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[Institut Lys et Chrysanthème] 3 La Cour comme creuset du raffinement, des arts et de la culture ou des fruits d’une éducation aristocratique (3)

Note de l’auteur: cette étude inédite publiée a été composée il y a déjà des années: en relisant je me dis que j’étais bien naïf encore sur le discours des japonais modernes sur leur passé. Aujourd’hui, j’aurais certainement insisté sur les différences fondamentales entre une société païenne et chrétienne. Néanmoins, les remarques d’ordre naturel restent d’actualité, et si le passé décrit est idéalisé par les auteurs et vu au prisme de principes en fait chrétien – sans l’avouer – il y a de nombreux enseignements à tirer, d’où cette publication sans retouche de fond.

La raison de cette recherche est concomitante à mon mariage et l’arrivée de mes premiers enfants: je voulais savoir ce que disait la sagesse universelle quant à l’éducation des enfants, dans notre monde moderne détruit

Par Paul de Lacvivier

 

Communication seconde – Ère Heian (IXe-XIIe siècle)

Première partie

Deuxième partie

 

Bibliographie étudiée :

– Shigenori KUDO, Le Mariage dans le Dit du Genji (源氏物語の結婚), Tôkyô, Chuô Kôron, 2012

– Sanae FUKUTÔ,  Mère et enfant sous la Royauté Heian (平安朝の母と子), Tôkyô, Chûkô, 1991

– Shûya NAKAMURA, Gouvernement et vie dans la capitale Heian (平安京の暮らしと行政), Tôkyô, Yamakawa Editions, 2001

– Keiko UMEMURA, Histoire de la famille dans l’antiquité (家族の古代史), Tôkyô, Yoshikawa Hrofumi, 2013

– Kikan IKEDA, Vie et culture de la Cour Heian (平安工の生活と文学), Tôkyô, Chikumashob, 2013 (1964)

– Hideki TAKAHASHI, Maison au Moyen-Âge et genre (中世の家と性), Tôkyô, Yamakawa, 2004

 

La Maison au Moyen-Âge : réflexion sur l’avènement de la Maison ou de la société familiale

 

Une dernière source présente la Maison à l’époque immédiatement postérieure au Moyen-Âge, et permet de mettre en perspective les divers éléments présentés jusqu’à maintenant tout en dessinant un schéma général mettant en jeu tant la volonté toute humaine de transmettre et de souligner un caractère essentiel des sociétés humaines, qui semblent trouver leur racine profonde dans la famille et les liens familiaux, dont la Maison et autres organisations ne sont que les prolongements.

 

Le Moyen-âge japonais permet de mieux comprendre le phénomène d’organisation familiale à la base de la société, en ce qu’elle présente la coexistence de plusieurs couches historiques, depuis les antiques uji – que nous traduirons par race ou parentèle ou encore clan – jusqu’aux Maisons médiévales. L’auteur commence d’abord par prévenir des dangers de l’anachronisme en la matière, en voulant réduire les phénomènes passés à des préoccupations ou des réalités contemporaines :

 

« Il n’est pas rare que la compréhension de la Maison au Moyen-âge soit déformée par nos visions et nos préjugés modernes sur la famille. »[1]

 

La Maison dans les anciens temps, si elle se fonde sur le lien de sang, le sublime pourtant dans une organisation à la fois bien plus large que la famille nucléaire, et plus complexe. En particulier « l’État » n’existe à proprement parler, finalement, que dans la réalité de la pyramide des Maisons et des parentèles, vassales les unes des autres, ou cadettes des unes aux autres, dont le sommet correspond à la famille royale : les diverses Maisons sont ainsi issues de subdivisions de branches cadettes de la famille royale d’une part, ou de la transmission héréditaire de charges, dont les porteurs sont préférentiellement choisis dans telle ou telle Maison. La hiérarchie et le rang des Maisons se trouvent clairement définis, dans une pyramide de services : le Roi sert les dieux et le pays, les Maisons de haut-rangs servent directement le Roi et le pays, les Maisons de serviteurs servent ces premières Maisons, et ainsi de suite. La logique est inverse du rapport de domination et du rapport de force : une Maison – et non un individu – peut en servir une autre d’autant plus facilement que la Maison supérieure en sert une autre, jusqu’à remonter à la transcendance, qui unit le tout.

 

« Jusqu’à l’ère moderne, le système hiérarchique des Maisons ne changea pas, et si on trouvait au sommet de la hiérarchie les Maisons des grandes charges gouvernementales incluant le Superintendant et les grandes fonctions exécutives, on trouvait aussi les Maisons de Ministre ou de Généralissime, puis, dans les rangs moyens, toutes les Maisons nobles servant les Maisons de la haute-aristocratie, comme les Maisons à noms ou celles Urin, et, enfin, on trouve ensuite encore en dessous les Maisons de « samouraïs – serviteurs », qui désignent les Maisons des officiers inférieurs de rang 5 ou 6.

Le moine Jien pendant l’ère de Kamakura décrit dans son « Gukansho » que la dynastie nippone, à la différence de ce qui se passe en Chine, n’a jamais changé et que dès le départ existe la distinction entre d’une part les graines royales, soit la famille royale dont le centre est le Tennô, et d’autre part les « Maisons vassales », distinction continuée jusqu’alors. Il explique que ces « Maisons vassales » sont organisées avec à leur tête les Maisons du Superintendant – Kanpaku – et les Maisons gouvernementales, avec ensuite les Maisons de leurs descendants naturels, des Minamoto et des différentes Maisons des Grands hommes, dont les « mérites et la compétence de leurs chefs » ont décidé de leurs privilèges, ce qui correspond au rang de la Maison. »[2]

 

La vision classique voit le passage de la parentèle large – uji – vers la Maison de façon indistincte, la seconde étant finalement issue d’une dispersion et d’une subdivision de la première. Nous traduisons uji dans la citation suivante par race au sens étymologique du terme, c’est-à-dire de lignée remontant à un certain ancêtre commun. La réalité du uji correspond pleinement à ce concept, puisqu’elle désigne ce groupe dont l’ancêtre est commun, rassemblé d’abord par le lien du sang, et dont l’appartenance se décide par la naissance.

L’auteur rappelle ces thèses dans la citation suivante, puis remet en question cette vision en relevant une autre réalité qui se trouve dans une différence de règles de transmission entre la Race et la Maison : dans la Race, sans compter que certains y appartenant peuvent ne pas être du même sang dans certains rares cas, le chef de la Race n’est pas simplement déterminé par une aînesse ou un ordre de succession dans la famille, mais se trouve plutôt choisi entre les « pairs » de la Race, soit les grands de la Race, les plus grandes familles ; dans la Maison la transmission se fait de façon patrilinéaire d’héritier à héritier – qui ne sont pas toujours les aînés selon les cas -, la Maison pouvait fluctuer dans sa taille mais rassemblait toujours plusieurs branches, dont certaines pourront à leur tour fonder une nouvelle Maison vassale de la première en cas de subdivision poussée.

 

« Pour désigner le changement entre la société antique et celle du Moyen-Âge, on pourrait résumer la chose en parlant d’une évolution « depuis la Race vers la Maison ». Cela signifie que l’unité la plus petite dans la société passe progressivement de la « Race- uji » ou encore large parentèle, à la « Maison ».

Les recherches faites jusqu’à aujourd’hui estiment que la constitution de la « Maison » du Moyen-âge s’est faite au sein de la décomposition de la « Race » antique et de sa culture. Il reste néanmoins une grande interrogation sur ce point. Nous pensons en effet que la thèse habituelle, en faisant de la « Race » et de la « Maison » deux structures aux échelles différentes mais aux caractères communs, oublie la différence fondamentale et substantielle entre ces deux unités.

La Race comprend en effet un Chef de clan qui dirige tant des membres de son sang que d’autres qui ne sont pas de ce sang, dans une organisation politique qui se dévoue et sert la Cour, dont l’ordre ne fonctionne et ne se légitime que grâce au « nom de race » accordé par le Roi. Entre le septième siècle et le huitième siècle, le chef de clan se fait appeler peu à peu « le père de la Race » et les membres « les enfants de la Race » de façon systématique, sous influence des décrets et des lois, et son caractère de nation [au sens étymologique du terme] tant patriarcale que charnelle ne fit alors que se renforcer. Avec l’ère Heian, le Père de la Race se fit appeler peu à peu le Chef de la Race, qui avait la charge d’assurer le sacerdoce au dieu de la Race [en général l’ancêtre divin] et dans les temples de la race, de gérer les biens communs, et d’attribuer les rangs et les titres parmi les fils de la Race. La règle de base faisait que cette fonction se transmettait au sein des détenteurs des plus hauts-rangs au sein de la Race. »[3]

 

Et il continue en opposant à la Race, la Maison :

 

« À cela s’oppose la « Maison » médiévale dont la vie et la gestion s’organise autour d’un couple, constituant ainsi principalement l’alliance de simples familles nucléaires au sein d’une « Maison » dont la transmission est spécifique et dans laquelle l’héritier n’est personne d’autre que le « fils légitime » désigné. […] Le terme de « fils légitime » désignait uniformément dans l’antiquité le fils aîné de la femme légitime, mais désigna à partir du milieu de la période Edo aussi bien les autres garçons nés de la femme légitime, sans nécessairement désigner l’aîné. A la fin de l’ère Heian, à côté du fils légitime né, surgit peu à peu le fils légitime dont la qualité ne s’acquiert pas par l’aînesse, mais sur la désignation du père, qui choisit ainsi l’héritier de la Maison sans rapport avec l’ordre des naissances, conférant donc à la notion-même d’héritier une qualité supplémentaire. La Maison médiévale dont l’idéal se trouve dans la « succession de fils légitime à fils légitime » trouve ainsi de façon déterminante un principe de succession différent de celui qui existait au sein des races de l’antiquité. »[4]

 

Et enfin il présente une sorte d’organisation familiale intermédiaire entre la Maison et la Race qui émerge aussi :

 

« De façon générale, une « Porte » correspond à toute une descendance unie au sein des dévotions bouddhistes, centrée sur le temple fondé par l’ancêtre fondateur de cette Porte. Ce chef de famille est appelé « chef de parentèle », et comme pour la succession au sein de la race, le principe est qu’il est désigné au sein des membres les plus hauts placés de la Porte.  »[5]

 

Il la place clairement du côté de la Race dans son mode de transmission :

 

« Cette subdivision de communauté issue de l’histoire fut un temps nommé « Maison », mais elle reste pourtant bien distincte, avec son « Chef de parentèle », de la Maison médiévale au sein de laquelle la transmission se fait par le fils légitime, et elle fut très vite appelée « Porte » avec la succession des générations. On peut ainsi conclure qu’il existait au Moyen-âge deux structures parallèle, la Porte d’une part qui employait une règle de succession similaire à la Race antique, et la Maison d’autre part, à la méthode de transmission différente et nouvelle. Cela ne signifie pas pour autant que la conscience de la Race, dans cette société des Maisons, n’existait pas chez les contemporains médiévaux. »[6]

 

Si l’auteur estime que Maison et Race sont essentiellement distinctes et différentes nous pourrions néanmoins nuancer en rappelant que la Race semble pour le moins avoir un fondement familial et de Maison très forte, en ce sens que l’ancêtre commun, la lignée et le caractère acquis à la naissance de cette appartenance plaident en faveur d’une homogénéité des deux organisations. La différence résiderait plutôt dans le fait que quand la famille s’agrandit en Maison, puis s’élargit en race, réussissant à maintenir une unité au sein de cette multiplicité des branches cadettes sans faiblir à travers les âges, il devient logique que l’organisation se complexifie, et ne soit plus exclusivement héréditaire.

La famille de familles se retrouve dans une Maison, la Maison des Maisons dans la Race, et les Races remontent à la famille première, la famille Royale, dont l’organisation du Royaume, véritable famille élargie à tout un pays, aux ramifications peut-être complexes, dont l’échelle permet d’inclure aussi des « étrangers » en proportion infime mais en valeur absolue non négligeable, sans pour autant contredire la continuité entre ces différentes organisations. Dans cette optique, l’avènement des Maisons au Moyen-âge serait le signe d’un affaiblissement relatif du Royaume et des Races, sans qu’il ne disparaisse pour autant, en ce que l’union dans les Races devient moins forte qu’auparavant, et permet une sorte d’explosion-floraison des branches dans de nombreuses fondations nouvelles de sociétés familiales plus restreintes, témoignant d’un déclin relatif du pays entier.

