[CEH] Henri IV et les dominicains, par le R. P. Augustin Pic
Henri IV et les dominicains
Par le Père Augustin Pic, o. p.
En 1589, soixante-dix docteurs de Sorbonne proclamèrent le délien des sujets du roi de France et appelèrent aux armes contre « Henri de Valois ». Réunis chez les dominicains du couvent Saint-Jacques (jacobins) le 31 juillet, les collèges de l’Université décrétèrent que les prêtres pouvaient combattre sans irrégularité. Le 1er août, ce fut le régicide du ligueur Jacques Clément1, dominicain au même couvent Saint-Jacques.
Reconnu par l’expirant Henri III, Henri de Navarre fit tout, du 1er août 1589 au 25 juillet 1593, pour se faire accepter du pape, des souverains, de la France même. La veille de la Toussaint 1590, les dominicains Dumont et Bourhoing, prieur de Saint-Jacques, sortirent avec d’autres pour le repousser alors qu’il tentait, depuis mai précédent, de prendre Paris. Le premier trouva la mort tandis que le second, sur demande de Louise de Vaudémont, comparut par-devant le Parlement séant alors à Tours, pour avoir excité Jacques Clément et s’en être vanté en sermon. Son désaveu du régicide n’ayant pas empêché un écrit qu’on lui attribuait sur la question de lui être fatal2, il subit la torture pour l’écartèlement. Malgré sa reconnaissance comme martyr par le chapitre général de 1592 à Venise3, l’infamie couvrit Saint-Jacques, regardé comme foyer des ligueurs, et de l’ordre même4, et la suppression menaça5. Pareille extrémité fut finalement évitée grâce au souvenir de plusieurs Bourbons ensevelis aux Jacobins et surtout grâce à l’abbesse de Fontevraut6, tante d’Henri par lui vénérée comme une seconde mère et prieure du monastère des Dominicains à Prouille7, qui s’entremit souvent8. La dénonciation en 1593 par le dominicain Séraphin Banchi9 d’une tentative de régicide renforça sans doute les bonnes dispositions d’Henri, lesquelles semblent n’avoir pas changé en 1599 et 1601, quand deux confrères du précédent voulurent attenter à ses jours10. Il nomma aussi le dominicain Michel Ferré, prédicateur de Charles IX et Henri III, « confesseur et prédicateur de sa maison »11. La situation resta néanmoins assez longtemps délicate pour l’ordre, jusque sous Louis XIII12, malgré le loyalisme des couvents de la stricte observance fondés par le père Michaëlis et une soumission de celui-ci au pouvoir royal qu’on juge aujourd’hui tout à fait excessive.
Le cas de Sébastien Michaëlis est intéressant13 ici, pour l’aide apportée par le souverain à la réforme qu’il avait en vue. Né en 1543 à Saint-Zacharie, aujourd’hui dans le Var, entré au noviciat réformé de Marseille, formé à la théologie à Toulouse, prieur à Marseille (1574), provincial d’Occitanie (1589)14, prieur de Toulouse (1599), de Saint-Maximin (1606), impliqué plus tard dans les célèbres procès et brûlement pour sorcellerie de l’abbé Louis Gaufridy (1572-1611)15, il introduisit la stricte observance dans la province dominicaine d’Occitanie (1594)16, fut vicaire général de la congrégation créée sous le même nom (1608), fondateur (1611) puis prieur (1616) du couvent de l’Annonciation à Paris17, lieu de sa mort (1618).
C’est précisément pour obtenir la stabilisation de sa réforme par l’érection d’une congrégation spéciale, que Michaëlis rencontra Henri IV. Le provincial d’Occitanie lui-même, alors Étienne Lemaire, inquisiteur pour Avignon et vicaire général de l’Ordre à Rome, y était favorable, ainsi que le maître de l’Ordre en personne18. Michaëlis avait fait faire à Clément VIII une demande de soutien, sans doute par le cardinal d’Ossat, celui du roi et de la reine étant assurés. D’Ossat19 avait écrit de Rome à Henri IV en juillet 1607 : « (…) Le Père général de l’Ordre de S. Dominique, espagnol, qui fut esleu la veille de la Pentecoste, escrit à Votre Majesté une lettre qui sera avec la présente. Il veut faire son Vicaire et Visiteur en France le Père Michaëlis soit obéi en ce qu’il ordonnera pour la discipline monastique, et pour le bien de tout l’Ordre, en quoy Votre Majesté fera aussi chose digne du nom de Roy très-Chrestien qu’elle porte (…) ».
Michaëlis fut présenté au roi en 1606 à Fontainebleau, par le père Coton (1564-1626), son confesseur jésuite, après le baptême du futur Louis XIII. Michaëlis ayant ignoré un splendide et célèbre lambris de la pièce où il attendait, Henri dit à Coton : « Voilà un grand saint ou un grand hypocrite. Comment ! Tout le monde s’extasie devant ce lambris qui, au dire des connaisseurs, est un des plus beaux et des plus riches qui soient, et ce religieux n’a même pas daigné y jeter un coup d’oeil, depuis si longtemps qu’il est dans cette salle ! » Puis : « C’est donc vous qui êtes le père Michaëlis ! En vérité, je me réjouis grandement de vous voir. J’ai appris quie vous êtes un religieux bon et savant : je vous faire prieur de mon couvent de Saint-Marie-Madeleine à Saint-Maximin20 ». Henri promit ensuite d’agir en cour de Rome pour faire ériger la réforme en congrégation. Le cardinal de Joyeuse, legatus a latere de Paul V au baptême du dauphin21 dont le pape était le parrain, ordonna aux ennemis de cette réforme de la laisser en paix22. La nomination royale de Michaëlis comme prieur de Saint-Maximin se fit contre trois candidats proposés par ailleurs et malgré l’opposition violente de la communauté, alors très relâchée. La volonté du roi fut inflexible. Arrivé fin juillet 1607 Michaëlis y soutint une action progressive et douce. De son côté, Henri voulait intégrer le couvent dans la Congrégation occitaine qu’il poussait en cour de Rome à fonder, conformément à ses promesses. Il le fit par les patentes du 22 juillet 1608, époque du chapitre de Rome où était Michaëlis. Défavorable à cette congrégation23, le nouveau maître de l’ordre24 accepta pourtant25, se mettant à couvert sous le pape et sous le roi26, tout à fait gagné aux vues de Michaëlis. La confirmation de l’érection se fit au chapitre général de Paris (1611).
Henri IV voulait un chapitre général dominicain dans sa capitale, comme le roi d’Espagne en avait obtenu un à Valladolid27. Celui de Rome l’accorda en 1608 pour 161128. Me Galamini, instruit, vertueux, observant, arriva à Paris le 12 janvier 1611, soit avec trois mois d’avance, chaudement recommandé à son insu par l’ambassadeur de France à Rome29. Il venait en simple équipage mais muni d’une bulle de Paul V30 l’habilitant à imposer la réforme de l’ordre de France. Les vingt-sept capitulaires et près de quatre cent cinquante Dominicains venus de partout furent pris en charge par la cour. Le séjour eut deux parties : des fêtes, splendides et prêchées par de grands noms, dont Michaëlis et Coeffeteau31, prieur de Saint-Jacques grâce à Henri IV, et des soutenances de thèses, par d’aussi grands noms, dont une, inspirée de Cajetan32 sur l’infaillibilité du pape et sa supériorité sur le concile, ce qui fit scandale dans le sanctuaire du gallicanisme qu’était la capitale. On traita aussi d’affaires internes à l’ordre, le projet de Michaëlis et la réforme du couvent Saint*Jacques surtout. Celle-ci échoua. En revanche eut lieu par Michaëlis la fondation du couvent de la rue Saint-Honoré, obtenue par Me Galamini du roi et de la régente33, sous direction de réformateur, nommé vicaire général de la Congrégation occitaine, dite aussi de Saint-Louis.
