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[CEH] Les Bourbons dans les « Carnets » du cardinal Baudrillart

Le cardinal Alfred Baudrillart en habit traditionnel

Les Bourbons dans les Carnets du cardinal Baudrillart

Par le père Augustin Pic, o. p.

Couvrant près de trente années (1914-1942), les Carnets du cardinal Baudrillart (1859-1942)[1] ne sont pas sans références aux Bourbons ni sans allusions à la question monarchique, en France et ailleurs, compliquée dans l’Hexagone par l’interminable querelle dynastique. Tirés des neuf volumes de ces carnets, on trouvera ici quelques textes importants rapidement commentés, en vue de dégager en première approche la nature du monarchisme professé par leur prestigieux auteur.

D’un voyage en Allemagne (1884), le libéral et bonapartiste que le jeune homme avait tout d’abord été (au tournant 1880) rentra assez opposé à la république et durablement intéressé par la monarchie traditionnelle. Agrégé d’histoire (depuis 1881), il étudia de près la correspondance de Louis XIV et de son petit-fils (1886-1887), concluant à la validité des renonciations de 1713[2]. Ces sentiments royalistes[3] expliquent les propos suivants, livrés plus de quarante ans après le séjour outre Rhin :

« Chambord… si émouvant par les souvenirs de celui à qui il fut donné par souscription nationale et qui n’y vint qu’une fois en 1871 ; tout y parle de lui, ces tapis, ces tentures, œuvres de mains fidèles, ces voitures préparées pour l’entrée à Paris. Et il fit tout échouer : pourquoi ? Pourquoi ? Nulle des explications données ne vaut » (26 juillet 1927, IV p. 730).

On sent, sinon le lointain vaincu de 1870 et déçu du Second Empire, trop jeune alors, au moins le libéral conservateur désireux d’un pouvoir fort, le Français fasciné par la dynastie de son pays et nostalgique d’un roi légitime que l’Histoire et la conjoncture eussent chargé de réconcilier la tradition et les acquis de la révolution bourgeoise. On ne sera donc pas plus étonné des convictions suivantes touchant la succession immédiate (1883) par les Orléans, appuyées sur la supposée validité des renonciations :

« L’Alcazar m’a fait moins d’impression que jadis, moins imposant ; j’y ai revu la chambre mauresque où est née en 1848 la comtesse de Paris, fille du duc de Montpensier. Encore une série de déceptions que l’histoire de cette vie et les suites de ces mariages espagnols sur lesquels Louis-Philippe avait fondé une partie de sa politique. Quand cette enfant est née, en 1848, Louis-Philippe était déjà renversé, en exil, ainsi que son petit-fils, le comte de Paris. Le duc de Montpensier a renversé sa belle-sœur la reine Isabelle mais il n’a pas régné en France, même après que la mort du comte de Chambord eut laissé la France en face d’un seul prétendant. Qui peut lire dans les vues de la Providence ? » (26 février 1931, V p. 769).

Le marquis de Foresta[4] est :

… tout plein des souvenirs du comte de Chambord. Nous célébrons précisément le cinquantième anniversaire des funérailles de Göritz, auxquelles le comte de Paris n’assista pas, M. de Foresta me parle du rôle de la comtesse de Chambord qui se laissa endoctriner par quelques « subalternes », Maurice d’Andigné, Huet du Pavillon et autres. Ainsi vit le jour le parti des Blancs d’Espagne (3 septembre 1933, VI, pp. 577-578).

Pareille sévérité envers une comtesse de Chambord (1817-1886) regardée comme le jouet des « Blancs », et donc envers ces Blancs même, montre bien l’orléanisme du diariste.

Sur la nostalgie, plus ou moins « royalisante », d’un pouvoir fort chez certains politiques, on notera ceci, après la réception et le discours d’Alphonse XIII à l’Académie des Beaux-Arts (1926) :

« L’évocation de la Maison de Bourbon a produit un certain effet ; j’ai cru percevoir chez ces libres penseurs et républicains comme un vague remords du total abandon que la France a fait de sa maison royales pour tomber dans le vilain régime qui est le nôtre A ce propos, Foch qui était mon voisin m’a fait une confidence : Briand[5] lui a dit ce matin même, parlant des députés et sénateurs : « Si j’avais dix ans de moins, je les mettrais tous dehors – Faites comme si vous aviez dix ans de moins, a répondu Foch – Et avez-vous ajouté, dis-je à Foch, que vous êtes prêt à l’aider ? – Ah, pour cela non ! m’a répliqué Foch » Alors ? Mais peut-être que Caillaux[6] fera ce que n’ose Briand » (26 juin 1926, IV, pp. 409-410).

 Et deux ans plus tard :

« Poincaré a prononcé son grand discours sur la stabilisation[7]… Il a dû reconnaître que si la stabilisation ne se fait pas dans de meilleures conditions et inférieures à celles de l’Italie, c’est qu’il n’a pas les pouvoirs de Mussolini, c’est ce que le régime est instable et les exigences électorales de la Chambre insatiables. Procès modéré, mais procès du parlementarisme par ce parlementaire impénitent. Et de tous côtés on fait chorus ; Cambon[8], Hanotaux[9], entre autres dans un déjeuner chez Cambon auquel je prenais part (avec Goyau, Lecomte, l’amiral Touchard). Ce déjeuner fut bien intéressant… Que de souvenirs politiques et littéraires évoqués de 1873 à nos jours ! … On ne paraissait pas fort rassuré sur le sort du ministère après la stabilisation. Malgré le grand succès personnel de Poincaré, la fin de la séance laissa percer des intentions menaçantes. Au fond les socialistes et une partie des radicaux socialistes tiennent à enterrer la stabilisation pour reprendre la liberté de leur action, de leurs intrigues, de leur sectarisme Mais quelle navrante déficience du personnel politique ! … Irait-on à une crise de régime ? C’est impressionnant d’entendre des républicains comme Cambon et Hanotaux se le demander. Hanotaux donne raison à Charles X et à Polignac dans l’affaire des Ordonnances de 1830 et reconnaissent que le parlementarisme anglais n’était pas fait pour les peuples latins. Cambon va jusqu’à dire que la meilleure constitution de la France fut celle de l’an VIII[10]. Hanotaux donna aussi raison au comte de Chambord en 1873[11] et dit qu’il fut indigné qu’on lui envoyât le charcutier Chesnelong[12] au lieu des ducs de Broglie[13], d’Audiffret-P.[14], Decazes[15]. Il en conclut, ainsi que d’autres considérations, que ceux-ci voulaient faire échouer la restauration de la branche aînée et, à défaut de la branche cadette, lui préféraient la République[16]. Néfastes sous l’Empire, néfastes sous la République ! » (22 juin 1928, IV, p. 954-955).

Baudrillart ne répète pas seulement ce qu’il a entendu, il montre par là même où vont ses sympathies. Ce, non sans solliciter quelque peu les propos d’un Cambon en réalité plus bonapartiste que légitimiste. Il est vrai qu’entre 1850 et 1873 le recours à Henri V avait eu dans l’esprit de ses partisans une teneur aussi autoritariste que libérale, sinon même davantage, qui eût rendu la troisième restauration à peu près semblable au Second-Empire[17], légitimité royale et fondement chrétien en plus.

Dès 1916 néanmoins, l’orléaniste Baudrillart semble penser comme Alphonse XIII (1886-1902-1941) touchant la monarchie en France et ne pas exclure d’autres solutions dynastiques :

« Il me parle de la division des partis monarchistes et dit que nous n’avons pas de prétendant qui comte. Il s’arrête pour ne pas dire ce que je sais qu’il pense du duc d’Orléans. Puis il reprend : « Beaucoup de personnes m’ont écrit pour me demander à moi de venir en France et d’y régner… Mais à ces lettres je ne réponds pas en général. J’ai répondu quelquefois que je ne peux pas abandonner l’Espagne ». Et son regard m’interroge : « Sire, dis-je, il est vrai que la France vous aime. Il n’y a chez elle, aujourd’hui, que deux souverains vraiment populaires : Votre Majesté et le roi Albert de Belgique ». « Eh bien, reprend-il, qu’elle prenne Albert »… Il me reparle encore de mon livre sur Philippe V et des Lettres du duc de Bourgogne que je lui ai offertes au commencement de ma visite » (21 avril 1916, I. p. 337).

Mais sans doute convient-il de ne point urger ces propos, assez enjoués et plutôt informels.

Sur Jaime de Bourbon (1870-1931)[18], la réserve est certaine :

« Don Jaime, le prétendant au trône d’Espagne, me fait une visite d’une heure et quart. Il me parle de son projet de mariage… Je ne peux lui cacher que ce mariage ne me paraît pas fort sage. Il me parle amicalement de son cousin Alphonse XIII, de Sixte et de Xavier de Parme. C’est grâce à Alphonse XIII qu’il a pu sortir d’Autriche. Il approuve Clemenceau de s’être défendu, comme il l’a fait, contre les assertions mensongères de Czernin… Ce descendant de Louis XIV manque totalement de noblesse dans la physionomie et, malgré son amabilité, n’est guère sympathique. Il a le mérite d’affirmer qu’il respectera et aidera à vivre tout gouvernement qui fera le bien de l’Espagne… » (9 mai 1919, II p. 176).

De là, plus tard, des tendances parmistes :

« Lestra[19]… me raconte quantité de détails inédits sur les tentatives de restauration du comte de Chambord jusqu’en 1882, le complot militaire qui suivit l’exécution des décrets de 1880 (Ducrot, Bourbaky, Miribel, Lyautey), le caractère du comte de Chambord, les raisons de sa réconciliation avec les d’Orléans, mais qu’il n’eût pas reconnu comme ses successeurs aux dépens de Don Jaime. Tout était prêt pour le gouvernement d’Henri V, lorsqu’il tomba malade : ordonnances sur l’enseignement, l’organisation religieuse, etc., lesquelles avaient été préparées d’accord avec Pie IX. M. Lestra était un disciple, un ami de Lucien Brun. Il reste dans son cœur partisan de la descendance de Philippe V contre les d’Orléans. Il considère que ceux-ci ont perdu la monarchie ; que le duc de Guise et son fils ne comprennent rien à la situation de la France et aux tendances de la société. En s’inféodant à l’Action française, ils ont perdu toute chance de succès. M. Lestra, reconnaissant que don Jaime est impossible et méprisable, se tourneraient volontiers vers les Parme. Il ne veut rien publier de ce qu’il sait et des papiers qu’il a entre les mains pour ne pas augmenter le désarroi des monarchistes. En attendant, il ferait bien d’écrire. Et puis ne vaudrait-il pas mieux publier maintenant que d’attendre un temps où tout cela ne sera plus de la très vieille histoire n’intéressant que les historiens et leurs quelques lecteurs ? » (23 mai 1931, V p. 865)

Les propos rapportés ici favorablement montrent non seulement qu’espoir et dessein restaurationnistes durèrent chez Henri V jusqu’à la fin, ce que la récente exploitation des archives de Lucques a prouvé[20], mais aussi que la portée des critiques émises par Pie IX (puis Léon XIII) au sujet du prince ne doit pas être exagérée. Après 1873, en effet, le pape et le roi ensemble songent encore à la royauté, ce qui prouve que ni Henri n’avait renoncé ni les pontifes romains ne l’avaient absolument disqualifié. On voit aussi que Baudrillart ne fut pas sans pressentir la tendance actuelle et déjà ancienne de l’opinion à l’amnésie touchant la question monarchique. Ce texte intéresse, enfin, par sa référence aux Parme, desquels l’auteur pense comme Lestra. Il avait rencontré Sixte douze ans avant (et cinq mois après son décevant entretien avec Jaime) :

« Je rencontre chez le cardinal Amette le prince Sixte de Parme avec le duc de Doudeauville ; le prince épouse la fille du duc ; ils venaient de demander au cardinal de bénir le mariage[21]. Sixte est couvert de décorations et de croix de guerre. Il est autrement sympathique que le duc d’Orléans » (3 octobre 1919, II, p. 282)

Pareil respect s’explique par les faits de guerre du prince[22] et son « affaire Sixte »[23]. Par une prestance aussi, physique et morale, qui devait faire impression.

« Journée attristée par la nouvelle de la mort du prince Sixte de Bourbon-Parme, qui avait mérité le respect et la sympathie de tous les Français par son intelligence, son labeur, son courage, ses services de tous ordres[24], sa fidélité à la Maison et à la France qui s’était si souvent identifiée avec cette Maison. Cette branche des Bourbons (sic) qui descend directement de Louis XIV[25] ne s’est pas souillée comme la branche d’Orléans depuis les menées du Régent si justement suspectes, ses intrigues révolutionnaires, sa part à l’assassinat juridique de Louis XVI, l’usurpation de Louis-Philippe. La Constituante avait réservé ses droits au trône[26]. J’ai conclu dans mon Philippe V à la validité des renonciations. Dans sa thèse de doctorat, le prince avait conclu au contraire[27]. Le comte d’Eu[28] était bien embarrassé quand il s’agissait de ces renonciations, voulant réserver les droits de ses fils devenus brésiliens[29]. Aujourd’hui que le trône d’Espagne est vacant aussi bien que celui de France, on pourrait soutenir que les choses reviennent en l’état et que le peuple français pourrait librement choisir. En viendrons-nous là ? » (15 mars 1934, VI, p. 732)

Malgré un mépris certain et motivé (par le régicide de 1793 surtout) des Orléans et sa considération pour Sixte, Baudrillart, on le voit, semble à soixante-quinze ans n’être pas encore revenu de la validité des renonciations, l’immortalité reprochée à la branche cadette n’influant évidemment pas de soi sur la portée juridique attribuée par lui aux actes de 1713. D’ailleurs, la formule « usurpation de Louis-Philippe » montre que ce n’est nullement sur la révolution de 1830 que se fonde son orléanisme mais bien sur les deux temps de question successorale, à savoir Utrecht et la mort d’Henri V. Enfin, on notera cette idée qu’une vacance des trônes, en deçà et au-delà des Pyrénées, eût laissé les Français libres de choisir. C’est oublier qu’Alphonse n’abdiqua jamais celui d’Espagne[30] et que, le mort saisissant le vif, celui de France restait occupé de droit[31] par Charles XII[32].

Un sentiment politique mêlé habite le cardinal sous le régime de Vichy :

