Ex-libris. « Histoire de France », par Jacques Bainville
L’Histoire de France de Jacques Bainville est un classique bien connu. Il a converti beaucoup de ses lecteurs à l’amour de l’histoire et de la France. Ainsi, il faut penser à l’offrir, en particulier, à ceux qui n’aimeraient pas l’histoire et à ceux qui voudraient faire de l’histoire sans s’occuper des hommes, de la patrie charnelle et de la réalité dans la surnaturalité du destin. Évidemment, ce livre est tout aussi idéal pour ceux qui aiment déjà l’histoire, et qui voudraient en reposer les cadres fondamentaux. Pour les petits (mais aussi les grands), nous conseillons également la Petite Histoire de France du même auteur, dont les illustrations et le style merveilleux et concis enchantera toute la famille.
Bainville nous propose dans ces deux ouvrages une histoire charnelle de la France éternelle. Le déroulé est simple : nous suivons l’histoire de France selon les règnes successifs de nos souverains. Chaque sujet, chaque période, chaque personnalité peut ensuite être étudié plus en profondeur. Jacques Bainville est l’historien idéal pour commencer, ou pour se redonner une cure de jouvence et reprendre un peu de hauteur.
« Si les lecteurs veulent bien lui permettre, l’auteur de ce livre commencera par une confession. Quand il était au collège, il n’aimait pas beaucoup l’histoire. Elle lui inspirait de l’ennui. Et quand le goût lui en est venu sur le tard, il s’est rendu compte d’une chose : c’est qu’il répugnait à la narration des faits alignés, les uns au bout des autres. On ne lui avait jamais dit, ou bien on lui avait dit que d’une manière convenue et insuffisante, pourquoi les peuples faisaient des guerres et des révolutions, pourquoi les hommes se battaient, se tuaient, se réconciliaient. L’histoire était un tissu de drames sans suite, une mêlée, un chaos où l’intelligence ne discernait rien. »[1]
À notre époque qui ne sait même plus enseigner les faits, les lieux et les dates, ce manuel permet de combler de nombreuses lacunes.
Le travail de Jacques Bainville doit être un modèle pour tout historien : une fois les faits alignés et mis au clair (et c’est souvent là que s’arrête trop souvent l’universitaire, même si ce travail est important et fondamental, car sans lui on ne peut rien faire ensuite), le chercheur a aussi le devoir d’user de son intelligence pour rendre intelligible ces faits, les faire parler au contemporain, au-delà d’une curiosité qui serait purement muséologique. Le but de l’historien, c’est aussi de donner des clefs pour notre temps, de nous donner des exemples et des contre-exemples, de faire découvrir les sociétés de nos ancêtres avec toutes leur religiosité et leur logique si riche et si épaisse, bien loin de notre pensée moderniste.
« Cette conception de l’histoire est simple. C’est celle du bon sens. Pourquoi juger la vie d’un pays d’après d’autres règles que celle d’une famille ? On peut écrire l’histoire à bien des points de vue. Il nous semble que l’accord général peut s’établir sur celui-là. »[2]
Tout est dit. Et il confirme par la suite un fait important : tous les évènement se trouvent facilement dans les (anciens) manuels. Mais l’articulation des faits et le style unique de Bainville sont au service de la compréhension de l’histoire. C’est tout simplement lumineux, et l’obtention de ce talent devrait être un axe important du travail de tout scientifique, en particulier dans le domaine de l’histoire : le but est d’éclairer et d’apporter des lumières.
Jacques Bainville écrit dans l’entre-deux-guerres, et donc son axe principal d’analyse est l’opposition entre le Saint-Empire germanique et la France. Axe stimulant et tout à fait valable, encore d’actualité d’ailleurs.
Terminons enfin en rappelant que Jacque Bainville est un des rares historiens monarchistes reconnu comme un classique et une référence dans tout le monde universitaire. Nous ne saurions néanmoins oser appeler de nos vœux un nouveau Jacques Bainville pour notre temps, avec sa rigueur, son talent d’historien et son intelligence acérée, pour produire une histoire de France qui parlerait encore plus à notre temps…
Rémi Martin
[1] Jacques Bainville, Histoire de France, Tallandier, Paris, 2007, p. 17.
[2] Ibid, p. 18.
Sommaire :
- Avant-Propos
- Pendant cinq cents ans, la Gaule partage la vie de Rome
- L’essai mérovingien
- Grandeur et décadence des Carolingiens
- La révolution de 987 et l’avènement des Capétiens
- Pendant 340 ans, l’honorable maison capétienne règne de père en fils
- La guerre de cent ans et les révolutions de Paris
- Louis XI : l’unité sauvée, l’ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant
- François Ier et Henri II : la France échappe à l’hégémonie de l’empire germanique
- Les guerres civiles et religieuses remettent la France au bord de la ruine
- Henri IV restaure la monarchie et relève l’État
- Louis XIII et Richelieu : la lutte nationale contre la maison d’Autriche
- La leçon de la Fronde
- Louis XIV
- La Régence et Louis XV
- Louis XVI et la naissance de la Révolution
- La Révolution
- Le Consulat et l’Empire
- La Restauration
- La monarchie de Juillet
- La deuxième République et le second Empire
- La troisième République
- La guerre et la paix, les travaux et les jours