Ce trop bref et très sommaire aperçu montre quel intérêt prit Henri aux destinées de l’ordre des Prêcheurs en France. La chose ne s’explique pas seulement par l’admiration qu’il nourrissait pour la science et les vertus des fils de saint Dominique. Ni même par quelque aisance à entrer dans les questions doctrinales, qu’il manifesta lors des entretiens préparatoires à sa définitive abjuration, et qui devait lui faire goûter l’entretien avec les hommes du métier. Non plus par la fascination que Michaëlis exerça peut-être sur lui comme sur d’autres en raison d’un charme personnel indéniable34. Il faut la comprendre aussi généralement par un sentiment religieux réel (« il n’était point bigot mais véritablement pieux et chrétien », disait Hardouin de Péréfixe, évêque de Rodez puis archevêque de Paris35), et conséquemment par un désir profond de réforme religieuse. On sait sa réponse aux doléances de l’assemblée du clergé de 1598 sur la nomination aux évêchés et abbayes. Maintenant, au moins jusqu’à nouvel ordre, cette prérogative ancienne des rois, il promettait néanmoins de travailler à la réforme de l’Église, non sans rétorquer : « vous m’avez exhorté de mon devoir, je vous exhorte aussi du vôtre », invitant l’assemblée à prêcher d’exemple. Il savait en effet tout changement impossible sans un clergé, haut et bas, séculier et régulier, digne de ce nom. D’où ses sollicitations auprès de saint François de Sales qu’il voulait faire évêque en France d’une part36 et l’appui qu’il donna aux réformes régulières, celle des dominicains en particulier, de l’autre.
C’est à la réforme du père Michaëlis que l’ordre des Prêcheurs doit sa relative bonne tenue en France dans la première moitié du XVIIe siècle. Alors, en effet, que les quatre provinces (Toulouse, France, Provence, Occitanie) et une des deux congrégations (la congrégation gallicane), refusaient toute réforme, seule la congrégation de Saint-Louis avec dix-huit convents37 observants et fervents38, pouvait rivaliser avec le train de renouvellement à l’oeuvre dans les grands ordres anciens ou récents : chartreux, carmes, capucins, récollets, clercs réguliers, jésuites, oratoriens, etc.
Parmi ces hauts lieux, celui de l’Annonciation à Paris, rue Neuve Saint-Honoré, haï des pères de Saint-Jacques, fut le plus en vue, avec près de cent religieux, une église splendide39, une bibliothèque et des écoles de philosophie et de théologie renommées40, une dévotion et des confréries du Rosaire florissantes, enfin une direction spirituelle41 auprès de grands personnages des deux sexes, lesquels demandaient souvent la sépulture sur place42. Cette renaissance qui, sans infléchir la tendance générale à la décadence, fit retrouver à un ordre jusqu’alors disqualifié, un prestige réel et mérité, doit donc beaucoup à Henri IV. Avec la paix religieuse, ce prince réellement converti, la morale exceptée, entendait rendre à la France, par le concours de toutes les forces vives ou revivifiées, ce catholicisme auquel elle devait son existence et dont elle devait attendre, il n’en doutait pas plus que ses sujets épuisés par quatre décennies de chaos religieux, sa conservation et sa croissance.
Père Augustin Pic, o. p.
1 Jacques Clément (1567-1589). cf. P. Chevallier, Les Régicides. Clément, Ravaillac, Damiens, Paris, Fayard, 1989. N. Le Roux, Un régicide au nom de Dieu. L’assassinat d’Henri III, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006.
2 Discours véritable de l’étrange et subite mort d’Henri de Valois, advenue par permission divine, lui estant à Saint Clou, par un religieux de l’Ordre des Prescheurs (Edme Bougoing, prieur des Jacobins), Paris, 1589. Niant être à l’origine de l’acte, il mit en cause un père Chantebien, du couvent de Sens.
3 Eodem die captus fuit frater Edmundus Bourgoui sacrae theologiae doctor et prior conventus nostri parisiensis qui variis in carceribus diu detentus variisque affectus tormentis a quatuor tandem equis discerptus parienter et pro Dei amore mala omnia perferens illata ad coelum feliciter evolavit, dans Acta capitolorum generalium Ordinis Praedicatorum V, Rome, Propagande, 1901, p. 347. Le pape Sixte Quint aurait pareillement regardé Jacques Clément comme un martyr dans un éloge public en septembre de la même année, J. de Thou (1553-1617), Histoire universelle depuis 1543 jusques en 1607, La Haye, Scheurleer, 1740.
4 « Pour moi, je tiens la maison des Jacobins pour une mauvaise retraite à tout homme, soit moine ou autre (…) Qui est connu pour bon Français et affectionné au service du roi de France », Pierre de l’Estoile, Journal, avril 1604.
5 Son instruction du 1er octobre 1589 à Rome demande entre autres la condamnation des deux couvent, de Sens et de Paris, où avait vécu Jacques Clément. Mais ce point ne put être abordé avec Sixte Quint par son ambassadeur et écuyer Jacques de Montmorin. A la séance publique du 12 janvier 1594 à Mantes, elle demandera à Henri IV d’interdire le nom de « Jacobins », de réformer l’ordre, d’introduire à Paris et Sens d’autres religieux, consacrés à la prière pour Henri III, et d’obliger les autres couvents dominicains à un service solennel, une procession et un sermon expiatoires, et un serment de fidélité au roi tous les 1er août. Cf. G. Tranie, Louise de Lorraine (1533-1607), l’esprit et la lettre d’une reine de France. Mémoire de maîtrise d’histoire moderne (dir. D. Crouzet), IRCOM / Centre Roland Mousnier, université Paris-Sorbonne, 1999-2000 (on line : cour-de-France.fr). Sur l’idée d’une suppression et sur la situation de l’ordre après le régicide, cf. A. Mortier, Histoire des Maîtres généraux de l’Ordre des Frères Prêcheurs VI, Paris, Picard, 1913, p. 16 sq.
6 Eléonore de Bourbon (1532-1575-1611), fille de Charles IV de Bourbon et de Françoise d’Alençon. L’abbatiat de Fontevraut fut tenu par des princesses de Bourbons de 1491 à 1670.
7 Prieure de 1573 à 1597, sans l’habit ni la résidence par une procureuse. Claire de Bellisant. Elle assure uine réelle protection à la maison pendant les guerres de religion. Elle laissera la succession à une dévouée, Antoinette d’Ambre, cf. Histoire du monastère de Prouilles, Grenoble, impr. Baratier et Dardelet, 1898, p.141 sq. Ce monastère fut fondé par saint Dominique en 1206 pour des converties du catharisme et disparut à la Révolution. Il sera refondé en 1880.
8 C’est, par exemple, à titre de parenté du roi et pressée par les sœurs de Prouille qu’elle lui fit adresser supplique à Clément VIII d’étendre à tout l’ordre la permission du culte à sainte Agnès de Montepulciano (1268-1317) limité jusqu’alors au seul diocèse du même nom. La démarche royale fut rapide et efficace : un bref accorda la chose en mars 1601 et la béatification par Clément VIII suivit en 1608 (canonisation par le dominicain Benoît XIII en 1726).
9 Mort en 1622. Le régicide en puissant était Pierre Barrière, ou de la Barre, qui l’avait consulté sans se confesser. Il fut exécuté l’année même. Pour prouver qu’il n’avait pas violé le secret sacramentel, Banchi composa l’Apologie contre les Jugements téméraires de ceux qui ont pensé conserver la Religion Catholique en faisant assassiner les Très Chrétiens Rois de France, Paris, Mettayer, 1596, il fit de même dans l’épître dédicatoire de son ouvrage Le Rosaire perpétuel de la Vierge Marie, etc., Paris, Sevestre, 1610. On lui attribue Histoire prodigieuse du Parricide de Barrière, Paris, s. éd., 1594. Cf. Scriptores Ordinis Praedicatorum, Paris, Ballard et Simard, 1721, tome II p. 429-430.
10 Selon G. P. Philomenestre dans Amusements philologiques ou variétés en tous genres, Dijon, Lagier, 1842, 3e éd., p. 324.
11 Brevet du 10 janvier 1590.
12 Louis Chardon (1595-1651), La Croix de Jésus, où les plus belles vérités de la théologie mystique et de la grâce sanctifiante sont établies, Paris, Berthier, 1647 (on line). Edition Paris, Cerf, 1937, introd. p. 16-17 et A. Mortier, op. cit. p. 21.
13 Articles « Michaëlis », dans Catholicisme IX, 83-84 et Dictionnaire de Spiritualité X, 1165-1171. B. Montagnes, Sébastien Michaelis et la réforme d’Occitanie (1594-1647), Rome, Institut historique dominicain, 1984. « Sébastien Michaëlis et les débuts de la Congrégation Occitaine réformée 1608-1616 », dans Les Dominicains en France et leurs réformes, Mémoire dominicaine, n. spécial III, Paris, 2001, p3-91-129. N. Maillard, Droit, réforme et organisation nationale d’un ordre religieux en France : le cas de l’Ordre des Frères Prêcheurs (1629-1660), thèse doctorale de droit et sciences politiques, Université des sciences sociales de Toulouse I, 2005 (on line), p.587 sq.