La force du Japon a certainement résidé dans cette capacité à conserver tout de même la trace et l’esprit de ces anciennes sociétés familiales, même quand leur capacité à gérer concrètement le gouvernement matériel n’existait plus. Cela est si vrai que les dévotions aux sanctuaires de l’ancêtre de la Race ont continué jusqu’à aujourd’hui, et la conscience d’appartenance à la race fut très forte en ces âges médiévaux :

 

« L’appartenance à une race est fondamentalement une qualité acquise à la naissance, et manifeste le rapport entre le dieu de la race et son ancêtre, ce qui ne fut en rien modifié par l’apparition de l’adoption.  »[7]

 

Sur cette question de la Race, il peut être utile de se référer à l’œuvre du Professeur Satomi, qui recense avec précision la situation concrète des ujis-races. Il nous apprend en particulier qu’avant les Races, existaient des clans, ou plutôt des ethnies, les Races étant consubstantielles de l’avènement du Royaume. Il énonce clairement que le fondement de la Race est avant tout la lignée et le sang, même si avec les développements de l’histoire, on pouvait distinguer 3 groupes de uji, ceux vraiment homogènes et de même sang, ceux qui avaient inclus au cours de l’histoire une ou deux ethnies d’un autre sang, et d’autres enfin agglomération de nombreuses ethnies. Les premières et les secondes, selon les sources à notre disposition, représentaient plus de 70% de l’ensemble des Races[8].

 

Les observations sur le mariage confirment les intuitions des parties précédentes en confirmant d’une part la monogamie et la patrilinéarité, tout en confirmant l’importance de la décision du père de l’épouse dans la décision du mariage :

 

« Sans référence au type d’habitat, le mariage était désigné par la « prise du gendre », révélant ainsi que les parents de l’épouse possédaient le dernier mot en matière de mariage. Et quand le père de l’épouse était absent, c’était le grand-père ou tout autre tuteur qui avait le dernier mot. »[9]

 

L’habitat traduisait ainsi en dernière instance que la société familiale s’organisait dans sa transmission et sa potentas autour d’une lignée paternelle :

 

« […] Si le mariage des Maisons gouvernementales adoptait en grande majorité la forme de la « prise du gendre », c’est-à-dire un début de vie commune dans une demeure fournie par la famille de l’épouse, « l’accueil de l’épouse » [aller chercher l’épouse dans sa famille] émerge ensuite rapidement en fin d`ère Heian et au début de l’ère Kamakura, puis change finalement au profit de « l’introduction de l’épouse » [l’épouse vient directement]. Il faut néanmoins souligner que de façon écrasante cette « prise de gendre » ne supposait une vie commune chez la famille de l’épouse que pendant un temps limité en début de mariage, temps après lequel le ménage se déplaçait dans une demeure fournie par la famille de l’époux. »[10]

Enfin le caractère patriarcal de la transmission se retrouve dans l’ordre habituel des successions – tout en notant qu’il était préféré en ultime solution d’adopter un gendre marié à une de ses filles, qui conservera le sang, afin de continuer la Maison, plutôt que de la voir anéantie :

 

« La transmission souhaitable des charges se faisait d’abord par les hommes, puis, en cas d’absence, par les neveux, puis ensuite par une fille appartenant à la Porte, et enfin par un garçon d’un autre sang adopté. »[11] Et à partir du milieu du XIIIe, chez les guerriers d’abord, les femmes sont exclues de la succession.

 

Nous retrouvons ensuite dans les Maisons divers caractères communs aux Maisons des Royaumes d’Europe occidentale, en particulier dans la transmission non seulement d’un bien, mais aussi d’une charge :

 

« La « Maison » ne fait pas que transmettre une terre, mais aussi et surtout n’existe qu’une fois la transmission héréditaire des charges de service aux grands Seigneurs assurée, ce qui pérennise l’existence de la Maison. »[12]

 

La légitimité dans la Maison se trouve souvent matérialisée par la transmission d’un objet, qu’il soit une épée, ou tout autre objet utilitaire, ou, dans la plupart des cas, des textes d’ancêtres, transmettant leur vie et leur volonté, comme pour cultiver chez les descendants la mémoire et la conscience de Maison, et pour éviter de réitérer les erreurs passées tout en respectant les volontés des sages ancêtres. Les journaux contiennent aussi un savoir, qui peut être consulté, et la Maison peut aussi avoir un caractère d’organe consultatif par la famille royale ou les dirigeants, pour obtenir l’avis d’experts d’une question, expertise acquise tant par la transmission sur des générations que grâce à la constitution de nombreuses archives.

 

« Un tiers des journaux des ancêtres fut perdu, et cette perte dans les flammes des textes lentement accumulés au cours de 10 générations équivalait à la destruction pure et simple de la « Maison ». »[13]

 

Soit, en résumé, la Maison sublime ainsi la simple hérédité biologique, sans pour autant jamais la supprimer, car elle reste un fondement naturel et nécessaire, en fondant une société par la transmission aussi bien d’activités, qu’une transmission spirituelle, toute chose qui reflétait cette volonté toute humaine de se relier aussi verticalement vers les ancêtres et le divin, tout en répondant au besoin naturel d’apprendre des anciens pour mieux se diriger dans le présent. La société familiale forme ainsi en soi une unité éducative essentielle, qu’aucune institution coupée de la transmission, de la tradition –synonyme de transmission au sens étymologique – ne peut véritablement opérer.

 

« La « Maison », en tant qu’organisation, possédait du bien, et des activités. Le bien de la Maison se composait entre autres, comme nous l’avons explicité jusqu’ici, par des textes dont les journaux des ancêtres étaient clefs, puis toutes les charges héréditaires. »[14]

 

On pouvait faire des copies des journaux pour des cadets qui fondent une nouvelle branche. Puis petit à petit les fondations se raréfient, surtout du fait de l’appauvrissement, et le principe d’apanage émerge (possibilité de récupérer ce qui a été donné) afin de limiter la création de nouvelles branches, de nouvelles « maisons », qui dispersent le bien – tant matériel qu’honorifique – de la Maison nécessaire à sa survie.

Les noms des Maisons, souvent multiples et superposant noms de la Race, noms honorifiques et autres, se trouvaient souvent liés soit à la charge, soit au lieu d’habitation, rappelant en ce sens les particules françaises, dont le nom fait référence le plus souvent à un lieu-dit où la Maison a commencé, ou s’est implanté.

Nous retrouvons aussi tous les caractères traditionnels sur l’éducation dans la famille, avec l’éducation en bas âge confiée aux femmes, puis l’éducation pour les enfants plus âgés par le père, ou les hommes, pour les garçons et les mères, ou les femmes, pour les filles. De même, si le chef de Maison avait la potestas, par exemple en matière de finances, la Mère pouvait avoir la charge de la gestion réelle desdites finances, simplement le chef de famille avait toujours le pouvoir de prendre une décision en matière de finances.

 

L’étude des structures familiales permet de dessiner le fondement de la société et le caractère éducatif des environnements familiaux, aussi complexes soient-ils. L’éducation, à deux versants comprenant tant édification qu’instruction, se trouve ici accomplie dans la transmission qui se matérialise harmonieusement dans les sociétés familiales, qu’elles soient familles, Maisons, Races ou Royaume.

 

Pour Mémoire, à verser dans des réflexions sur la ville, les activités économiques et une coutume souvent présentée sur le divorce :

 

« Les grandes familles seigneuriales du Yamato avaient aussi des activités économiques, en installant des résidences près des ports ou des rades. Mais certains ne voyaient pas d’un bon œil ce dynamisme dans les choses du commerce. Dont Fujiwara Fubito. Il pensait en effet confiner les familles des Seigneurs dans le cadre des charges et des titres en utilisant le système des lois chinoises.

C’est pour cela que les marchés de la ville se trouvaient loin au sud du Palais, autour duquel les grands Seigneurs s’installeraient naturellement. S’il n’était certainement pas possible de faire cesser les activités de commerce de ces grands Seigneurs, le plan de la ville et sa disposition reflétaient très certainement en soit cette volonté de séparer le gouvernement et la politique du commerce. »[15]

 

« Les approches de l’histoire politique concernant l’étude de l’antiquité [japonaise] sont très nombreuses. Et quand ce n’était pas le cas, on étudiait à partir du point de vue de l’histoire des institutions ou de l’histoire légale. La raison vient simplement du fait que les sources à disposition se limitaient essentiellement à « L’histoire des 6 pays », les annales officielles et des recueils et textes de lois et de décrets. »[16]

 

« Il était interdit à toute personne servant [ayant une charge] à la Cour de faire du commerce. Mais leur épouse le pouvait. Et le fait que son mari soit un officiel pouvait permettre à cette femme de développer son commerce librement. »[17]

 

« L’époque est quelque peu différente, mais l’on trouve dans les mémoires d’une vieille de la fin des royaumes combattants la coutume de la « vengeance sur la femme remariée ». Voici cette coutume : quand un couple divorçait, et si le mari se remariait dans le mois suivant le divorce, la première femme rassemblait de la famille ou des collègues pour attaquer la nouvelle épouse. Armées de lances de bambous et de balais, elles lançaient l’attaque depuis la cuisine. Les hommes ne pouvaient rien faire ni rien dire. Au moment opportun, on se mettait d’accord, et cela permettait d’apaiser la rancune de la première femme. »[18]

FIN

[1]                 Hideki TAKAHASHI, Maison au Moyen-Âge et genre(中世の家と性), Tôkyô, Yamakawa, 2004 , p.4 « このように、私たちの思い込みや、近代あるいは近世の家族観の反映で、中世の家に対する理解がゆがめられていることも少なくない。 »

[2]             Ibid, p.6, « 古代社会から中世社会への転換を一言で言うなら「氏から家へ」ということになるだろう。これは「氏」を単位とする社会から、「家」を単位とする社会への移り変わりを意味する。

鎌倉時代の僧慈円は『愚管抄』のなかで、王朝が交代する中国と比較して、日本は王朝の交代がなく、天皇を中心とする王胤=皇族と「臣下の家」の別が初めから定めっており、それが今日までずっと続いていると述べ、その「臣下の家」については、摂政・関白を頂点に、その庶子たちの末孫の家、源氏の家々、諸大夫たちの家があり、「その家々の大方の器量」=家格が決定されていると記している。慈円の時代の日本社会は「王胤」と「臣下の家」によって構成され、それぞれの家が価格、に応じて定められた「経べき家の前途」をとげることで社会が保たれているととらえられていたのである。

摂政・関白に就く家柄である摂関家、大臣・大将 にいたる家柄である精華家に使える中流貴族の諸大夫家(羽林家・名家)、さらにその下に「侍」と呼ばれる五位・六位の諸司官人たちの家があるという基本的な家格の枠組みは、近世になっても変わらなかった。 »

[3]                 Ibid, p.6 « こうした社会の単位としての「家」の成立について、従来の研究は、古代の「氏」の解体・文化のなかから中世的な「家」が成立してくると考えてきた。しかし、これは大きな疑問がある。これは「氏」と「家」が規模の大小や時代的な変質と捉えるだけではすまないほど、根本的な部分で異質な存在だからである。

氏は、族長が血縁・非血縁を含む構成員を率いて、朝廷に奉仕する政治的な組織であり、天皇からあたえられるカバネによって秩序化されていた。七世紀後半から八世紀ごろにかけて、族長を「氏上」、構成員を「氏人」とする制度が整えられ、律令などの影響を受けて、父系的な血縁集団、出自集団としての性格を強めていった。平安時代になると、氏上は「氏長者」と称されるようになり、氏寺・氏神の祭祀、共有財産の管理、氏爵(氏人の叙爵)の推挙などを職掌とした。その地位は、構成員中の最高位者によって引き継がれるのを原則としている。 »

[4]     Ibid, p.8 « それに対して、中世的な「家」は、一組の夫婦を中心として生活・経営を行う単婚小家族的な個々のイエが主として父系的に結合した集合体で、継承者と位置づけられた「嫡子」によって継承される存在であった。[…]「嫡子」の語は、古代の戸籍上では一律に嫡妻(正妻)から生まれた長男子をさす語であったが、平安時代中期ごろには長男子かどうかにかかわらず嫡妻が産んだ男子を指す語、嫡妻子にかかわらず長男子を指す語としても用いられるようになっていた。さらに平安時代末期になると、出生順による「生得の嫡子」のほかに、母の嫡庶や出生順によらず、家長が家の後継者として指名した「取り立て嫡子」が登場し、「嫡子」に家の継承者としての性格があたえられるようになった。嫡子から嫡子へと継承されることが望まれる中性的な「家」は、その継承原理において決定的に古代の「氏」と異なっていたのである。 »

[5]     Ibid, p.9 « 主として一門の組にあたある祖先が建立した寺院を中心に、仏事を通じてその子孫が結合するものであった。その族長の地位はやはり「長者」と呼ばれており、その継承も「氏」と同じく、構成員中の最高官位者が就任するのを原則としていた。 »

[6]                 Ibid, p.11 « その細分化された集団を一時的に「家」と呼ぶことはあったが、その長はやはり「長者」と呼ばれていて、嫡子によって継承される中世的な「家」とは別のものであり、その「家」は世代の降下によってふたたび一門と称された。中世においては、古代の「氏」と同質の継承方法を持った「家」と、中世に成立した新たな継承方法をもつ「家」とが併存していたのである。

