Tuer avant de naître et naître pour mourir ?, par Paul-Raymond du Lac
« En vérité, Je vous le dis, à moins que vous ne vous convertissiez, et que vous ne deveniez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme cet enfant, sera le plus grand dans le royaume des Cieux.
Et quiconque reçoit en Mon nom un enfant comme celui-ci, Me reçoit Moi-même.
Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en Moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendit à son cou une de ces meules qu’un âne tourne, et qu’on le plongeât au fond de la mer. » (Matthieu, 18,6)
« Mais les princes des prêtres et les scribes, voyant les merveilles qu’Il avait faites, et les enfants qui criaient dans le temple, et qui disaient : Hosanna au Fils de David ! S’indignèrent, et ils Lui dirent : Entendez-vous ce qu’ils disent ? Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lu cette parole : De la bouche des enfants, et de ceux qui sont à la mamelle, Vous avez tirez une louange parfaite ? » (Matthieu, 21,15-16)
Le monde contemporain tue les enfants dans le ventre de leur mère de façon industrielle, et sans sourciller. Les restes de chrétienté ici et là tentent de résister, en continuant de crier que la vie à naître est une vie à part entière, qu’il faut donc protéger, se souvenant un peu des paroles de l’évangile, si menaçante contre ceux qui s’en prennent aux enfants, et si louangeuses sur leur simplicité.
Le catholique libéral va invoquer, à tort, la dignité de la vie humaine : il oublie de dire que la seule raison valable pour laquelle un catholique se bouge sur ce sujet c’est que chaque enfant non baptisé tué va dans l’enfer – et la partie de l’enfer qui s’appelle les limbes, selon l’avis constant des théologiens, où l’on est protégé de la compagnie des démons et des damnés ayant péché positivement, tout en jouissant d’un certain « bonheur naturel », qui reste d’une torture affreuse du fait du manque de Dieu pour qui chaque âme est faite, ressenti au plus haut point et tout le temps.
La stratégie des « pro-vies », qui veulent faire appel à la loi naturelle pour protéger les bébés à naître, est ainsi profondément erronée : protéger la vie innocente est certes de droit naturel, mais hors chrétienté on l’applique pas, en particulier avec les faibles, et encore plus avec les bébés, être si faciles à supprimer et à oublier. Le païen moderne qui a un peu de bon sens dira peut-être – et encore – « oui, ce n’est pas bien de tuer un bébé dans le ventre de sa mère », mais il ne fera rien, il n’ira pas plus loin, et pratiquera peut-être lui-même l’avortement sans vergogne – car quand il s’agit d’un héritage, d’un cas de société pouvant nuire à son image (jeune fille enceinte d’une relation interdite, adultère, autre), tout d’un coup les consciences se relâchent rapidement et on choisit rapidement la mort plutôt que la honte sociale ou la perte de son confort.
Non, la seule raison sérieuse pour laquelle en pratique les chrétiens peuvent agir positivement pour les enfants à naître c’est la nécessité de laisser une chance de salut à ces bébés : les tuer c’est leur assurer de l’enfer, ce qui est insupportable pour toute personne qui a la Foi.
Vous me direz que je suis un peu sec de rejeter en bloc la dignité de la vie du bébé à naître. Et pourtant… Nous savons bien que ce bébé porte le péché originel, et que, comme tout un chacun de nous, nous ne méritons pas de vivre, et que nous mériterions même d’être déjà en enfer, si la Miséricorde divine n’avait pas retenu son bras et laissé à Adam et Êve une seconde chance, par le combat sur cette terre, et en nous envoyant son Fils pour racheter une faute impossible à racheter en tant qu’homme, avec sa bonne Mère immaculée pour écraser le démon.
Dans toute erreur il y a une part de vérité. Nous nous rendons compte qu’en dehors de la position catholique, le monde tombe dans deux extrêmes concernant les bébés et les enfants en bas âge, voire les fœtus. Soit on les considère comme des saletés et des objets sans âme dont on peut disposer à loisir – et cela conduit à l’avortement tout azimut -, soit à considérer l’enfant comme un être pur, sans péchés, ni surtout l’originel, une sorte d’ange incarné – commettant sans y prendre garde l’erreur du rousseauisme de la bonté de la nature.
