Fleurs, luminaires, encens : sermon sur la signification des objets liturgiques
Dimanche dernier, je vous parlais de l’autel et de sa signification liturgique. L’autel représente Notre-Seigneur Jésus-Christ. Comme c’est sur l’autel qu’on offre le sacrifice à Dieu, ainsi Dieu le Fils se sert du corps et de l’âme humaines de Jésus Christ comme d’un autel pour s’offrir en sacrifice à Dieu le Père. Comme l’autel est le lieu sacré où les hommes entrent en contact avec Dieu, ainsi Jésus Christ est l’unique Médiateur qui unit Dieu et les hommes. Comme l’autel est le lieu où les hommes offrent leur sacrifice à Dieu, ainsi c’est par, avec et en Jésus Christ que nous offrons toutes choses à Dieu. Je vous disais aussi que c’est parce que l’autel représente Jésus Christ qu’il doit être de pierre, qu’il est recouvert de 3 nappes, qu’il est orné, que le prêtre le baise, l’encense et le touche pendant la Messe.
Notre-Seigneur Jésus-Christ est le centre de toute la création. Tout converge vers Lui dans le monde et dans l’Église. Tout, dans la liturgie représente ou ramène à Jésus Christ. Je voudrais continuer aujourd’hui à vous montrer cette réalité en parlant du sens symbolique des fleurs, les luminaires et l’encens.
La signification des fleurs
D’abord quelques mots sur les fleurs. Nous mettons des fleurs sur l’autel, sauf en temps de pénitence ou de deuil. La première raison, c’est simplement de décorer l’autel. L’autel représente Jésus Christ ; tout ce qui rend l’autel beau sert à signifier la beauté et la gloire de Jésus ; les fleurs jouent ce rôle merveilleusement bien. Rappelez-vous ce que Notre-Seigneur Jésus disait de la beauté des lys : « Considérez les lys… Je vous le dis, Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas vêtu comme l’un d’eux » (Lc 12 ;27).
Il y a une deuxième raison de mettre des fleurs sur l’autel : c’est de symboliser le Ciel. En effet, quand Dieu créa Adam et Ève, Il les mit un jardin de bonheur appelé le « Paradis terrestre ». Par analogie, nous appelons le Ciel, lieu de bonheur éternel, le « Paradis » ou le jardin du Ciel. Or ce qui fait la caractéristique d’un jardin, ce sont les fleurs. Les fleurs sur l’autel symbolisent donc le Paradis, c’est-à-dire le Ciel où se trouve Jésus et où Jésus nous conduit. C’est pour la même raison, que les catholiques aiment à orner leurs cimetières de fleurs : c’est une façon de manifester leur espérance dans la vie et le bonheur du Ciel.
La signification des luminaires
Parlons maintenant des luminaires de l’autel : les cierges et la veilleuse, cette petite lampe qui indique la présence de la Sainte Eucharistie dans le tabernacle.
La présence des cierges dans la célébration de la Messe, rappelle le temps des catacombes. Quand les chrétiens devaient se cacher dans les cimetières souterrains de Rome, ils s’éclairaient avec des torches et des bougies pour pouvoir célébrer la Messe, mais bien sûr les cierges ne sont pas qu’un simple souvenir du passé. Ils ont une signification symbolique. Les luminaires, comme l’autel, représentent Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, Jésus a dit : « Je suis la Lumière du monde » (Jn 9 ;5) et aussi : « Je suis venu jeter le feu sur la terre, et quel est Mon désir, sinon qu’il s’allume ? » (Lc 12 ;49). La flamme qui éclaire et qui chauffe représente la divinité de Jésus. Dans l’Ancien Testament, Dieu s’est manifesté plusieurs fois sous la forme du feu : par exemple, à Moïse dans le Buisson ardent, ou aux Hébreux pendant l’Exode dans la colonne de feu qui les guidait. Comme le feu est immatériel, éclaire et réchauffe, ainsi Dieu est un pur Esprit, Il éclaire nos intelligences par la vérité et échauffe nos cœurs par la charité. La cire blanche qui porte la flamme représente l’humanité très pure de Notre-Seigneur. Il est intéressant de noter qu’au Moyen-Âge, on donnait à la Sainte Vierge ce joli nom : l’Abeille Mystique. Comme l’abeille vit au milieu des fleurs et se nourrit de leur nectar, ainsi la Sainte Vierge vivait à Nazareth, nom qui signifie « fleur », et se nourrissait de la parole de Dieu ; comme l’abeille produit la cire, ainsi la Sainte Vierge a conçu le corps très pur de Notre-Seigneur Jésus ; comme l’abeille produit le miel, ainsi Notre-Dame nous a donné Jésus doux et miséricordieux.
Parlons maintenant de la veilleuse, cette petite lampe rouge qui indique la présence de Jésus dans le tabernacle. Traditionnellement, cette veilleuse est alimentée par de l’huile d’olive. Cette huile représente aussi Notre-Seigneur Jésus. Saint Bernard l’explique ainsi : « L’huile éclaire, nourrit et fortifie, or Jésus n’est-il pas dans l’Évangile Lumière pour nos esprits ; dans l’Eucharistie, nourriture pour nos âmes ; dans ses grâces, remède pour nos cœurs ? ». D’autre part, comme l’huile qui éclaire, nourrit et fortifie est faite à partir d’olives concassées et pressées, ainsi Notre-Seigneur Jésus est devenu notre lumière, notre nourriture et notre force en étant brisé par la Passion.
Si maintenant nous considérons le nombre de luminaires, nous voyons qu’il y en a 7 au maximum : 6 cierges et la veilleuse. Qu’est-ce que cela signifie ? Dans sa vision de l’Apocalypse, Saint Jean vit 7 chandeliers d’or, et il en reçut l’explication : « Les sept chandeliers sont les sept Églises » (Apoc 1 ;20). À travers les 7 luminaires de l’autel, l’Église symbolise donc la présence de tous les peuples qui croient en Notre-Seigneur Jésus.
Enfin, considérons la signification des 2 cierges qu’on allume pendant les Messe basses. Le pape Innocent III dit expressément que ces deux cierges signifient le peuple juif et l’ensemble des Gentils, l’Ancien et le Nouveau Testament. Entre les cierges se trouve le Crucifix. Cela signifie que Jésus unit les Juifs et les Gentils qui croient en Lui ; que Jésus et son œuvre de Rédemption sont le centre de l’Ancien et du Nouveau Testament.
La signification de l’encens
Parlons enfin de la signification de l’encens. La fumée parfumée de l’encens qui monte vers le ciel symbolise la prière de l’homme vers Dieu, prière d’adoration, d’action de grâces, de pardon et de pétition. On ne brûle l’encens que pour Dieu car toute prière s’adresse ultimement à Dieu qui est la source de tous biens. Quand nous prions la Sainte Vierge et les Saints, nous les prions comme intercesseurs établis par Dieu entre Lui et nous et c’est donc Dieu au final que nous honorons par leur intermédiaire. Ainsi par exemple, quand Sainte Élisabeth loua la Sainte Vierge le jour de la Visitation, tout-de-suite Notre-Dame renvoya toutes louanges à Dieu par son Magnificat.
Pendant la Messe, les encensements s’adressent à Notre Seigneur Jésus qui est Dieu. L’autel est encensé car il représente Notre-Seigneur Jésus. L’Évangile est encensé car c’est la parole de Jésus-Christ. Le prêtre est encensé car il est le ministre de Jésus Prêtre. Les servants de Messe et les fidèles sont encensés car ils sont incorporés à Jésus-Christ par le Baptême et la Sainte Eucharistie.
Selon les Pères, l’encensoir même représente Notre-Seigneur Jésus. L’encensoir percé de trous représente Jésus percé des clous et déchiré par les coups pendant sa Passion ; le feu dans l’encensoir représente sa Divinité comme on a déjà expliqué ; la fumée de l’encens représente la prière de Jésus à son Père, surtout pendant sa Passion. La fumée de l’encens qui s’élève de l’encensoir forme comme un tout petit nuage, et ce petit nuage rappelle un évènement dans la vie du Prophète Élie. À cette époque, le pays d’Israël était dévasté par une longue sécheresse en punition des péchés des hommes. Élie convoqua les prêtres de l’idole Baal sur le Mont Carmel et prouva devant le peuple la fausseté de leur religion. Tous ces faux prêtres furent tués en punition de leurs mensonges. Ceci étant fait, Élie pria Dieu d’envoyer la pluie. Alors un petit nuage gros comme la paume de la main se leva de la mer, et en peu de temps ce petit nuage grossit jusqu’à couvrir le ciel et une pluie abondante arrosa tout le pays. C’est une image de ce qui se passe à la Messe. Le petit nuage de l’encens, c’est-à-dire la prière du Christ, monte de l’autel vers Dieu, et en retour Dieu répand une grande abondance de grâces sur le monde entier.
Conclusion
Chers Amis, en conclusion je voudrais simplement vous rappeler ceci : si nous défendons la liturgie traditionnelle de la Messe, ce n’est pas par nostalgie du passé, mais parce que cette liturgie exprime bien notre Foi et que, à travers elle, nous nourrissons efficacement notre Foi. Toutes choses que la liturgie nouvelle de la Messe ne fait pas. Amen.
Un prêtre missionnaire au Japon