このような家社会の中にあって、中世の人びとが氏の存在を意識しなくなったわけではない。 »

[7]     Hideki TAKAHASHI, Maison au Moyen-Âge et genre(中世の家と性), Tôkyô, Yamakawa, 2004 , p.4, p.15 « 本来、氏への帰属は氏の始祖や氏神との関係を示す生まれながらのものであり、養子関係によって変更されるものではなかった[…] »

[8]     Kishio SATOMI, Recherche sur la loi du Roi (天皇法の研究),Tôkyô, Senshôsha, 1972, pp.332-335

[9]     Ibid, p.21 « 結婚がその居住形態によらず「婿取り」と表現されるのは、婚姻関係設定の主体が女性の親にあったからであった。女性に父親が居ない場合には、祖父などの養育者がそれにかわった。 »

[10]   Ibid, p.28 « […] 摂関家の婚姻開始の方式が、女性方が提供する邸宅での「執婿」の形を主流としつつも、平安時代末期から鎌倉時代初期にかけて男性が女性を迎えに行く「新迎え」が登場し、鎌倉時代前期になると嫁入りの形をとるようになっていったことがわかる。ただし「執婿」も婚姻開始期の居住形態であり、一定期間の後は、男性側が提供する邸宅に移るのが一般的であった。 »

Cela pourrait rappeler certaines coutumes juives –à confirmer- de l’antiquité qui consistaient à une vie commune avant le mariage chez l’épouse, sorte de fiançailles non cassables.

[11]   Ibid, p.47 « 最も望ましい所職の継承は男子によるもので、次が甥、第三が一門した女子、そして最期は一門から迎えた養子の順である[…] »

[12]               Ibid, p.34 « これは「家」が単に根拠地を継承のみではなく、上級領主に奉公して所職を認められて初めて成立し、存続しうるものであったことを示している。

「家」には、「家」とその継承を象徴するようなモノも伝えられていた。 »

[13]   Ibid, p.38 « 祖先の日記の三分の一を失ってしまったこと、一〇代にわたって蓄積してきた文書をすべて焼いてしまったことは「家」を滅ぼしたことに等しかった。 »

[14]   Ibid, p.39 « 「家」は一つの組織体として、家産を持ち、家業を営んでいた。これまで述べてきた家の象徴であり家記や家文書、財産の付属する所職などが家産であった。 »

[15]               Shûya NAKAMURA, Gouvernement et vie dans la capitale Heian (平安京の暮らしと行政), Tôkyô, Yamakawa Editions, 2001, p.18/19 « 当然、大和の豪族たちは津や港に居宅を設けて経済活動にいそしんでいた。だが、この豪族たちの経済活動が活発になるのを喜ばない人物がいた。藤原不比等である。彼は中国的な律令体制のもとで、豪族を官僚制の枠組の中に閉じ込めたいと考えた。そこで、中央豪族たちの邸宅が宮城周辺に集まることを予想して、そこから離れた南北に位置を設定したのである。そんなことで豪族の経済活動がやむとは思われないが、都城設計上、経済と政治・行政の分離を形で示したかったのであろう。 »

[16]   Ibid, p.37 « 古代史を考える場合、これまでは主として政治史の面からのアプローチが多かった。さもなければ制度史や法制史の面から考察であった。その理由はいたって簡単で、残された資料が六国史という正史か、律令や格式といった法制史料に限定されていたためである。 »

[17]               Keiko UMEMURA, Histoire de la famille dans l’antiquité (家族の古代史), Tôkyô, Yoshikawa Hrofumi, 2013, p.138 « 朝廷に仕える役人は市で商売することは禁じられていた。しかし、役人の妻が商売をするのは差し支えなかった。夫が役人であれば役所との関係も上手くいき、女は自由な立場で商業活動が出来たのである。 »

[18]               Ibid, p.167 « さて、次代はずいぶん離れるが、戦国時代の末ころの老婆の思い出に「うわなり討ち」という習俗が語られる。夫婦が離婚してから、一ヶ月たたないうちに夫が後妻を迎えたなら、前妻は親族・同僚の女たちを集めて、後妻を襲う習いがあった。女たちは手に手に竹刀や箒をもち、台所から襲撃する。後妻の側も人を集めてこれを迎え撃つ。男どもは一切口を出せない。適当なところで仲裁が入り、この後は前妻も怨みに思わないという。 »

 

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