« La pagaille politique continue à Vichy, et même elle s’aggrave. Domingray[33] vient ici pour me dire qu’on y travaille à obtenir les voix radicales socialistes pour le rétablissement de la royauté. Mais qui ? On répond au prince réfugié au Canada[34]. Alors Félix de Parme, grand-duc de Luxembourg ! On se retrouverait vite comme à l’Assemblée nationale de 1871, Chambord ou comte de Paris[35]. Tout cela est peu probable (20 juillet 1940, VIII p.541). Hier 11, … assistance du cardinal-archevêque au service funèbre d’Alphonse XIII[36], à l’église des Pères espagnol de la rue de la Pompe, service officiel où l’ambassadeur Lequerica, Mgr Chaptal[37] et Mgr Beaussard[38] y étaient, Mgr Bressoles m’y représenta ; l’absoute fut donnée par l’archevêque et celui-ci, qui avait d’abord accepté, fit savoir qu’il n’irait pas samedi au service de Notre-Dame des Victoires. Ceci pose pour moi une question. Le service de Notre-Dame des Victoires est demandé par le prince Xavier de Bourbon-Parme et au nom de tous ceux-ci. Alphonse XIII y est représenté comme l’héritier légitime de Louis XIV, tant pour la France que pour l’Espagne. Jadis le Prince Sixte écrivit en pleine amitié avec moi un livre pour réfuter ce que j’avais écrit sur la valeur des renonciations d’Utrecht en 1717. J’avais conclu pour les Orléans, mais indiqué que la question n’était pas définitivement tranchée et la Constituante en avait ainsi décidé en 1791. J’avoue que maintenant, étant donné les circonstances et les multiples indignités des Orléans de 1713 à nos jours, y compris le prétendant actuel, je serais plutôt pour les Bourbons. Ils ont d’ailleurs aussi peu de chance les uns que les autres » (12 mars 1941, VIII p. 879).

De 1934 à 1941, on le sent, les tendances se modifient. Malgré l’orléanisme originel, le méfiant désintérêt pour Jaime, voire, en marge, une grande réserve à l’endroit des sœurs de Sixte[39], une préférence pour les Bourbons se fait jour, mais sur le fond d’un grand scepticisme quant aux chances respectives, lesquels a d’ailleurs son équivalent pour les autres monarchies :

« L’Autriche est sortie honteusement de l’Allemagne en 1866, chassée par Bismarck ; elle y entre honteusement en 1938, brutalement, par Hitler ; dans les deux cas, elle s’incline devant le chancelier allemand. En 1866, elle restait un grand empire ; en 1938, elle n’est plus qu’une province annexée. Que deviendra même sa capitale ? Depuis quarante-huit heures, l’Anschluss s’accomplit en détail, presque heure par heure. Aymar de Senneville, il y a quelques mois encore attaché militaire en Hongrie, ne croit ni à la restauration des Habsbourg, ni à la reconstitution d’un empire danubien autour de Vienne. En Hongrie, personne ne veut plus des Habsbourg ; même en Autriche, Otto n’est pas considéré et sa mère l’impératrice Zita n’est pas du tout aimée. Il ne croit pas davantage aux Hohenzollern. En 1938 et en 1866, l’Autriche fut également abandonnée par l’Europe » (18 février 1938, VII, p. 760)[40].

Si Baudrillart révèle, là encore à travers les dires d’autrui, ses propres dispositions, à savoir une acédie monarchique (assez répandue dans l’entre-deux guerre), la figure royale en soi ne perd pas à ses yeux toute pertinence, comme en font foi les propos émis deux ans avant, suite au ballotage des élections grecques :

« On compte sur le roi[41] qui se montre d’une belle impartialité et vraiment constitutionnel » (27 janvier 1936, VII, p. 109)

Conclusion

En fait, l’alliance d’un libéralisme conservateur et autoritaire, d’un sentiment monarchique sincère et profond et d’une double conviction sur les renonciations espagnoles et les droits de la Nation à choisir son roi[42] portent à conclure que, n’intégrant ni le statut réel et contraignant de la dévolution de la couronne en France ni l’essence non démocratique de la royauté traditionnelle[43], Baudrillart n’est pas légitimiste et que le fond de sa pensée consiste -essentiellement en un pragmatisme : il est tantôt orléaniste, tantôt parmiste, ou tout à la fois, n’excluant pas même Alphonse XIII, qui a ses yeux, vingt ans avant même la mort de Charles XII l’eût rendu successible en France (1936), eût fait l’affaire aussi bien.

Baudrillart, semble-t-il, resta aussi très sensible et réactif aux personnalités : Chambord a ses regrets, Sixte ses sympathies, Jaime et les Orléans sa réserve et presque ses mépris. Dans leurs constantes et leurs variations ses conceptions en dépendent pour une part.

Mais, en politique moins homme de doctrine peut-être qu’historien, il n’a pas, on vient de le voir, de pensée vraiment arrêté, sinon, très persévéramment te très noblement, celle de l’intérêt de la France, conçu comme une synthèse de catholicisme, de monarchie et de libéralisme. C’est essentiel et ultime, certes, au moins quant aux deux premiers termes, mais, à l’heure actuelle des choix concrets, un peu vague et flexible…

Enfin, malgré une piété, une moralité et — précision inutile — une compétence intellectuelle évidentes, il resta impuissant (et l’avoua parfois) à discerner l’action providentielle dans une actualité marquée par la nullité des décideurs, par l’interminable effacement, depuis la chute des empires centraux en 1918 surtout, des princes et de leurs fervents et, bien sûrs, par le triomphe du Reich. Opposé tout d’abord au nazisme, et sympathisant du Pie XI seconde manière (celui de Mit brennender sorge, 1937), comme d’un Pacelli, rédacteur de la partie diplomatique de l’encyclique (et qu’il jugera étrangement silencieux au début de son pontificat), le Cardinal passera en effet, après la défaite française et la rupture germano-soviétique (juin 1941), une collaboration croissante non dénuée d’estime pour Hitler, et qui scandalisera[44]. L’idée définitive qui fut sienne que, par le puissant du jour, un ordre européen et mondial nouveau advenait où France et christianisme trouveraient un statut favorable[45], explique aussi peut-être sa désaffection pour les monarchies traditionnelles.

Père Augustin Pic (o. p.)
Historien
Grand Aumônier de France


[1] Les Carnets du cardinal Alfrad Baudrillart I-IX, Paris, Cerf, 1998-2003.

[2] Philippe V et la cour de France d’après des documents inédits tirés des archives espagnoles de Simancas et d’Alacalà de Hénarès et des Archives du Ministère des Affaires étrangères, I-V, Paris, Firmin-Didot, 1889-1901. Recension dans Bulletin hispanique (1901), pp. 300-306. Les recherches antécédentes de l’auteur sur l’influence de Mme de Maintenon dans la Succession d’Espagne l’avaient déçu. Sur la question historique de cette influence dans une politique royale en fait plus soutenue par la dame que déterminée par elle, cf. A. Maral, Madame de Maintenon. À l’ombre du Roi-Soleil, s. 1., Belin, 2011, p. 88 et surtout, à propos de la succession espagnole avec référence à Baudrillart, pp. 103-106.

[3] De familles, paternelle et maternelle, de politiques, de littéraires et de scientifiques où se mêlaient traditionalisme et libéralisme, cf. P. Christophe, Carnets I, préface, p. 12). Formé à l’École normale supérieure (avec J. Jaurés, E. Durkheim, H. Bergson), agrégé d’histoire (1881), oratorien (1890), prêtre (1893), docteur en théologie (1895), il se consacre à l’apostolat intellectuel et scientifique. Successivement directeur du Bulletin critique (1897-1908), premier directeur du Dictionnaire d’Histoire et de Géographie ecclésiastique, recteur de l’Institut catholique de Paris (1907). Très opposé à Loisy et La Berthonnière. Plusieurs voyages, en Espagne (1916-1917), aux USA (1918) et en Europe (après-guerre) à titre de créateur du Comité catholique de propagande française à l’Étranger (1915). Académicien(1918), in partibus évêque d’Hyméria (1912) et archevêque de Melitène (1928), conférencier à Notre-Dame sur la vocation de la France (d’où La Vocation catholique de la France et sa fidélité au Saint-Siège à travers les âges, Paris, Spes, 1918 puis Vocation de la France, Paris, Flammarion, 1934. Influence possible, dans la ligne libérale, des vues de Lacordaire sur la vocation de la France, cf. une lettre de ce dernier sur la réconciliation de la bourgeoisie, « premier corps du monde », avec le christianisme, 1er février 1840, dans Correspondance inédite du p. Lacordaire. Lettre à sa famille et à des amis, suivies de Lettres de sa mère, d’un appendice et précédées d’une étude biographique et critique par Henri Villard, Paris, Palmé, Bruxelles, Lebrocquy, 1876, réimpression Imprimerie du Sud, Toulouse, 1992, pp. 144-145). Chevalier (1920), officier (1931) et commandeur (1935) de la Légion d’Honneur, cardinal (1935) et conclaviste (1939). C’est dans cette existence riche et ce fond complexe d’idées que prend place le monarchisme étudié.

[4] Henri, marquis de Foresta et de la Roquette (1855-1944), filleul d’Henri V.

[5] Aristide Briand (1862-1932), politique et diplomate, plusieurs fois président du Conseil ou ministre. Évolue du socialisme au centrisme. Pacifiste malheureux entre les deux guerres.

[6] Joseph Caillaux (1862-1944), plusieurs fois ministre des finances. Le 19 juillet suivant verra la chute du ministère.

[7] Celle du franc par Poincaré, rappelé cette année-là pour empêcher la banqueroute.

[8] Jules Cambon (1845-1935), diplomate et administrateur, frère du diplomate Paul Cambon (1843-1924). Ambassadeur à Washington (1897), Madrid (1902), Berlin (1907), secrétaire général des Affaires étrangères (1914), académicien (1918), président de Radio-France (1920) puis de la banque de Paris et des Pays-Bas (1930). Outre ses ouvrages sur l’Algérie, il laisse un excellent Le Diplomate, Paris, Hachette, 1926.

[9] Gabriel Albert Auguste Hanotaux (1853-1944), républicain avec Gambetta et Ferry, ministre des Affaires étrangères (1894-1895 puis 186-1898). Histoire du cardinal de Richelieu (1888), Origines de l’institution des intendants des provinces (1884), Histoire de la France contemporaine (1871-1900) (1903-1908), Instructions des ambassadeurs de France à Rome, depuis les traités de Westphalie (1888). Académie française (1897).

[10] Après l’échec de la constitution de l’an III, qui séparait tant les deux pouvoirs que leur accord était impossible par les moyens légaux, celle de l’an VIII, la consulaire, renforça l’exécutif, en son titre IV concernant le premier consul, spécialement à l’article 42 qui lui remet exécutif et législatif. C’était ouvrir à la dictature militaire. Cambon se laisse ici tenter moins par la monarchie traditionnelle comme telle que par un régime fort, sans parlementarisme.

[11] Hanotaux par contre est plus incisif, visant probablement le refus par Henri V du projet constitutionnel, intrinsèquement parlementaire, de 1873, cf. A. Pic, « Lacordaire et légitimisme » dans Lacordaire et quelques autres … Religion et politique (dir. M.-O. Munier), Toulouse, Presse de l’Université des Sciences sociales, 2003.

[12] Pierre-Charles Chesnelong (1820-1899), républicain puis bonapartiste, député (1865 et 1869), devenu légitimiste (1872), chargé de présenter le programme de restauration à Henri V qui refusera (octobre 1873), favorable au septennat (novembre 1873), sénateur (1876).

[13] Jacques Victor Albert, duc de Broglie (1821-1901), député (1871) et ambassadeur, président du Conseil (1877), sénateur (1876-1885). Catholique libéral et orléaniste. Académie française (1862) et Académie des Sciences morales et politiques (1895).

[14] Gaston, duc d’Audiffret-Pasquier (1823-1905). Partisan d’une troisième restauration. Après le refus d’Henri V, appuie lui aussi Mac Mahon (novembre 1873).

[15] Louis, duc de Decazes et duc de Glücksbierg (1819-1886), fils du favori Louis XVIII et filleul de ce dernier. Député (1871), ambassadeur (1873), favorable au septennat (octobre 1873), ministre des Affaires étrangères après de Broglie (1873).

[16] Le propos suivant de Jules Cambon sur la démocratie dans Le Diplomate,p. 121, deux ans avant le témoignage de Baudrillart, est intéressant « … ce ne sont pas les discours des diplomates ni les discours des hommes politiques qui influeront beaucoup sur la marche de l’humanité. C’est l’esprit dont sera animée la démocratie elle-même. Sait-elle seulement vers quel but elle se dirige ? Il semble que, comme jadis le peuple d’Israël, elle aille vers ce qu’elle croit être une Terre promise, conduite par une colonne de nuées ». On notera le pluriel nuées, péjoratif… La critique vise ici toutefois plus les vicissitudes présentes que les principes de la démocratie. Il en fait plus l’éloge, d’ailleurs — mais là aussi au seul plan des faits — en tant que la diplomatie française de 1871-1914 a forcé l’admiration du cabinet autrichien et d’autres cours, ibid., p. 66.

[17] Sans faire d’Henri V (qui de toute façon refusa toute transaction politique) un Napoléon III bis.

[18] Du côté carliste, après Jean III (1822-1887) son fils Charles XI (1848-1909), après ses échecs en Espagne, se tourna vers la France ; après le prince de Valori, son représentant en France fut (1896) le comte Armand-Urbain de Maillé de la Tour Landry (1816-1903). Mais ses interventions dans la politique française furent peu nombreuses. Beaucoup lui reprochaient sa passivité et son acceptation de l’encyclique sur le ralliement (1892). Cependant il écrivit en 1906 une lettre aux Français pour leur demander de « s’affranchir d’un joug maçonnique et satanique en revenant franchement et avec l’ardeur qui vous caractérise à la vraie tradition chrétienne et nationale dont par ma naissance, c’est-à-dire par la volonté de Dieu, je suis le seul représentant légitime. Après sa mort, son aîné et successeur, titré Jaime II et duc de Madrid en Espagne, devint chef des Bourbon et Jacques Ier de France. Né à Vevey en Suisse (1870), il fut élevé à Paris jusqu’à l’expulsion de son père après le délit d’acclamation par des Saint-Cyriens à Saint-Germain-des-Près (1881). Officier dans l’armée russe, il avait participé à l’expédition des boxers et à la guerre de Mandchourie. Démissionnant (1909), il vint s’installer à Froshdorf dont il avait hérité de la comtesse de Chambord (1886). Occupé du carlisme en Espagne, il revendiqua en France son titre de chef de la maison de Bourbon (1911). Sa protestation contre le port de la croix de Saint-Louis par le général de Charrette qui la tenait du duc d’Orléans fur reproduite dans la presse… J.-C. Drouin, « Les non-ralliés deux fois : les Blancs d’Espagne de 1883 à nos jours » dans les Ralliements, ralliés, traitres et opportunistes, du Moyen-Âge à l’époque moderne et contemporaine, Bordeaux, CROCEMC, 1997 (textes et débats réunis par M. Agostino, F. Bériac, A.-M. Dom), pp. 197-214.

[19] Antoine Lestra (1884-1963), avocat. Ami de Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, tertiaire de l’Ordre franciscain (qu’avaient voulu Léon XIII et S Pie X comme socle spirituel du catholicisme social), membre de l’Association des Juristes catholiques, de la Société générale d’Éducation et d’Enseignement et de la Fédération nationale catholique Ami de Lucien Brun (1822-1898). Écrit pour Sixte La république de tout le monde, Paris, éd. Amictia, Office français du livre, 1946, avec référence à la lettre d’Henri V sur les ouvriers. Cf. Claudie Brunel, « Antoine Lestra, un catholique social dans la tradition légitimiste », p. 181 sq., dans Cents ans de catholicisme social à Lyon et en Rhône-Alpes. La postérité de Rerum novarum, actes du coll. de Lyon, 18-19 janvier 1991 (dit. J.-D. Durand et alii), Paris, éd. ouvrières, 1991 et Antoine Lestra, un serviteur de l’Église et du Roi (m. de maîtrise), 1988, on line (des erreurs de dates, etc.)

[20] Bien mis en évidence, à partir des archives du prince, par D. Boudet de Montplaisir, Le comte de Chambord, dernier roi de France, Parie, Perrin, 2008.

[21] Il épousera le 12 novembre 1919 à Paris Hedwige de La Rochefoucauld-Doudeauville, fille d’Armand de La Rochefoucauld, duc de Doudeauville et de Louise, princesse Radiziwill. Leur fille Isabelle naîtra le 19 mars 1922. Sur le personnage, cf. P. Amiguet, La vie du prince Sixte de Bourbon, Paris, éditions de France, 1934.

[22] Dans l’armée belge (de préférence à l’autrichienne), la France refusant d’incorporer ses dynastes.

[23]  En 1917, Charles Ier tente de négocier secrètement la paix avec la France sans en avertir officiellement son allié allemand. Par l’entremise de sa mère qui réside en Suisse, Sixte de Bourbon-Parme en est l’intermédiaire avec le soutien du roi Albert Ier de Belgique et du gouvernement belge de Charles de Broqueville (1860-1940). Cependant au cours d’un discours, prononcé devant la municipalité de Vienne, le comte Ottokar Czernin (1872-1932), ministre des Affaires Etrangères austro-hongrois, annonce que la France, par la voix de Clémenceau, a pris l’initiative des pourparlers de paix. Clémenceau dément ouvertement et lorsque la nouvelle se répand dans les journaux en avril 1918, Charles Ier ne peut que nier son implication, c’est ce que l’on a appelé « l’Affaire Sixte » et qui est en fait l’affaire Czernin-Clémenceau. Il semblerait que le comte Czernin, pro-allemand, ait volontairement saboté les tentatives de paix de l’empereur Charles. Fait prisonnier sur le front italien, Sixte de Bourbon-Parme est libéré en 1919, peu avant son mariage.

[24] Cf. le film de ses obsèques suivi de celui, très patriotique, de son expédition de 1932 au désert de Lybie, avec référence à celles de 1929 en Algérie et Abyssinie (35 mm in line). Sixte, l’ « apatride » forcé (il n’a jamais eu de papiers français), est présenté en fin de séquence comme ayant « une nouvelle fois servi la France » (la première étant les pourparlers de 1917).

[25] Fils de Robert Ier dernier duc de Parme (1848-1907= et petit-fils de Louis d’Artois (1819-1864), fille du duc de Berry (1778-1820), petite fille de Charles X (1757-1836) et sœur du comte de Chambord, il regardait comme seule légitime la branche espagnole des Bourbons.

[26] Négativement à vrai dire, en refusant de trancher la question, Constitution de 1793, titre III, chapitre II, section 1, article 1. En disant « réservé », Baudrillard vise ici en ce sens minimal, cf. ci-dessous à la date du 12 mars 1941.

[27] Le traité d’Utrecht et les lois fondamentales du royaume, Paris, Honoré Champion, 1914 (en mai)

[28] Gaston d’Orléans (1842-1922), dit « comte d’Eu », petit-fils de Louis-Philippe.

[29] Ayant épousé Isabelle, fille et héritière (1846-1921) de l’empereur Pierre II du Brésil (1825-1831-1889-1891), il avait perdu son statut de « prince français » et donc ses droits à succéder aux Orléans en France. Baudrillart fait ici allusion à la contradiction qui consistait à exclure les Espagnols de la succession pour « vice de pérégrinité » et à y prétendre quoique brésilien…

[30] Il ne le fit qu’un mois avant sa mort, pour son fils, donc dans une logique strictement monarchique et par conséquent sans lien aucun à la révolution et à la IIe République.

[31] Selon la doctrine monarchique française traditionnelle c’est seulement à l’extinction absolue de la dynastie que la nation reprend son droit de désignation.

[32] Alphonse Charles Ferdinand Joseph Jean Pie de Bourbon (1849-1936), oncle de don Jaime (Jacques Ier), duc d’Anjou et duc de San Jaime, dernier carliste direct pour l’Espagne sous le nom d’Alphonse-Charles Ier, et Charles XII pour la France (1931-1936)

[33] Non identifié

[34] Il s’agit d’Henri de Nassau (1921), fils de la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg (1896-1919-1985) et de Félix de Bourbon-Parme (1893-1919-1970), frère de Sixte et de Zita, prince de Luxembourg et prince de Nassau, héritier (1939), réfugié avec les siens en France, USA, Canada, Grande-Bretagne (1940) et grand-duc à l’abdication de sa mère (1964-2000). Quand Baudrillart écrit, Jean est à Laval-Université pour études de droit et sciences politiques. Etant Bourbon-Parme par son père et Sixte étant mort (1934), on pensa à lui comme roi, voire à son père, que le diariste appelle ici grand-duc improprement puisqu’il n’était que le consort de Charlotte.

[35] Baudrillart veut probablement dire qu’en cas de candidature parmiste, on aurait eu en 1940 la même opposition orléaniste qu’au temps du comte de Chambord.

[36] Sans la présence du corps, le souverain étant mort à Rome le 28 février précédent. L’archevêque est Emmanuel Suhard (1874-1940-1949).

[37] Emmanuel Chaptal de Chanteloup (1861-1943), évêque auxiliaire de Paris.

[38] Roger Baussard (1879-1952), évêque auxiliaire de Paris.

[39] Après sa visite aux Bénédictines de Solesmes, il regarde les trois sœurs de Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, « Nos sœurs de Bourbon », comme des carlistes fanatiques et ajoute : « Pourquoi faut-il que ces pères et ces mères du désert aient de telles passions politiques ? Je ne puis m’empêcher d’y faire allusion » (1er février 1937, VII, p.412)

[40] Le chancelier autrichien Kurt von Schussnigg (1897-1977) avait signé un accord avec Hitler (juillet 1936) puis songé à restaurer les Habsbourg (1937), en vain, Hitler et Mussolini s’y opposant (et, d’après Baudrillart ici, les Hongrois et Autrichiens même). Perdant les appuis italo-européens et tentant en interne une alliance socio-démocrate, il est convoqué à Berchtesgaden où la pression le fera céder (18 février 1938. Baudrillart en écrit donc le jour même). Essayant du référendum en dernier recours (9 mars), l’ultimatum du dictateur (le 11) et l’Anschluss (le 12) empêcheront l’opération. En parlant d’anschluss dès février, le cardinal désigne évidemment l’ensemble du processus que viendra achever le coup de force du 12 mars.

[41] Georges II (1890-1947)

[42] Après rupture du lien séculaire de la France et de sa dynastie C’est la thèse monarchiste d’Antoine Eugène Genoud (1792-1849, anobli en de Genoude) qui, dans Réflexions sur quelques questions politiques, Paris, Delalain, 1814, s’oppose à la Charte en tant qu’octroyée et demande un pacte librement consenti entre le peuple et le souverain.

[43] Au sens du droit divin strict, c’est-à-dire sans fondement ni intermédiaire dans une quelconque souveraineté populaire.

[44] D’où les protestations de Claudel contre ses obsèques solennelles, lequel écrivait en novembre 1940 ; « Les catholiques bien-pensants sont décidément écœurants de bêtise et de lâcheté », cit. dans M. Cointet, L’Église sous Vichy (1940-1945), Paris, Perrin, « Vérités et légendes », 1998, p.198. L’auteur applique la citation à Baudrillart mais sans dire clairement si Claudel le visait et sans donner aucune référence.

[45] Sur le rapport au IIIe Reich, cf. P. Christophe, « Le cardinal Baudrillart et ses choix pendant la Second Guerre mondiale », dans Revue d’histoire de l’Église de France, 78, 1992, p. 57-75.


Publication originale : Augustin Pic, « Les Bourbons dans les Carnets du cardinal Baudrillart », dans Collectif, Actes de la XXe session du Centre d’Études Historiques (11 au 14 juillet 2013) : Les Bourbons et le XXe siècle, CEH, Neuves-Maisons, 2014, p. 171-188.

Consulter les autres articles de l’ouvrage :

Préface, par Monseigneur le Duc d’Anjou (p. 5-6).

Avant-propos, par Jean-Christian Pinot (p. 7-8).

« Naples et Rome, obstacles à l’unité politique de l’Italie », par Yves-Marie Bercé (p. 13-26).

« Le roi Juan Carlos et les Bourbons d’Espagne », par Jordi Cana (p. 27-35).

« Deux décennies de commémorations capétiennes : 1987, 1989, 1993, 2004, etc. », par Jacques Charles-Gaffiot (p. 37-49).

« L’abrogation de la loi d’exil dans les débats parlementaires en 1950 », par Laurent Chéron (p. 51-67)

► « De Gaulle et les Capétiens », par Paul-Marie Coûteaux (p. 69-97) :

« De Chateaubriand à Cattaui : Bourbons oubliés, Bourbons retrouvés », par Daniel de Montplaisir (p. 99-108).

►  « Les relations Église-État en Espagne de 1814 à nos jours », par Guillaume de Thieulloy (p. 109-124) :

► « Autour du livre Zita, portrait intime d’une impératrice », par l’abbé Cyrille Debris (p. 125-136) :

► « La mission Sixte : la tentative de paix de l’Empereur Charles Ier », par le Pr. Tamara Griesser-Pecar (p. 137-157) :

► « Les stratégies matrimoniales », par le Pr. Philippe Lavaux (p. 159-170) :

« Les Bourbons dans les Carnets du cardinal Baudrillart », par le père Augustin Pic (p. 171-188).

« Un Roi pour le XXIe siècle », par Philippe Pichot-Bravard (p. 189-196).

Consulter les articles de la session précédente :

Articles de la XVIIIe session (7 au 10 juillet 2011) : 1661, la prise de pouvoir par Louis XIV

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