Ex-Libris. « Comme un lys au milieu des épines » du R. P. Jean-François Thomas
Père Jean-François Thomas, Comme un lys au milieu des épines, Via Romana, 2014.
« Nous passons en ce monde en faisant des éclaboussures avec nos gros sabots. Les traces en sont vite effacées. Il est préférable d’avancer sur la pointe des pieds, afin de percevoir, dans les clairières de la pensée, de l’art et de la prière, les signes de l’invisible. Encore un effort, un pas léger, et nous pourrons, enfin, nous reposer, là où le jardin ne comporte plus d’épines. »
Les dernières lignes de ce beau livre invitent à savourer ce « petit vademecum spirituel », qui fait un grand bien dans les fracas du monde révolutionnaire et fou d’aujourd’hui ! Saluons tout de suite la grande qualité littéraire de cet ouvrage, tant dans les citations que dans le coup de plume, comme on n’en trouve plus beaucoup aujourd’hui, et qui le hissera un jour au rang de classique de la littérature spirituelle du XXIe siècle.
La préface du père Francis Volle est très décevante, en revanche : elle est, pour le dire simplement, dans l’esprit de la « charité fraternelle » telle que comprise par les autorités vaticanes actuelles… Ce devait être le prix à payer pour obtenir un Imprimi Potest… Chose si rare aujourd’hui ! Vue le contenu bien rivé au dépôt de la foi et bien critique, de façon très joliment dite, de la Modernité, on peut comprendre que certains clercs quelque peu épineux aient été effarouchés.
Ce livre, en effet, est avant tout un livre de spiritualité catholique, soutien de la vie spirituelle, de la méditation et de notre sanctification. Un aîné nous montre la voie de la sainteté au milieu des décombres modernes, le lys au milieu des épines, et le combat permanent et nécessaire, qui se fait dans une prière constante, dans un sacrifice continu de soi-même.
« Celui qui renonce est au contraire un maître, mais pas selon le monde. Il est un roi, à la manière du Maître comparaissant devant Pilate. Un roi dont le pouvoir réside justement dans le fait qu’il se livre totalement à Celui qu’il désire connaître et aimer. »
Tout est abordé dans ce beau livre, agrémenté de tout le meilleur des œuvres littéraires : tout est traditionnel dans la façon de faire. Le combat spirituel aussi.
« Le disciple a compris qu’il ne suffit pas de renoncer au mal, de l’éviter, de le combattre, mais qu’il faut aussi renoncer à faire le bien selon ses propres critères. Sinon on se place dans le camp du diabolique. » (Nda-Souligné en italique par nous)
Nous retrouvons tous les thèmes classiques et donc essentiels : mépris du monde, détachement des choses, amour pour le bon Dieu, persévérance dans le combat malgré les désolations spirituelles, sérieux de l’amour et des vertus, dont l’obéissance bien comprise. Et encore la nécessité, par amour, d’agir encore et encore avec persévérance, dans une action qui devient la continuité naturelle d’une prière ininterrompue, et qui, in fine, nous détourne des divertissements, des choses légères, et du monde, le tout adapté à notre monde de décombres, les outils sont donnés pour tous les chrétiens d’aujourd’hui, avec les principes de toujours.
Ce beau livre est à lire, il fera date. Avouons qu’il s’adresse peut-être plus à des personnes chevronnées dans la foi qu’à des néophytes, mais chacun y fera son miel, où qu’il en soit.
Travaillons pour le Royaume de Dieu, la Patrie comme disaient nos pères, et servons son humble lieutenant, pour, si Dieu le veut, devenir de beaux lys dans ce jardin de France envahi par les broussailles…
Paul-Raymond du Lac
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !