d’embrasser la Paix escortée par les Arts. Aux quatre angles, des personnages grandeur nature portaient des cartouches aux chiffres entrelacés du roi et de la reine. C’est là que Louis XIV recevait les ambassadeurs et autres personnages illustres qui lui rendaient visite.

La chambre du roi, avec son alcôve fermée par une balustrade, abritait le lit de Sa Majesté placé sous l’œil de Jupiter et de Junon, figures peintes au plafond.

Par un dédale de cabinets et de garde-robes le Roi atteignait la tour éponyme, pourvue de latrines, et juste après il accédait aux appartements de son épouse.

Les appartements de la reine Marie-Thérèse

Comme ceux du roi, les appartements de la reine Marie-Thérèse comptaient cinq pièces en enfilade.

Borzone avait rythmé de pilastres les murs de la salle des pages, ou des gardes, de la reine, alternant un décor peint de paysages et d’une marine. Philippe de Champaigne et les peintres de son atelier avaient imaginé une frise en grisaille courant tout autour de la salle, ponctuée au centre de chaque panneau par une niche où l’on voyait peints en buste, Apollon et Cérès ; des génies encadraient les niches tenant des guirlandes de fleurs et de fruits, agrémentées de médaillons et de putti.

Les dames d’honneur de la reine se tenaient dans une salle peinte par Borzone de douze marines aux cadres en stuc ornés de tritons et de néréides.

Dans le salon de musique, Marie-Thérèse pouvait admirer le décor dû à Philippe de Champaigne. La frise autour de la pièce illustrait les joueurs de divers instruments. Le plafond, œuvre de Michel Dorigny, glorifiait la jeune reine en déesse Vénus, entourée par Mercure, Zéphyr, Flore, Isis – messagère des dieux de l’Olympe – et par le Temps. D’autres scènes inspirées par la mythologie ornaient les quatre angles du salon : l’enlèvement d’Europe, Mars et Vénus, Apollon et Daphné, Hercule et Omphale.

Alors que tous les salons donnaient sur la cour royale, à l’est, l’antichambre et la chambre de la reine ouvraient au midi, du côté du grand parc.

Par une porte dissimulée dans les boiseries, l’antichambre ouvrait sur un large couloir à ciel ouvert aménagé sur le mur d’enceinte médiéval par Louis le Vau et qui, à travers la tour du parc, aboutissait au pavillon de la reine, dans la chambre de la reine mère.

Le plafond de l’antichambre de Marie-Thérèse, œuvre de Michel Dorigny, célébrait l’apothéose du jeune couple royal : la reine portée par le dieu Mercure et le roi en Jupiter trônaient sur les nuées, entouré par Minerve, Diane, Junon, Vénus et Cérès. À chaque angle, Monnoyer avait peint de ravissantes figures de jeunes femmes, des putti, des génies ailés portant des corbeilles de fleurs.

La chambre de la reine, identique dans sa disposition à celle de son époux, s’ornait d’un plafond peint d’une figure de Vénus et de l’Amour. Elle communiquait avec un oratoire dont le décor évoquait, au milieu de guirlandes de fleurs, la sainte patronne de la reine, sainte Thérèse d’Avila.

Quant au mobilier, en 1661 comme au cours des années précédentes, il venait toujours des autres châteaux royaux ; il était en effet de tradition de déménager le mobilier (lits, sièges, coffres, tables, pieds, tapisseries) en fonction des déplacements d’une cour itinérante. L’installation définitive du roi à Versailles en 1682 mettra un terme à cette habitude. Néanmoins, bien avant cette date, le jeune souverain afin de pouvoir séjourner plus confortablement à Vincennes et d’y venir quand bon lui semblait, avait commandé pour « son château du Bois » du mobilier à demeure, comme le relèvent les inventaires et les comptes du trésor royal.

Le petit parc et les abords du château

Un autre agrément de Vincennes, très apprécié par Louis XIV, résidait dans son environnement. Hormis la forêt et les vastes espaces qui entouraient le château, il existait des jardins, un potager, une ferme, et même un sérail pour les animaux sauvages destinés aux combats.

Depuis le pavillon du roi il était facile de se rendre aux jardins qui s’étendaient au-delà du mur d’enceinte de Charles V, du côté ouest, jusqu’à Saint-Mandé, où le mur de clôture était marqué par une tourelle. Ils étaient accessibles par un passage situé au-dessus des fossés et qui aboutissait sur une terrasse. Ils portaient le nom de petit parc.

Au-delà des jardins à la française, dessinés par Le Nôtre, s’étendait le potager dont les melons étaient célèbres. Mazarin en exil demandait à Colbert de lui en envoyer. Malgré les plaintes de ce dernier sur la mauvaise qualité de la terre qui ne produisait pas suffisamment, et les dégradations causées par les oiseaux qui consommaient une partie de la récolte avant même que l’on ait pu la cueillir, les arbres fruitiers fournissaient les bonnes années assez de fruits pour faire des confitures mises dans des tasses de porcelaine, que Son Éminence offrait à la reine mère qui en était très friande. Il y avait aussi une ferme avec tous les animaux de la basse-cour ; Colbert tenait Mazarin régulièrement informé de la production d’œufs, de poules, de cochons, de veaux…



Communications précédentes :

Préface : http://vexilla-galliae.fr/civilisation/ histoire /2653-ceh-xviiie-session-preface-de-monseigneur-le-duc-d-anjou

Avant-Propos : http://vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2654-ceh-xviiie-session-avant-propos

 La rupture de 1661 (1/3): http://vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2663-la-rupture-de-1661-2-3

La rupture de 1661 (2/3): http://vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2664-la-rupture-de-1661-2-3

La rupture de 1661 (3/3): http://vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2684-ceh-la-rupture-de-1661-3-4

De Colbert au patriotisme économique (1/3)

De Colbert au patriotisme économique (2/3)

De Colbert au patriotisme économique (3/3): http://vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/2693-ceh-de-colbert-au-patriotisme-economique-3-3

1661 : transfert de la Cour des aides de Cahors à Montauban (1/3) 

1661 : transfert de la Cour des aides de Cahors à Montauban (2/3)

1661 : transfert de la Cour des aides de Cahors à Montauban (3/3): https://www.vexilla-galliae.fr/civilisation/histoire/ceh-1661-transfert-de-la-cour-des-aides-de-cahors-a-montauban-3-3/

Permanence des révoltes antifiscales, 1653-1661 (1/3)

Permanence des révoltes antifiscales, 1653-1661 (2/3)

Permanence des révoltes antifiscales, 1653-1661 (3/3)

Découverte et esprit scientifique au temps de Louis XIV (1/2)

Découverte et esprit scientifique au temps de Louis XIV (2/2)

Louis XIV au Château de Vincennes (1/3)





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