La Révolution, qu’est-ce que c’est ?, par Paul-Raymond du Lac
Mgr de Ségur résume toute la substance du mal révolutionnaire, et il le fait si bien que nous ne pouvons que nous effacer devant lui :
« II ne faut pas confondre ce qu’on appelle en général « la Révolution » avec la révolution française de 1789. La Révolution proprement dite est plus qu’un fait : c’est une doctrine, un ensemble de principes et de théories sociales et politiques, que l’Assemblée nationale de 1789 n’a fait qu’appliquer à la France ; et cette doctrine, qu’on a appelée justement la Révolution, c’est-à-dire la grande révolte, est un immense blasphème et une théorie abominable. C’est la négation impudente du droit de DIEU sur les sociétés, et du droit qu’il a donné à son Église d’enseigner et de diriger les rois et les peuples dans la voie du salut.
C’est une doctrine nouvelle, née des révoltes protestantes, de l’incrédulité voltairienne et des conspirations de la franc-maçonnerie. Elle déclare que l’Église de DIEU n’a aucun droit d’enseigner ni de diriger les sociétés, d’inspirer les lois, de s’interposer entre les Souverains et les peuples pour empêcher l’injustice et maintenir les droits de la vérité. D’après la doctrine révolutionnaire, les Souverains et leurs gouvernements relèvent, non plus de DIEU, mais du peuple ; DIEU n’est plus le Maître suprême de la nation : c’est le peuple qui seul est son propre maître ; de là les noms de « peuple souverain », et de « souveraineté du peuple ». De là encore la fameuse et absurde théorie du suffrage universel, où le peuple-roi, trompé, conduit par le bout du nez par le premier venu, vote sans savoir ce qu’il veut, sans comprendre ce qu’il fait, sans connaître les élus pour qui on le fait voter.
Dans ce beau système, le Souverain n’est plus le délégué, le représentant de DIEU, chargé par lui de procurer le vrai bonheur du peuple : le Souverain, dans le système révolutionnaire, est le commis, le représentant du Peuple-Souverain, lequel peut, à son gré, le mettre à la porte, et se choisir un autre commis1. »
La Révolution n’est pas l’événement violent de 1789 et des années qui suivirent : ces événements ne sont que la conséquence de la Révolution. La Révolution est avant tout une doctrine, voire une religion — luciférienne dans son essence —, qui installe la révolte contre Dieu comme système — et donc contre la nature monarchique de la société, et par-là contre son roi, puis contre toute autre autorité naturelle, jusqu’au père de famille ; la révolte arrive aujourd’hui à son terme, puisque toute réalité naturelle, qui est aussi un reflet de Dieu, se voit niée à travers les idéologies LGBT, wokisme, animalisme et autres poisons.
Révolution = démocratie = rébellion contre Dieu et contre son corps militant (l’Église), sa création politique (la France royale), mais aussi désormais contre la nature humaine faite à son image (idéologies du genre, etc.).
« D’après l’Église, le Roi ne règne et ne gouverne qu’au nom de DIEU et comme exerçant les droits de DIEU; et l’Église est toujours là pour lui rappeler ses devoirs et l’empêcher d’abuser de sa puissance. D’après la doctrine révolutionnaire, le Roi ne règne et ne gouverne qu’au nom du peuple ; la volonté nationale, c’est-à-dire, en bon français, les caprices de la multitude aveugle et du suffrage universel sont sa règle unique, sa lumière et sa morale; son seul frein, c’est la crainte de déplaire au peuple et de perdre sa place.
C’est cette doctrine sociale et politique de la Révolution qui a présidé, plus ou moins directement, à tous les gouvernements de fait que nous avons eus depuis la grande, c’est-à-dire la terrible révolution française; tous ont plus ou moins régné et gouverné au nom des fameux principes de 89, qui ne sont autre chose que les principes sociaux et politiques de la Révolution. Ou les appelle ordinairement immortels ; c’est mortels qu’il faut dire.
En effet, tous les pauvres gouvernements ».qui se sont appuyés sur ces principes, en sont morts. Le droit de la force les avait amenés : le droit de la force les a fait partir. Toutes nos révolutions viennent des principes révolutionnaires; et tant que la cause subsistera, les effets subsisteront aussi. Qu’on applique ces principes de bonne ou de mauvaise foi, il importe peu ; qu’on les applique avec plus ou moins d’habileté, il importe peu encore : du moment qu’on les applique, on est perdu tôt ou tard ; de même qu’on meurt tôt ou tard, quand on avale un poison mortel. Impossible de faire de l’ordre avec du désordre2 ».
Tout est là : tant que le poison révolutionnaire ne sera pas nié et extirpé, rien ne s’arrangera !
La contre-révolution c’est la remise de l’ordre partout. Qu’est-ce que l’ordre ? C’est s’aligner sur la réalité de notre nature, qui nous impose des fins, et ce dès notre naissance : l’ordre consiste à s’orienter, à se tourner vers ces fins, avec les barrières de sécurité pour ne pas dévier et nous conduire à notre perte — comme la morale chrétienne, les sacrements, la famille, la courtoisie, le roi justicier —, ces doux jougs qui sont là pour nous éviter de partir dans le décor, ou de prendre un mauvais chemin, et qui valent mieux que les jougs révolutionnaires des pseudo liberté, égalité et fraternité, porteurs d’un esclavage certain et terrible.
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !
1 Louis-Gaston de Ségur, Vive le Roi !, 1875 (2018), DR, p. 33.
2 Ibid., p.34.
Merci d’écrire Roi avec une majuscule, c’est si rare