14 Province créée en 1569.
15 J. Loredan, Un grand procès de sorcellerie au XVIIe siècle : l’abbé Gaufridy (1572-1611) et Madaleine de Demandoix (1600-1670), Paris, Perrin, 1912 (on line). Michaëlis y eut part à titre d’inquisiteur d’Avignon. Le discernement semble n’avoir pas été en cette occasion sa qualité majeure.
16 Il s’agissait de la congrégation dominicaine dite de France, érigée en province d’Occitanie au chapitre général de Rome en 1569. Elle avait ses territoires à la fois sur la province de Toulouse et sur celle de Provence.
17 Siège, pendant la Révolution, du club appelé pour cette raison « des Jacobins ».
18 Jérôme Xavierre (1601-1607), cf. Mortier, p. 52-121.
19 Arnaud d’Ossat (1537-1604), berger devenu précepteur chez un bienfaiteur noble et son protégé, étudia à Paris et devint secrétaire de Paul de Foix, évêque de Toulouse. Ambassadeur à Rome (1584), il négocia lm’absolution d’Henri IV, la ratification de l’édit de Nantes et l’annulation du mariage avec Marguerite de Valois. Evêque de Rennes puis de Bayeux et cardinal. Ses 260 Lettres au Roy Henri le Grand et à Monsieur de Villeroy. Depuis l’année MDXCIV jusques à l’année MDCIII, Paris, Bouillerot, 1624, présentées chronologiquement, sont précieuses pour l’histoire des relations franco-romaines, de la pacification religieuse et de la Réforme catholique. Elles demeurent un classique de la diplomatie. A. Degret, Le cardinal d’Ossat, évêque de Rennes et de Bayeux (1537-1604), sa vie, ses négociations à Rome, Paris, 1894.
20 Le couvent royal dominicain Saint-Maximin fut commencé avec la basilique au XIIIe siècle. Sécularisé à la Révolution et racheté au XIXe siècle par le père Lacordaire, restaurateur de l’ordre des Prêcheurs en France, il est aujourd’hui converti en hôtel…
21 Futur Louis XIII.
22 Spécialement Joseph Bourguignon, du couvent de Toulouse, protégé et serviteur d’Eléonore de Bourbon et par elle proche du roi, provincial d’Occitanie en 1602, défavorable à la réforme de Michaélis. Sur leurs différends, cf. Mortier, op. cit., p. 100-121.
23 La création d’une congrégation particulière dans une province dominicaine en menaçait toujours plus ou moins l’unité et au-delà celle de l’ordre même. Dans les faits, contrairement aux franciscains, aucune congrégation de stricte observance ne produisit d’éclatement.
24 Augustin Galamini (1552-1608-1612), cf. Mortier, p. 122-189.
25 Patente du 22 septembre 1608.
26 L’élection de Me Xavierre (1601-1607) marque ou accuse un tournant : les élections aux généralats religieux deviennent politiques, décidées entre souverains et entre souverains et papes. Les généraux d’ordres seront moins indépendants dans l’exercice de leur minsitère.
27 En 1605 sous Philippe III (1578-1598-1621) Michaélis et Bourguignon s’yb étaient combattus au sujet de la réforme.
28 Le chapitre général est encore aujourd’hui célébré tous les trois ans. Sur celui de 1611: Description des choses les plus remarquables qui se sont passées en l’assemblée du chapitre général des Frères Prêcheurs en leur couvent de Päris, le 20 du mois de mai 1611, Paris, Rollin Thierry, 1611. Ler dernier chapitre général parisien remontait à 1343.
29 François Savary de Brèves (1560-1628), ambassadeur à Rome (1608-1614). Connu comme diplomate et comme orientaliste.
30 Cum sicut, du 28 septembre 1610, dans Bullarium Ordinis Praedicatorum, Rome, Mainard, 1733, tome V, p. 679-681. Paul V, né Borghèse, était dévoué à la France et favorable à l’effort royal de redressement ecclésiastique. C’est un effet de la politique romaine d’Henri, élaborée à partir 1595 (sans laquelle la tenue du chapitre à Paris eût été impossible à obtenir) cf. B. Barbiche, « L’influence française à la cour pontificale sous le règne de Henri IV » dans Mélanges d’archéologie et d’histoire 77 (1965), p. 277-299 (on line).
31 Nicolas Coeffeteau (1574-1623). Prieur de Saint-Jacques grâce à Henri. Plutôt opposé à la réforme de Michaëlis. Le roi voulait en faire un maître de l’ordre.
32 Thomas de Vio, dit Cajetan (1469-1534). Dominicain, maître de l’ordre, évêque de Gaète et cardinal, commentateur de la Somme de saint Thomas, échoue comme légat en Allemagne à réconcilier Luther. Théologien de la stricte primauté ecclésiologique et juridictionnelle du pape.
33 Par les patentes de septembre 1611, suivies de celles de Gondy en avril 1612 et enregistrées en Parlement, malgré l’opposition des pères de Saint-Jacques, en mars 1613.
34 Louis Chardon, op. cit., introduction p.15 Des manières cassantes le signalèrent néanmoins, qui servirent d’argument contre lui.
35 Dans Histoire du roi Henri le Grand, Amsterdam, Elzévier, 1661 (on line) et réédition Nîmes, Lacour, 2005. C’était aussi l’avis du pèr Coton. Les accusations d’hypocrisie, du temps et d’aujourd’hui, méconnaissent la complexité des rapports qu’entretinrent en lui l’intérêt du royaume et les exigences de sa conscience, sans oublier l’influence du désordre de ses mœurs. Hardouin de Beaumont Péréfixe (1606-1671), évêque de Rodez (1649) puis archevêque de Paris (1662).
36 Pour aperçu sur Henri IV et saint François de Sales, cf. E.-M. Lajeunie, Saint François de Sales et l’esprit salésien, Paris, Seuil, cloo. « Maîtres spirituels », 1962.
37 Toulouse, Saint-Maximin, Paris-Annonciation, Bordeaux, Avignon, Montpellier, Clermont-L’Héraut, Valence, Bézier, Albi, Limoges, Nîmes, Castres, Montauban, La Rochelle, Mesnil-Grenier, Tulle et Blainville.
38 Cf. Mortier, op. cit. p.320 sq avec description suggestive des mœurs conventuelles non réformées… Sur la Congrégation occitaine ou de Saint-Louis, cf. L. Chardon, La Croix de Jésus, introd., p. 18-20.
39 Les cendres du peintre Mignard y furent déposées.
40 La bibliothèque fut l’une des premières de la capitale. Louis XIII voulut qu’on l’appelât ‘Bibliothèque du Dauphin ». Quant aux théologiens, ils gardèrent à leur pensée et à leurs travaux la structure scolastique et thomiste mais tendaient, en intégrant le savoir et les conceptions des modernes, à une synthèse de la doctrine traditionnelle et de l’humanisme, qui les mettait paradoxalement en meilleure prise avec leur temps que les non*réformés de Saint-Jacques et d’ailleurs. A cet égard, on notera que Thomas Campanella (1568-1639), auteur de La Cité du Soleil plusieurs fois condamné pour hérésie, vint finir sa vie à l’Annonciation (cf. J. Delumeau, Le Mystère Campanella, Paris, Fayard, 2008). Les mystiques, aussi théologiens, restèrent pareillement scolastiques mais avec souplesse, entre autres Louis Chardon, auteur de La Croix de Jésus précitée et des Méditations sur la Passion de nostre Seigneur Jésus-Christ pour tous les jours de l’année, Paris, Josse, 1665 (on line). Certains passages du célèbre sermon de Bossuet sur la Passion semblent s’inspirer de ce second ouvrage.
41 Par exemple, le P. Georges Laugier (mort en 1638), qui succéda à Michaëlis comme prieur en 1618, fut un grand spirituel, que saint François de Sales appelait christianae simplicitatis virum ; l’homme de la simplicité chrétienne, M. Gasnier, Les Dominicains de Saint-Honoré. Histoire et préhistoire du club des Jaconbins, Paris, Cerf, 1947, p.43.
42 Les Gondy en particulier. Les débuts de ce couvent furent néanmoins matériellement et numériquement modestes. Sur son histoire jusqu’à la Révolution, M. Gasnier, op .cit.