Histoire

Défense de la Féodalité

Je sais déjà les railleries que l’on objectera à ce titre provocateur, je l’avoue.

Je défendrai pourtant ici les avantages d’une féodalité bien comprise et signe d’une royauté restaurée. A lire les livres, les intellectuels et les essais depuis des siècles, aucun régime n’est pire que celui de la féodalité, c’est-à-dire celui des fiefs. La féodalité est issue de la lente mort de l’administration carolingienne. Ainsi, face à la menace de la fin de l’unification, les hommes ont sagement pensé un système de liens humains et de droits communs liés à des devoirs eux aussi communs. Contre l’ennemi extérieur, le recours à la protection d’un plus grand que soit est une évidence mais il l’est aussi face à la crainte des brigands ou autres pillards.

La société féodale est construite en pyramide et c’est la volonté de mettre les pouvoirs en une seule main qui a mis à bas cette féodalité et non les jacqueries, révoltes paysannes. Selon les régions, la féodalité n’est pas identique puisqu’en Flandre ou en Normandie le comte s’y oppose tandis qu’en Provence et même en Auvergne le droit romain survit toujours et facilite les rapports sociaux. On parle à tort de société féodale ou de féodalisme en imaginant que la terre est totalement aux mains des seigneurs… Les latifundia romaines ont disparu et les seigneurs ont une part de la terre, mais pas toujours la plus importante : c’est le roi qui reste le plus grand détenteur ! L’on oublie en effet que les comtes, princes et autres évêques et abbés font tout pour s’opposer à ce régime qui se fonde sur des relations d’homme à homme et où le seigneur est souvent endetté par la guerre, la croisade ou les amendes royales tandis que grossissent les rangs des bourgeois (c’est l’ère de la ville naissante qui devient centre politique.) Les rois ont peu à peu imposé l’unification puis la centralisation, qui est une unification plus ferme et à marche forcée. Les slogans et les rengaines ont répété ensuite que la féodalité fut une époque de guerre et de famine et reste marquée du sceau de l’infamie puisqu’à présent république et citoyenneté répandent joie et justice et consolation devant la mort… La caricature de ces cinq cents ans est si grosse que tout le monde ou presque y croit !

La féodalité n’est pas l’époque du serf attaché à sa terre puisque le servage est stoppé… par Louis XVI ! Le paysan obligé de travailler la terre pour survivre et interdit de déplacement est un mythe. Le seigneur est tout aussi attaché à sa terre et s’il se « barricade » dans son castel, le riche bourgeois fait de même en ville en fortifiant. Dans la droite ligne de Jacques Heers dont je vous conseille la lecture, je terminerai en rappelant que la féodalité est un régime non de dérèglement total et de guerre sans fin mais un ensemble de rapports sociaux et politiques qui paraissent aujourd’hui usés et archaïques mais qui ont établi l’unification du royaume. Charrette disait bien que les Vendéens se battaient pour leur Foi, leurs cochers et leur terre… La féodalité est ce pouvoir humain à distance humaine et non le pouvoir royal lointain et encore moins l’état abstrait d’aujourd’hui. La féodalité est l’incarnation du pouvoir à échelle humaine, plus facilement contrôlable et dont les obligations qu’il en sortait valaient les droits que ce régime assurait. Soyons clairs, la féodalité n’est plus possible mais la justice proche, le pouvoir à portée de voix, la protection incarnée est préférable à un machin abstrait qui prétend tout régir pour notre bonheur !

Alors que vive l’esprit féodal et que vive le Roi !

En mémoire de N. V

Charles d’Antioche

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