Pourquoi ces deux erreurs sont-elles commises ? Comme toute erreur, elles partent d’une réalité, qu’elles exagèrent au point d’oublier un autre pan de la réalité.
La seconde erreur est la plus facile à comprendre, et certainement la plus universelle : notre nature est faite de telle sorte que tout en nous, et encore plus chez la mère, est tourné pour la protection du bébé, c’est notre nature politique : nous avons été nous aussi une jour bébé comme cela, il est normal de rendre la pareille, il faut bien continuer l’espèce et les bébés sont notre avenir, et visiblement, cet être faible est bien plus innocent que n’importe quel adulte… Il suffit d’un pas pour conclure à la pureté absolue du bébé, sans péché, en commettant par un excès de bonnes intentions un certain angélisme, voire un humanisme qui croit l’homme au-dessus de ce qu’il est. On retrouve aussi dans cet erreur la fascination légitime de la maternité, commise souvent par des femmes qui « absolutisent » la maternité, l’allaitement et tout ce qui tourne autour du bébé. Pour elles, c’est un calvaire de voir l’enfant grandir, et devenir peu à peu le petit monstre que nous autres adultes sommes… Il faut tout faire pour retarder l’échéance, empêcher l’enfant de grandir, ne rien lui interdire et le rendre esclave des liens passionnels et tendres avec sa mère qui l’étouffent, … L’homme est cruellement absent pour le malheur de toute la famille dans une sorte de féminisme réactionnaire…
La fascination de la maternité est légitime : ici nous pouvons sentir la main de Dieu et de sa Providence travaillant au jour le jour sans que nous n’y pouvions rien. Nous touchons du doigt notre rôle de procréateur, participant ainsi, de façon bien secondaire et anodine, à l’œuvre de Création divine – mais Dieu a décidé qu’il ne créerait pas de nouvelle âme sans notre consentement ! Il suffit d’un pas pour que l’homme orgueilleux s’approprie cette maternité et cette procréation, qui sont divins par excellence, pour en faire un attribut humain : l’homme ici s’arroge en propre ce qui ne vient pourtant pas de lui, il se divinise et commet encore une erreur.
Retenons en tout cas que la maternité comme le bébé témoignent de la perfection de la création divine et de sa providence, et nous rappellent une certaine innocence originelle, en comparaison de ce que nous montre le vaste monde des « grandes personnes ».
La première erreur pourtant se comprend aussi bien. Derrière la tendance « d’idéalisation » de la maternité et des bébés, très vite tout tombe. La maternité d’abord est marqué du sceau du châtiment divin : incertitude, souffrance, sang et liquides, combat, cris. Même quand tout se passe bien, n’importe qui peut sentir que quelque chose ne tourne pas rond. Cela ne devrait pas se passer comme cela ! D’où l’excès de vouloir effacer cette situation et recréer artificiellement un pseudo-paradis terrestre : péridural pour supprimer la douleur, malgré toutes les complications que ce poison créé par la multiplication des accouchements difficiles, l’encouragement à ne plus se battre virilement pour son enfant, les dangers de ces drogues et les conséquences avec des récupérations difficiles post-partum et le démarrage compliqué de l’allaitement. Il y a encore la superstition du tout médical qui veut faire croire que l’homme contrôle tout le processus, par des visites médicales répétées, des tests en bataille – pour supprimer au passage tout bébé « déviant » -, les déclenchements des accouchements et les césariennes de confort – créant moult problèmes, et réduisant la fécondité – qui veulent faire croire à une maîtrise là où visiblement nous ne maîtrisons vraiment rien…
Pour le catholique, nous ne sommes pas étonnés de cette souffrance et de ces difficultés, nous savons que tout cela est une punition de la femme – et de l’homme, qui, impuissant, ne peut que regarder sa moitié souffrir et parfois mourir sans pouvoir rien faire, lui qui est fait pour faire et protéger. Il faut croire que le péché originel n’était pas si peu grave qu’on veut bien nous le faire croire, vue l’ampleur de la punition.
L’idéalisation de l’enfance ensuite ne tient pas longtemps : dès que le bébé commence à s’éveiller, il démontre tout de suite une volonté propre affligeante, cette volonté propre oubliant Dieu et qui met son ego au centre. Et quelque soit l’environnement, il démontrera toujours de plus en plus des mauvaises tendances, que ce soit la gourmandise, la paresse, le mensonge, la colère… Le petit ange n’est vraiment pas si parfait que l’on pensait, et qu’est-ce qu’il peut faire souffrir ses parents ! Les attentes déçues de ces parents naïfs ne croyant pas à la foi catholique a de grandes conséquences, dont la pire est peut-être l’endurcissement des cœurs (qui peut aller tout à fait de pair avec une mièvrerie sentimentale et une tendresse charnelle excessive), qui conduit peu à peu à considérer ce monstre d’enfant comme un objet dont on peut disposer à loisir, par l’avortement, ou par le dressage – ou pire aujourd’hui par l’abandon de facto via le divorce, l’école, etc. Oui, cette seconde erreur se rend compte avec l’enfant qu’il y a quelque chose de sale dans notre existence qui ne tourne pas rond – c’est le péché.
Pire : celui qui est de bonne volonté et réfléchissant un peu, ne peut pas ne pas se rendre compte que le bébé qui naît est fait pour mourir un jour. Les femmes accouchent déjà sur une tombe ! La seule certitude pour cet enfant qui naît c’est qu’il mourra, et qu’il souffrira toute sa vie… Bref, dans tout cela, malgré les joies de la naissance, il y aussi une grande tristesse et quelque chose de « sale ».
C’est pourquoi la naissance, la maternité a toujours été entourés dans toutes les civilisations par des considérations sacrées. Les hommes, même sans la Révélation, sentaient bien qu’il se passe quelque chose de grand (la procréation, la providence, la maternité, l’enfant pur) et en même temps quelque chose de terrible (la saleté, la souffrance – qui explique l’impureté rituelle-, toutes les souffrances à venir, la mort et le mal que fera l’enfant).
Ces deux erreurs extrêmes partent tout deux d’un constat exact sur notre réalité humaine : la première constate les conséquences du péché originel, sans vouloir croire, ou sans connaître ce péché originel. La seconde constate notre nature humaine créée par Dieu et le plan de Dieu sur nous.
Seule la Foi catholique explique notre situation, et pour cause puisque c’est Dieu qui nous la révèle !
C’est pourquoi, en tant que catholique, qui savons tout cela, nous ne tombons ni dans l’une ou l’autre de ces erreurs.
Le catholique est remplis de joie d’avoir été béni par Dieu d’avoir pu participer à son œuvre, et d’être doté de cet enfant, confié par Dieu pour qu’il le ramène à lui. IL sait en même temps que son rôle est de préparer cette petite âme, d’abord par un baptême le plus immédiat possible, à se battre pour gagner son ciel, et que ce ne sera pas une promenade de santé. Mais sachant tout cela, et avec la bonne main de Dieu, le chemin n’est pas non plus si difficile : ce serait comme aller en montagne avec une bonne préparation, des secours en stand-by, un superbe équipement.
Ceux qui commettent la seconde erreur sont ceux qui vont en montagne pour escalader les plus grands sommets nues et sans équipements. Ceux qui commettent la première erreur seraient ceux qui préfèrent se suicider au pied de la montagne devant la taille impressionnante ce la tâche. Dans les deux cas Dieu est oublié,e t notre condition objective aussi.
Alors revenons à la foi catholique intégrale, seule porte de salut pour nos familles, qui sont le fondement de la société politique, et le premier royaume de Dieu sur terre – ou le premier enfer terrestre quand on expulse Dieu…
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac