Terroriste islamisé ou terrorisé covidien ?, par Paul de Beaulias
Je montai tantôt dans un train de banlieue, sans soucis, en fin pas plus que d’habitudes. Le train roule, les gens montent, et il se remplit plutôt, mais sans que cela soit non plus excessif. Mon esprit vaque de pensée en pensée, et je ne fais pas bien attention à mon environnement immédiat. Tout est plutôt silencieux et tranquille, malgré le brouhaha incessant des annonces, des bruits ferroviaires et de la montée et de la descente des gens – bruit de fond auquel on ne fait plus attention, avec l’habitude.
Je suis dans ce train avec ma famille un peu nombreuse, médiocrement nombreuse -comparé au record russe de l’époque de la comtesse de Ségur qui s’élevait à 21 enfants. Enfin cela remplit plutôt bien le wagon où je me trouve, mais tout le monde est calme.
Et puis je croise un regard. Un regard haineux et terrifiant. Le regard de celui qui voudrait vous tuer. Il foudroie. Je détache un instant mes yeux de ce regard pour saisir l’ensemble du visage – sans succès… car le visage est enturbanné, et seule une fine fente laisse ce regard agressif paraître. Tout le reste du visage, et, je me rends compte, après avoir brièvement jaugé l’ensemble : tout le corps est ficelé et enturbanné.
L’esprit, toujours vif et parfois incontrôlable, suscite l’image potentiel de l’islamiste de base qui va passer à l’action – quoique, me disé-je aussitôt, le mode d’action serait stupide, trop voyant, et pas discret.
Surtout qu’étant au Japon sans expérience de la sorte, et encore préservé de ce genre d’attentats suicides, cela serait ridicule et contre-productif.
Le regard, de plus, est bridé : un japonais, sans aucun doute.
Je tourne à nouveau mes yeux vers son regard, et je reconnais alors une haine naissant de la terreur : le terroriste islamiste n’était en fait qu’un terrorisé du Covid ou d’une quelconque maladie…
Je reconsidère le gars : il se couvre de façon typique de l’hypocondriaque maladif.
Pourquoi ce regard haineux en temps post-covidien ? Certainement que la présence de près d’une dizaine d’étrangers, sans masques, dans une période estivale où les rhumes se baladent, et où les hypocondriaques qui regrettent que la période covidienne se soit terminée doivent suivre avec attention toute nouvelle anxiogène sur le sujet. Ces informations, quoique en second plan, n’ont pas disparu de la surface de la planète médiatique.
Il doit nous détester par terreur…
J’imagine que l’enseignement surnaturel de cette anecdote serait le suivant : la vue du chrétien pratiquant, cultivant la vertu, aussi médiocrement cela soit-il, et disant les vérités tranquillement en distinguant le bien et le mal, doit terroriser la païen ou le mécréant, pire l’apostat ou le mauvais chrétien, qui, par comparaison, ne peut pas ne pas se rendre compte de l’état dans lequel il est. Au lieu d’avoir la réaction salutaire de vouloir se convertir et se sortir de la fange – heureusement que certains l’ont, en fonction aussi du degré de détresse – la terreur se mue en haine. Elle veut effacer du champ de vision cette existence, qui ne fait rien d’autre qu’une vie chrétienne, pour ne pas voir ce que l’on ne peut pas voir…
Même les éléments les plus insignifiants de notre vie quotidienne sont des petites choses, données par la Providence pour notre progrès spirituel et notre édification.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias