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Délit de faciès., par Paul de Beaulias

En France nous sommes gentils.

Certains gauchos et d’autres reprochent aux français, et aux policiers, de faire des délits de faciès contre noirs, arabes et autres.

D’aucuns « nationalistes » de mauvais aloi, comme par mimétisme inversé, faisant une révolution contraire, en projetant des accusations que les wokistes ou autres leurs font sur d’autres, pourraient en venir à faire une fixette haineuse sur certaines immigrations qu’ils ne connaissent que par leur lie, de ces délinquants et criminels qui font de la drogue, qui volent, qui tuent.

Quoi qu’il en soit, le délit de faciès et tout de même très désagréable.

Votre serviteur l’a vécu encore dans sa chair tout récemment.

Je suis blanc français et il se trouve que je participe à l’organisation de la marche pour la vie au Japon.

Je vais donc faire une demande à la police afin de pouvoir utiliser la route pour manifester, et fixer avec eux le trajet et une escorte de la manifestation. J’imagine qu’il est plus que très rare qu’un étranger fasse ce genre de demande. Du moins, ils ne m’ont jamais demandé ma carte d’identité, et il se pourrait tout autant que je sois japonais naturalisé – ce qui n’est pas le cas, mais ce qui pourrait être plus que probable vue mes fréquentations, que la police ne peut pas ne pas connaître, dans la droite de la droite japonaise.

La police, comme dans tout pays, a une culture de violence, et une certaine impunité, de se savoir la main armée de l’État. Ici la violence reste morale plus que physique, et disons-le, mes interlocuteurs plus élevés dans la hiérarchie étaient au contraire très courtois et très intéressés et intéressants. Mais en descendant dans la hiérarchie, ils sont bien plus désagréables, se croyant tout permis parc que policiers dans l’idée suivante : après tout le policier, représentant l’État, est celui qui fait ce qu’il veut car il a le blanc-seing de l’État ! Il est connu qu’après un coup de force, comme pendant la révolution de Meiji, la police était la police des clans vainqueurs pour soumettre les clans perdants, à l’ordre nouveau décrété par le nouveau gouvernement – et peu importe si cet ordre est juste ou non.

De la même façon la police en France est le bras armé de la République : et comme la République ne peut faire qu’une politique mortifère et anti-française, la police devient de facto un ennemi de la France (nous l’avons bien vu pendant la manif pour tous, les gilets jaunes et autre), ce qui n’est pas le cas au Japon par exemple, puisque la police, qui ne réfléchit pas plus que chez nous, et obéit aveuglément, peut potentiellement obéir, certes aveuglément, mais à un gouvernement qui serait juste… Ce qui, en République, n’est pas possible, mais ce qui au Japon pourrait arriver, dans une certaine mesure.

Enfin je fais les démarches et je vais enfin chercher au poste le certificat d’autorisation du « comité de salut public » (oui, oui, on voit d’où les institutions sont inspirées, ici on veut parler d’ordre public comme on dirait aujourd’hui, mais en japonais on utilise le même terme pour désigner le comité de salut public de la Terreur…sans qu’ils sachent forcément ce que cela veut dire, enfin j’espère) de la ville pour la manifestation.

Il y a néanmoins deux « conditions », qui sont en fait des sortes de « vexations » pour rappeler qui sont les chefs (eux) et pour imposer son autorité, un peu comme le caporal qui fait exprès de faire des actes d’autorité, même ridicules, pour s’imposer, en sachant qu’en face il ne peut rien se passer du fait d’un rapport de force sans commune mesure.

La première condition est classique car elle se fait aussi pour mes collègues japonais organisateurs, et n’est pas une vexation (quoique) : manifester en rang de 4 (ce qui en pratique n’est pas vraiment possible mais enfin).

Mais la seconde condition est excellente (voir la photo jointe pour les japonisants, c’est encore plus savoureux en japonais) : « Ne pas mettre le désordre dans la circulation comme dans les manifs de France, soit ne pas s’asseoir, s’arrêter, courir, traîner, se ruer, zigzaguer, tourbillonner. »

Et le policier, sur place, de me lire sans sourciller les conditions. Je luis dis en aparté : « juste entre nous, c’est quand même très irrespectueux ». Le sergent, qui n’y peut rien évidemment, me dit : « il suffit de ne pas mettre le désordre ». Je sais évidemment.

Ce qui est intéressant c’est le délit de faciès, d’une part, qui est gratuit : une rapide enquête sur moi ne peut que montrer que jamais je n’ai mis le désordre au Japon, et que je connais très bien le milieu d’extrême-droite japonaise, qui s’entend bien avec la police, et que je connais leurs mœurs dans les manifestations (qui est gentillet, d’un point de vue de l’ordre public, mais pas dans les paroles, bien plus extrêmes que chez nous). Ils savent bien que je n’ai rien à voir avec les gauchos qui mettent le bazar en France, comme ils le mettaient ici dans les années 60-70…

Bref, c’est très désagréable…et bien drôle.

J’aurais bien aimé avoir la carte d’identité japonaise, pour leur rétorquer que je suis plus japonais qu’eux.

Et, soit dit en passant, les participants à la marche sont évidemment essentiellement des japonais : mais on dirait qu’ils ne supportent pas bien qu’un étranger, en l’occurrence un français, se permette d’organiser une manifestation. Ce doit être une question de principe.

Au Japon, je ne vote pas, et même si je le pouvais, je ne voterais pas.

Mais j’œuvre pour le bien commun là où je suis, car personne n’est étranger au bien commun.

Et je suis un serviteur fidèle de l’empereur, que cela leur plaise ou non, puisque je vis au Japon, et que je dois payer ma dette à ce pays.

Mais payer ma dette n’est pas forcément jouer le jeu du mensonge nationaliste, de l’effacement assimilationniste de ma culture ni du confort de juste profiter d’une bonne situation dans un pays mourant, en faisant semblant de jouer un jeu vicié : non, au contraire, aimant ce pays il faut dire les vérités qui dérangent, montrer par l’action le service et la défense du bien commun, et leur rappeler qu’être japonais n’est ni une race ni un « esprit » qui n’existe pas, mais avant tout une fidélité à l’empereur et un service dans la défense du bien commun de ce pays, et de toutes les corps intermédiaires, à commencer par la famille, la paroisse, le village.

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul de Beaulias

Une réflexion sur “Délit de faciès., par Paul de Beaulias

  • Marie-Noëlle DP

    Cher monsieur, vos aventures japonaises sont toujours pertinentes et savoureuses. Merci de nous faire découvrir les mœurs de ce pays ! J’ai quand même ri en voyant qu’ils savent comment se passent les manifs chez nous 😅.

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